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L'archipel en feu, fin du chapitre V.

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Soumis par efthymiouthomas le

[i] – Où sont-ils?
– Dans la citadelle d’Arkadia.
– Tu les as payés cher ?
– Hum ! le pacha ne s’est pas montré très accommodant, répondit Skopélo. Il pense que la guerre de l’Indépendance touche à sa fin … malheureusement ! Or, plus de guerre, plus de bataille ! Plus de bataille, plus de razzias, comme on dit là-bas en Barbarie, plus de razzias, plus de marchandise humaine ou autre ! Mais, si les prisonniers sont rares, cela les fait hausser de prix ! C’est une compensation, capitaine ! Je sais de bonne source qu’on manque d’esclaves, en ce moment, sur les marchés d’Afrique, et nous revendrons ceux-ci à un prix avantageux !
– Soit ! répondit Nicolas Starkos. Tout est-il prêt et peux-tu embarquer à bord de la Karysta ?
– Tout est prêt et rien ne me retient plus ici.
– C’est bien, Skopélo. Dans huit ou dix jours, au plus tard, le navire, qui sera expédié de Scarpanto, viendra prendre cette cargaison. – On la livrera sans difficulté ?
– Sans difficulté, c’est parfaitement convenu, répondit Skopélo, mais contre payement. Il faudra donc s’entendre auparavant avec le banquier Elizundo pour qu’il accepte nos traites. Sa signature est bonne, et le pacha prendra ses valeurs comme de l’argent comptant !
– Je vais écrire à Elizundo que je ne tarderai pas à relâcher à Corfou, où je terminerai cette affaire…
– Cette affaire… et une autre non moins importante, Nicolas Starkos! ajouta Skopélo.
– Peut-être !… répondit le capitaine.
– Et en vérité, ce ne serait que juste! Elizundo est riche… excessivement… dit-on !… Et qui l’a enrichi, si ce n’est notre commerce… et nous… au risque d’aller finir au bout d’une vergue de misaine, au coup de sifflet du maître d’équipage !… Ah! par le temps qui court, il fait bon d’être le banquier des pirates de l’Archipel ! Aussi, je le répète, Nicolas Starkos, ce ne serait que juste !
– Qu’est-ce qui ne serait que juste ? demanda le capitaine en regardant son second bien en face.
– Eh ! ne le savez-vous pas ? répondit Skopélo. En vérité, avouez-le, capitaine, vous ne me le demandez que pour me l’entendre répéter une centième fois !
– Peut-être !
– La fille du banquier Elizundo…
– Ce qui est juste sera fait ! » répondit simplement Nicolas Starkos en se levant.
Là-dessus, il sortit de l’auberge de la Minerve, et, suivi de Skopélo, revint vers le port, à l’endroit où l’attendait son canot.
«Embarque, dit-il à Skopélo. Nous négocierons ces traites avec Elizundo dès notre arrivée à Corfou. Puis, cela fait, tu reviendras à Arkadia pour prendre livraison du chargement.
– Embarque !» répondit Skopélo.
Une heure après, la Karysta sortait du golfe. Mais, avant la fin de la journée, Nicolas Starkos pouvait entendre un grondement lointain, dont l’écho lui arrivait du sud.
C’était le canon des escadres combinées qui tonnait sur la rade de Navarin. [/i]

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