V. Giscard d'Estaing, président de la Convention européenne chargée de préparer une Constitution pour l'Europe élargie a jeté un pavé dans la mare lors d’un entretien, au "Monde" (8 XI 03) alors que les 105 Conventionnels achevaient à Bruxelles une session plénière consacrée notamment à l'Europe sociale.
-“ [i]La Turquie est un pays proche de l'Europe, un pays important, qui a une véritable élite mais ce n'est pas un pays européen[/i] ”, déclara-t-il en entretien, le 7 XI, à quatre journalistes, dont ceux du “ Monde ”.
-“ [i]Sa capitale n'est pas en Europe, elle a 95 % de sa population hors de l'Europe[/i]”.
Son adhésion représenterait “ [i]la fin de l'Union européenne[/i] ”, puisqu'on ne pourrait plus dire “ [i]non[/i] ” aux nombreux autres pays qui, comme le Maroc, caressent l'idée d'une adhésion.
Les réactions n'ont pas tardé, même si le sujet n'a pas été évoqué par la Convention. Les représentants du Parlement turc n'ont pas caché leur colère d'être traités par “ leur ” président comme des membres de seconde zone qui n'ont pas voix au chapitre.
-“ [i]Il est l'équivalent des intégristes musulmans[/i] ”, a déclaré A. Tekin, député du parti de la Mère Patrie qui représentait son pays à la Convention, mais qui perdra bientôt son poste après la victoire du parti musulman modéré.
-“[i]C'est un intégriste chrétien. Il pense que l'Union est un club chrétien[/i] ”.
Le vice-président de la Convention, le Belge Jean-Luc Dehaene, a implicitement critiqué cette contribution, dont il se dit certain qu'elle a été “ émise à titre personnel ”, alors qu'à aucun moment V. Giscard d'Estaing ne le précise.
Giscard d'Estaing prend à contre-pied la position officielle de l'Union Européenne, qui déclara en XII 99, au sommet d'Helsinki, que la Turquie
-“ [i]est un pays candidat qui a vocation à rejoindre l'Union européenne sur la base des mêmes critères que ceux qui s'appliquent aux autres candidats[/i] ”.