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La déesse Athéna. in Decharme, Mythologie de la Grèce antique.

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[i] [b][u][center]La déesse Athéna.[/center][/u][/b]

Les attributions d'Athéna peuvent se ranger en deux classes distinctes : celles qui se rapportent à son caractère guerrier ; celles qui la représentent comme la protectrice des arts de la paix.

De ces deux caractères opposés, le premier et le plus ancien ; c'est celui qui dominait dans l'épopée. Chez Homère, elle est la déesse belliqueuse, à la brillante armure, à la longue lance. Elle avait pris part aux combats des dieux contre les Titans; elle avait elle-même tuée la Méduse, l'une des Gorgones, et avait placé la tête du monstre au centre de son bouclier, objet de terreur pour les ennemis et trophée de sa victoire. Elle joue un rôle important dans l'Iliade. Elle inspire aux héros qu'elle protège l'audace qui fait affronter le péril, elle leur communique le sang-froid, la bravoure calme et réfléchie dont elle est elle-même la plus haute image et qui la distingue d'Arès, le dieu à l'aveugle et inintelligente fureur. Son intervention est souvent plus active : elle descend dans la mêlée ; elle lutte et combat avec les héros. Sa puissance guerrière et irrésistible, elle est plus forte qu'Arès lui-même, qu'elle renverse et terrasse. En un mot, elle est la déesse des armées. Dans la Théogonie et dans les Hymnes homériques, Athéna est la divinité « terrible au cœur impitoyable, qui se plaît au tumulte des batailles, dont elle excite les fureurs ; elle est la terreur des armées, la destructrice des villes, la déesse de la proie et du butin ».

Les esprits religieux se plaisaient à attribuer à sa puissance guerrière les triomphes que la Grèce avait remporté sur les Mèdes ; ils se l'imaginaient comme la combattante invisible et irrésistible qui, placée au premier rang de l'armée grecque, protégée par son bouclier, avait, de sa lance gigantesque, rompu et renversé les masses épaisses des barbares. En ce sens, elle était la déesse πρόμαχος, à laquelle Athènes surtout rendit un culte quand le flot de l'invasion eut été repoussé. L'image d'Athéna Promachos, statue d'airain colossale, œuvre de Phidias, se dressait sur le rocher de l'Acropole, entre l'Érechtheion et le Parthénon. La déesse était représentée debout, le casque en tête, le bouclier dans la main gauche, le bras droit levé à la hauteur du casque et brandissant un javelot. Elle dominait Athènes et semblait couvrir l'Attique entière de sa protection ; car les marins, dès qu'ils avaient doublé le cap Sunium, voyaient, disait-on, étinceler au soleil la pointe de sa lance et l'aigrette de son casque.

La déesse belliqueuse qui donne la victoire est, par une conséquence naturelle, celle qui assure à ses peuples favoris les bienfaits de la paix. Elle préside donc à la vie pacifique des cités aussi bien qu'à leur vie guerrière. À ce titre, elle préside aux délibérations du conseil d'Athènes, et, dans les assemblées populaires, elle inspire l'éloquence des orateurs et la sagesse politique des citoyens.

Tous les travaux de l'art et de l'industrie, dont la paix conquise par elle favorisait le libre développement, rentraient également dans ses attributions. C'est à elle qu'on faisait remonter l'origine des plus humbles métiers, comme la mise en œuvre des plus nobles conceptions artistiques du génie humain. Elle est surtout la déesse ouvrière (Ergané), qui préside aux travaux de la race féminine. Dès les temps homériques, les femmes grecques, qui avait acquis une singulière habileté dans l'art de filer et de travailler des étoffes, reconnaissaient Athéna comme l'artiste divine et incomparable qui, la première, avait tissé et brodé pour les dieux de magnifiques vêtements ornés de merveilleux dessins. Les Grecs avaient sans doute comparé ces faits issus du l'industrie de leurs femmes à la toile d'araignée fileuse : de cette comparaison était née une légende. En Lydie, disait-on, il y avait une jeune vierge, Arachné, qui se distinguait entre toutes par son habileté à broder des étoffes. Fière de son talent, elle provoqua un jour Athéna et produisit une pièce d'un magnifique travail, où étaient représentés les amours des immortels. La déesse, n'ayant pu trouver aucune imperfection dans l'œuvre d'Arachné, fut saisie de dépit : elle mit l'ouvrage en pièces et transforma la jeune fille en insecte dont elle portait le nom.

La déesse ouvrière présidait aussi aux travaux des hommes. En Attique, on lui attribuait surtout les plantations et la culture de l'olivier, l'arbre qui est la principale fortune de la plaine d'Athènes, et dont le rameau devint le symbole du caractère pacifique d'Athéna.

Ainsi elle personnifie le travail inventif de l'esprit dans ses applications diverses, les mille ressources de l'intelligence hellénique, son activité curieuse, ces recherches infatigables. Ulysse, le héros intelligent et artificieux, est son favori. Et les sorties de la tête du dieu suprême ; elle sera donc l'Intelligence, considérée dans son type divin. Faut-il s'étonner que son culte se soit surtout développé en Attique, chez la race privilégiée qui a produit toutes les merveilles de l'esprit humain ? [/i]

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