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La Grèce en guerre, 1940-1941, Première phase de la guerre (du 28 octobre au 14 novembre 1940) par le maréchal Alexandros Papagos, suite 3

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[i] Le 3 novembre, des unités ennemies, qui couvraient, dans la région d'Éleftéron-Palaiosélion-Padès, le flanc droit de la 3ème division alpine italienne, dont l'effort principal portait vers le sud-est, passèrent l'Aoos à Hagía Triás, et occupèrent la cote 820 de cette région. Elles furent rejetées le même jour sur la rive nord de la rivière par une contre-attaque de notre détachement de l'Aoos. À partir du 3 novembre, au matin, la poche qui s'était formée dans le Pinde commence à être attaquée de tous côtés par nos forces. Notre pression se fit d'abord sentir au nord-est de cette poche et se développa ensuite sur le contour sud-est (Samarína, Distraton et Vovoussa) où se trouvait le gros de la division alpine italienne. Le 3 novembre, le village de Samarína et le 4 novembre le village de Vovoussa sont repris par nos troupes.

Entre le 4 et le 5 novembre, des combats acharnés se poursuivent dans la région de Distraton. Les forces italiennes, en mauvais état, attaquées du nord, du sud et de l'est, cherchent à se dégager et à se replier vers Konitsa par la seule voie de retraite qui leur reste : Armata-Éleftéron-Konitsa, entre le mont Smolikas et l'Aoos. Une crue subite de l'Aoos ne permit pas au détachement de l'Aoos qui se trouvait au sud de de cette rivière, de la franchir et de couper la retraite des Italiens.

Ainsi, jusqu'au 8 novembre, les forces helléniques réussirent à forcer l'ennemi à évacuer le territoire national au nord et au nord-ouest du Smolikas. Les Italiens gardaient encore tous les passages de la frontière et les hauteurs du nord-est et de l'est de Konitsa, sur lesquels, renforcés par des unités de la 47e division de Bari, transportée en hâte d'Italie à Valona, et de là, le 4 novembre, dans la région de Konitsa, ils offraient une résistance désespérée à nos attaques par le nord et par l'est. Cette division de Bari était destinée – nous l'apprîmes plus tard par des documents tombés entre nos mains – à occuper l'île de Corfou. Mais, à la suite de l'échec de la tentative de la 3ème division alpine de contourner le front d'Épire par le nord, et de sa destruction, le commandement italien, se rendant compte qu'un vide dangereux s'était produit en direction de Konitsa, ordonna le débarquement immédiat de cette division de Bari en Albanie.

Du 8 au 13 novembre, l'avance hellénique se poursuivit dans le Pinde. Le soir du 13 novembre, nos troupes avaient atteint la frontière albanaise sur toute la zone faisant face à la région Erséka-Leskoviki. La conquête des cols et passes de la frontière donna lieu à de violents combats. L'ennemi, renforcé par le premier régiment de Bersaglieri et le 101ème bataillon de mitrailleuses, se défendit avec acharnement.

En même temps, l'ennemi qui conservait dans la région de Konitsa la ligne des hauteurs : Hagios Nikolaos-cote 611-Prophitis Ilias-cote 1072-Hagios Athanassios, à l'est de cette ville, jeta dans la bataille la plus grande part des forces de la division de Bari, et parvint, malgré nos attaque, à garder ses positions.

Le succès de nos troupes, dans la région montagneuse du Pinde, est d'autant plus remarquable qu'il s'agissait d'unités à peine mobilisées, jetées au combat à cause de l'urgence que présentait la situation, avec très peu de moyens de transports, et par conséquent un ravitaillement en munitions et nourriture très défectueux. Nous eûmes à faire face à des difficultés exceptionnelles pour faire parvenir à nos troupes les munitions et les approvisionnements nécessaires. Les camions automobiles ne purent avancer que jusqu'à Nestorion au nord, Doutsikon à l'est et Métsovon au sud. Les routes menant à Nestorion et Doutsikon devinrent impraticables dès les premières pluies. La région montagneuse du Pinde étant très pauvre, et les Italiens ayant fait main basse sur toutes les ressources de nos villages, nous dûmes, en plus, ravitailler notre population elle-même. Il fallut employer des mesures exceptionnelles pour ravitailler nos forces au combat. Des convois de paysans, y compris femmes et enfants, furent organisés. Les habitants de la région s'étaient offerts avec enthousiasme à nous aider. Nous utilisâmes aussi le ravitaillement par air, mais à échelle très restreinte, tant par manque d'avions qu'à cause du mauvais temps persistant.

En Macédoine nord-occidentale, le IIIème corps d'armée hellénique occupa, du 1er au 5 novembre, les hauteurs qui, en Albanie, dominent à l'est la vallée du haut Dévoli.

Le 5 novembre, au soir, nous tenions, du nord au sud, la ligne : hauteurs Contra - village Vidova - hauteurs Koubile - cote 1075 (à 1 km à l'est de Bozigrad) - village Pontsara - cote 952 (à l'est de Vratsani) - hauteurs de Talik - contrefort 1219 - les cotes 1085, 1165, 1154, 1180 - hauteurs de Golina - cote 1410 - hauteurs de Lokvat. Nous maintenions un étroit contact avec l'ennemi.

La conquête de cette ligne fut très durement disputée par les Italiens. Ils lancèrent dans la bataille, en plus des deux divisions d'infanterie déjà engagées (celles de Parme et de Venise), une troisième division, la 29e du Piémont, et les premiers jours de novembre, le 4ème régiment de Bersaglieri. Leurs forces étaient soutenues par une puissante artillerie et leur aviation.

Ayant, de leur côté, complété l'occupation d'une base d'attaque convenable, nos forces de Macédoine occidentale commencèrent à préparer, suivant les ordres de notre Haut Commandement, leur offensive contre le massif de la Morava et le nœud de communications de Korytsa.

En application des directions de notre Haut Commandement, le transport et la concentration de nos troupes avait considérablement progressé jusqu'au 13 novembre.

Les bombardements par l'aviation italienne de nos centres de mobilisation et de nos voies de communication n'ayant pas causé de dommages sérieux, notre dispositif fut établi comme suit :
Épire : notre Ier corps d'armée prenait sous son commandement la 8ème division et la division de cavalerie.
Pinde : notre IIème corps d'armée était placé sous les ordres de l'armée de Macédoine occidentale.
Vallée du Haut Dévoli : notre IIIème corps d'armée était placé, lui aussi, sous les ordres de l'armée de Macédoine occidentale.

Au 13 novembre, la concentration de nos forces sur le front d'Albanie était la suivante :
Macédoine nord-occidentale : aux deux divisions du IIIème corps d'armée, 9ème et 15e divisions d'infanterie (la 15e division était l'ancienne IVème brigade d'infanterie transformée, les premiers jours de novembre, en division), qui gardaient le front et menaient les opérations, furent ajoutées les 10e et 11e divisions d'infanterie. La 13e division d'infanterie était en route pour le même secteur, comme réserve générale de l'armée de Macédoine occidentale.
Région du Pinde : la 1ère division, la Vème brigade d'infanterie dépendant du IIème corps d'armée et la division de cavalerie. Les IIème et IIIème corps d'armée dépendaient de l'armée de Macédoine occidentale, qui dépendait du Général en chef. La division de cavalerie constituait l'extrême droite du Ier corps d'armée.
Épire : nos 8ème division et IIIème brigade d'infanterie avaient, seules, soutenu les combats jusqu'à ce jour. Le 13 novembre, les premiers éléments de la 2ème division, envoyés par Métsovo dans le secteur d'Élaia approchaient du front. Ces forces et la division de cavalerie dépendaient du Ier corps d'armée, subordonné au Général en chef.
(à suivre) [/i]

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