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Europe forteresse

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Soumis par SPF le

Gazmend Kapllani a vécu comme immigré en Grèce au cours des 12 dernières années. Il est d¹origine albanaise et a résidé légalement en Grèce, avec une autorisation renouvelée chaque année.

Il est bien connu en Grèce en tant que militant des droits humains, et également par son travail de journaliste. Il tient régulièrement une colonne dans le journal grec le plus populaire, TA NEA, et il produit également des programmes sur les immigrés vivants en Grèce à la radio publique. Il écrit également dans le journal albanais Koha Jone. La plupart de ses articles et reportages couvrent les questions des droits humains, des minorités et de la co-existence entre différents groupes en Grèce, en Europe et dans les Balkans.

Parallèlement à cela, il prépare un doctorat sur " Modernité et altérité ­ l¹image des Albanais dans la presse grecque et des Grecs dans la presse albanaise " à l¹Université Panteion d¹Athènes. Il a déjà publié des poèmes en albanais et en grec.

En février 2002, il a demandé le renouvellement de son autorisation de séjour, et ce n¹est qu¹une année plus tard, le 27 février dernier, qu¹il a reçu une réponse. L¹Office de l¹immigration lui a annoncé que sa demande a été refusée, suite à l¹intervention du Ministère de l¹Ordre public indiquant à l¹Office de l¹immigration qu¹il devait être considéré comme une Œpersonne dangereuse pour l¹ordre public et la sécurité nationale de la GrèceŒ.

Ces derniers mois, Gazmend Kapllani a été harcelé par la police de l¹aéroport chaque fois qu¹il quittait ou revenait en Grèce. Il était soumis à des contrôles spéciaux et humiliants. Il a protesté à plusieurs reprises, demandant pourquoi il était traité de la sorte, mais la police a toujours répondu qu¹il s¹agissait de la procédure ordinaire. La police grecque refuse de donner aucun détail ou fait à l¹Office de l¹Immigration ou à l¹Ombudsman grec permettant de prouver qu¹il est une personne dangereuse.

Suite au refus de renouveler son autorisation de séjour, le Ministère de l¹Ordre public a été mis sous pression par le journal TA NEA; plusieurs politiciens et personnalités qui sont également intervenues pour demander des explications. Le 11 mars 2003, le Secrétaire Général du Ministère de l¹Ordre public, M. Eystadiades, a invité M. Kapplani au Ministère, et lui a affirmé que son cas serait résolu dans les 3-4 jours suivants.

Non seulement rien n¹a été résolu, mais le samedi 15 mars, M. Kapllani a été arrêté chez lui par deux policiers qui n¹avaient pas de mandat d¹arrêt. Il a été envoyé à la prison pour étrangers dans le district Kolono d¹Athène, avec la ferme intention de l¹expulser puisque à ce moment-là, il n¹avait pas d¹autorisation de séjour.

Après de fortes interventions de l¹Université Panteion et du Journal TA NEA, il a été relâché. La police a justifié son arrestation en disant qu¹il avait été condamné par contumace en 1997 pour n¹avoir pas payé une amende de 300 Euro, pour avoir violé les règles de trafic avec sa moto.

Suite à cet épisode, le Ministre de l¹Ordre public a déclaré qu¹il examinerait lui-même ce cas et qu¹il le résoudrait très rapidement. Mais jusqu¹à présent, rien ne s¹est passé et le Ministère de l¹Ordre public considère toujours M. Kapllani comme une personne dangereuse. Le seul moyen de rectifier cette opinion serait d¹intenter un procès contre le Ministère. Il est clair pour lui comme pour ses amis, que ceci est une tentative de chantage pour le forcer au silence et pour qu¹il cesse d'écrire sur la situation des immigrés en Grèce et le traitement que leur réserve la police.

Le problème, c¹est que pendant la période qui précède le procès (en tout cas 8 à 9 mois), il n¹aura aucun statut légal, ne sera pas autorisé à travailler légalement, ni à voyager hors de Grèce. Son nom sera ajouté sur la liste noire de Schengen. Et bien sûr, le procès lui coûtera très cher.

Le soucis principal reste la manière dont M.Kapllani a été stigmatisé comme 'personne dangereuse pour l'ordre public et la sécurité nationale de la Grèce', pays membre de l'Union Européenne. Quelles sont les motivations qui se cachent derrière ? Cela pose un certain nombre de questions.

À partir de quels critères un immigré vivant en Grèce peut-il être considéré comme un danger pour l'ordre public et la sécurité nationale ?

Si les autorités détiennent des informations qui corroborent ses allégations sur M. Kapllani, elles doivent les rendre public immédiatement. La Grèce a signé la Convention Européenne des Droits Humains, et les autorités doivent en respecter les principes.

Si tel n'est pas le cas, il faut conclure que des personnes sont persécutés de manière arbitraire par un Etat membre de la Communauté Européenne en raison de leur origine et de leurs opinions. Gazmend Kapllani est l'un des immigré les plus connus en Grèce. Cela signifierait que n'importe quel membre d'une minorité qui ose prendre des positions publiques, libres et critiques (surtout s'il est d'origine albanaise) peut être considéré comme un danger pour l'ordre public et la sécurité nationale et peut faire l'objet de comportement raciste, de répression étatique et de chantage.

La Grèce préside actuellement l'Union Européenne. Le gouvernement a annoncé que l'immigration en Europe serait l'un des enjeux principaux de son agenda. Le cas de Gazmend Kapllani pose de sérieuses questions à propos de la bonne foi des autorités grecques sur ce sujet.

Si des personnes aussi connues et médiatisées que M. Kapllani peuvent être persécutées et soumises à un tel chantage, que se passe-t-il et que doit-on craindre pour les millions d'immigrés anonymes?

Le Ministère de l'Ordre public doit retirer immédiatement le document affirmant que M. Kapplani est un 'danger pour l'ordre public et pour la sécurité nationale de la Grèce' et doit arrêter toute mesure de pression à son encontre. Son autorisation de séjour doit être renouvelée immédiatement. Le soutien important qu'il reçoit d'organisations et de personnalités en Grèce montre bien qu'une grande attention est portée sur son cas. Deux quotidiens importants ont publié de longs articles le 3 mai sur sa situation, dont l'un, intitulé 'Menaces sur les immigrés qui défendent leurs opinions', contient une prise de position très forte du président du Département de Science politique et Histoire de l'Université de Panteion.

Les autorités grecques ont la responsabilité d'assurer la cohabitation harmonieuse entre les différentes communautés, et d'assurer que les immigrés puissent pleinement trouver leur place dans la société grecque. Le cas de M. Kapplani est un test qui donnera des indications claires sur leur attitude.

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Allos tempelis

De toute façon, les discours moralistes dans un sens ou dans l'autre ne veulent rien dire, puisque comme ça a été très bien dit ce qui compte c'est la capacité d'accueil du pays et savoir si elle a été dépassée.

Je pense pas qu'on puisse comparer la capacité d'accueil de la puissante Allemagne à celle de la Grèce qui est encore un pays en voie de développement et dont la population est très faible comparée au nombre croissant d'immigrés.

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sam 24/05/2003 - 18:16 Permalien
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ARCHIMEDRONTE

J AI LU DANS UN ARTICLE GREC IL Y 2 ANS QU IL POUSSAIT LES COMMUNAUTES ALBANAISES A AVOIR DES REACTIONS RACISTES ENVERS LES GRECS.C EST UN HOMME QUI NE SE PREOCCUPE QUE DE SA COMMUNAUTE SANS PARLER DES ATTROCITES SUBIES PAR LES GRECS A CAUSE DES ALBANAIS.S IL PART DE GRECE CE SERA PAS UNE GRANDE PERTE.

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mer 28/05/2003 - 14:32 Permalien