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"J'appelle à l'aide", J. de Romilly

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Soumis par Alcyon le

Pour information :

"J'APPELLE A L'AIDE", PAR JACQUELINE DE ROMILLY
[29 janvier 2004]
http://www.lefigaro.fr/debats/20040129…

http://www.sel.asso.fr/

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Alcyon

A.G.B. (Association Guillaume Budé),
A.P.F.L.A.-prépa (Association des Professeurs de Français et de Langues Anciennes de Classes Préparatoires),
A.P.L. (Association des Professeurs de Lettres),
A.P.L.A.E.S. (Association des Professeurs de Langues Anciennes de l'Enseignement Supérieur),
Association pour l’encouragement des études grecques en France,
C.N.A.R.E.L.A. (Coordination Nationale des Associations Régionales des Enseignants de Langues Anciennes),
Sauver les Lettres,
S.E.L. (Sauvegarde des enseignements littéraires).

Le texte :
http://www.sauv.net/latingrec2004.php

Signer :
http://www.sauv.net/latin.php

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dim 08/02/2004 - 17:40 Permalien
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d'Uzer

En réponse à par Alcyon

je demande que nos enfants puissent apprendre le grec et le latin, absolument nécessaires à une bonne compréhension du français et à une bonne compréhension des personnes entre elles

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ven 02/04/2004 - 21:35 Permalien
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Alcyon

par Bertrand Poirot-Delpech

Un grand crime

LE MONDE

On savait que l'adjectif "grand", appliqué à des débats ou à des lois, n'a aucune valeur légale – car que serait une "petite" loi, s'il en existe de grandes ! Il s'agit en réalité d'un superlatif d'annonce matraqué par ses bénéficiaires, comme les films qualifiés d'avance d'"événements" ou les livres "phares", où le public ne voit rien de tel. Quoi de plus triste qu'un "best-seller" qui ne se vend pas !

Ce qui est nouveau, sans doute en raison des solides majorités parlementaires actuelles, c'est de s'en remettre à celles-ci pour légiférer sur tout et de toucher autoritairement à l'essentiel, alors que les "grands débats" sont loin d'avoir achevé leur tour d'horizon en trompe-l'œil. Par "essentiel", il faut entendre la suppression en cours des options de langues anciennes dans nombre de lycées et collèges, sur simple décision des recteurs, à Versailles, à Limoges, à Bordeaux et autres académies.

L'argument invoqué est le mot d'ordre d'"économies drastiques"venu de Paris. Soit, mais à quoi servent alors les instances délibératives existantes ou surajoutées si les priorités sont choisies hors d'elles ? Soit, mais le nombre des élèves en langues anciennes est plus élevé, en chiffre absolu, qu'au temps glorieux des sections A. Mais en quoi les filières du secondaire seraient-elles moins "élitistes" si on y supprime un peu partout les options de latin et de grec ? La seule académie de Limoges risque de ne compter bientôt plus que trois classes de langues anciennes, une par département, pour les 900 élèves engagés dans cette voie.

Dans le commerce, désormais donné en exemple, on imagine le tollé que provoquerait l'arrêt pur et simple d'une production trop onéreuse sans suivi pour le client. Sans parler des professeurs dont c'était l'honneur et la récompense de s'être préparés à ces enseignements, de leur avoir fait des adeptes. Dans l'intervalle, il est vrai que la sociologie régnante a soutenu que les études classiques faisaient le "jeu du capital". Mais c'est de tous les bords politiques que sont venus les préparatifs des mesures nouvelles, par le jeu des coefficients aux examens, des recrutements de professeurs, des regroupements de classes. Une logique est à l'œuvre, à défaut d'idéologies, puisque celles-ci, réputées contraires, produisent en parfaite continuité la même chasse aux "humanités".

On va entendre dire, une fois encore, que le pays a davantage besoin d'ingénieurs et de techniciens que de rêveurs sur l'Acropole : foutaise ! L'excellence en lettres classiques prépare aux concours scientifiques et aux réorientations en cours de vie aussi sûrement que les filières spécialisées. Et ce n'est pas un privilège des beaux quartiers. Certains lauréats dans ces matières sont issus de quartiers dits sensibles. Soupçonner les défenseurs du grec et du latin d'archaïsme, voire d'académisme, au nom de la modernité n'a plus guère de sens à l'heure où les publicités tirent argument de ce que "le monde bouge"... Certaines figures mondiales du latinisme et de l'hellénisme issues de nos universités montrent assez quelle richesse et quelle acuité la familiarité avec l'Antiquité peut conférer à l'esprit, quel renom international elle nous vaut.

Mieux vaudrait reconnaître une bonne fois qu'on a choisi cette économie de préférence à toutes les autres, que les études menacées sont jugées trop coûteuses pour ce qu'elles "rapportent". Quitte à renforcer l'élitisme en rendant plus difficile l'accès à la culture classique, à son école d'esprit critique, à ses libertés, à ses plaisirs tout simplement. Avec, à terme, l'avilissement de la langue de Voltaire et de Valéry en dialecte d'aéroport ?

Je me souviens d'un certain professeur de seconde qui photocopiait lui-même des listes de verbes en "mi" et d'"aoristes seconds" pour la seule joie, visible, haletante, de nous transmettre un trésor, de partager un savoir invendable. Réduire à néant son passage sur Terre, décourager de l'imiter relèverait du crime, ou, pour parler la langue de bois dont on pouvait espérer qu'elle ne contaminerait pas l'Université : d'un "grand crime".

bertrand poirot-delpech, de l'académie française

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 21.01.04

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lun 16/02/2004 - 12:08 Permalien