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Héra (2) suite et fin, par Mario Meunier, in La Légende dorée de Dieux et des Héros.

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[i] Comme il devait se marier, Ixion avait promis au père de son épouse de magnifiques présents. Le mariage se fit, et le marié ne tint pas sa parole. Son beau-père lui reprochant ce parjure, Ixion, sous prétexte de se réconcilier avec lui, l'invita à un banquet ; puis, au moment où ce malheureux s'y attendait le moins, il le fit tomber dans une fosse ardente. Les flammes atroces le dévorèrent. Ce forfait souleva l'indignation des hommes et des Dieux. Tous se refusèrent à purifier Ixion du meurtre qu'il avait par traîtrise commis. Partout repoussé, il s'adressa enfin à Zeus qui fut pour lui plein de miséricorde. Non seulement il lui accorda le pardon de son crime, mais il alla encore jusqu'à l'admettre à sa table en compagnie des Dieux. Mais, oublieux de sa grâce, le perfide Ixion ne sut pas mieux se conduire à la table de Zeus que dans sa vie terrestre. Aveuglé par un furieux délire, ce meurtrier pardonné osa porter sur Héra, la Déesse même du ciel et la propre épouse de Zeus, un désir sacrilège. Non content d'avoir toujours les yeux fixés sur elle, il se risqua un jour à lui tenir d'injurieux propos. Héra, offensée de sa témérité, ne lui répondit rien. Le laissant tout en pleurs et soupirant à genoux, elle va se plaindre à son royal époux. Pour le mettre à l'épreuve, Zeus donna à une nuée la ressemblance de la sévère Héra. L'outrecuidant Ixion, enivré de nectar, ne craignit pas d'approcher ce fantôme et de l'étreindre en ses bras. Zeus, témoin de l'outrage, ne pouvait laisser impunie une aussi noire ingratitude. Il précipita le coupable aux Enfers, et l'y fit attacher sur une roue enflammée. Ses membres y sont fixés par des nœuds infrangibles, et les tortures qu'il éprouve sur cette roue, qui jamais ne cesse de tourner, proclament avec justice la vengeance divine.

Héra, la Déesse aux grands yeux, était, nous l'avons dit, la pure image de l'épouse fidèle et le soutien des mères de famille. À ses côtés, régnait sur l'Olympe une autre Déesse, Hestia ou Vesta, dont la mission était de protéger la flamme du foyer et de veiller au maintien chez les hommes des vertus familiales. Fille de Cronos et de Rhéa, sœur de Zeus et d'Héra, Hestia refusa, pour rester vierge et demeurer toujours seule, la main que lui offrirent le divin Apollon et Poséidon, l'ébranleur de la terre. Zeus respecta son besoin de retraite et promit de lui donner un trône dans chaque maison habitée par des hommes. Recueillie, silencieuse, elle siégeait sur l'Olympe, restait confinée dans le fond de sa demeure et protégeait de là toute des habitations où se gardait le feu. Non contente d'en être la protectrice, Hestia était le Foyer lui-même, personnifié et comme divinisé par la flamme attestant sa divine présence. Cette flamme sacrée était le garant de la perpétuité de la famille, de sa fixité, de sa concorde, de sa prospérité. Le feu qui brûlait en effet sur l'autel du foyer avait été allumé par les ancêtres, alimenté par eux ; leurs descendants avaient le devoir de veiller à son maintien et à sa sauvegarde, car son extinction aurait marqué l'extinction de la race. Tout comme les demeures, les cités possédaient leur autel, où brûlait le feu d'un foyer commun. L'âme de la cité était censée vivre de la vie de ce feu, et chaque fois qu'une ville prenait à charge d'aller au loin fonder une colonie, le feu sacré, pris au foyer commun, accompagnait les courageux partants.

Héra, la royale Déesse, était souvent représentée assise sur un trône élevé. Une de ses mains tenait une grenade, image de la fécondité, et l'autre, un sceptre surmonté d'un coucou. Sa noble tête était ornée de grands yeux aux regards magnifiques. Sa chevelure abondante, toujours surmontée du plus riche diadème, encadrait de bandeaux réguliers et striés l'ovale parfait de son visage. Parfois, un voile, en qualité d'épouse, lui recouvrait le derrière de la tête. Tout chez elle était chaste, calme, majestueux et grave. Protectrice attitrée de la femme, elle sauvegardait en elle la jeune fille, la fiancée, l'épouse, la mère. Le paon lui était consacré, car, disait-on, le plumage brillant et constellé de ce fier volatile était le symbole de la magnificence dont se couvre le ciel par une nuit d'étoiles, et le ciel, nous l'avons déjà dit, était le visage de la divine Héra. [/i]

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