« Un bonheur passionné ressemble à l’angoisse. »
Jean Moréas - Le voyage de Grèce.
[u]Belle lune d'argent ...[/u]
Belle lune d'argent, j'aime à te voir briller
Sur les mâts inégaux d'un port plein de paresse,
Et je rêve bien mieux quand ton rayon caresse,
Dans un vieux parc, le marbre où je viens m'appuyer.
J'aime ton jeune éclat et tes beautés fanées,
Tu me plais sur un lac, sur un sable argentin,
Et dans la vaste nuit de la plaine sans fin,
Et dans mon cher Paris, au bout des cheminées
[u]De ce tardif avril ...[/u]
De ce tardif avril, rameaux, verte lumière,
Lorsque vous frissonnez,
Je songe aux amoureux, je songe à la poussière
Des morts abandonnés.
Arbres de la cité, depuis combien d'années
Nous nous parlons tout bas !
Depuis combien d'hivers vos dépouilles fanées
Se plaignent sous mes pas !
[u] Ô ciel aérien inondé de lumière[/u]
Ô ciel aérien inondé de lumière,
Des golfes de là-bas cercle brillant et pur,
Immobile fumée au toit de la chaumière,
Noirs cyprès découpés sur un rideau d'azur ;
Oliviers du Céphise, harmonieux feuillages
Que l'esprit de Sophocle agite avec le vent ;
Temples, marbres brisés, qui, malgré tant d'outrages,
Seuls gardez dans vos trous tout l'avenir levant ;
Parnès, Hymette fier qui, repoussant les ombres,
Retiens encor le jour sur tes flancs enflammés ;
Monts, arbres, horizons, beaux rivages, décombres