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Ανάθεμά σε βασιλιά, και τρίσανάθεμά σε,
με το κακόν οπού΄καμες, με το κακό που κάμνεις.
Στέλνεις, δένεις τους γέροντας, τους πρώτους, τους παπάδες,
να μάσης παιδομάζωμα, να κάμνης γενιτσάρους.
Κλαιν οι γονέοι τα παιδιά κι οι αδελφές τ΄αδέλφια,
κλαίω κι εγώ και καίομαι κι όσο θα ζω θα κλαίω,
πέρσι πήραν τον υγιόκα μου, φέτος τον αδελφόν μου.
Malédiction sur toi, roi, trois fois maudit sois-tu,
Pour le mal que tu as fait, pour le mal que tu fais.
Tu chasses, tu ligotes les vieux, les notables et les popes,
Tu enlèves les enfants, pour faire des janissaires.
Les parents pleurent leurs enfants, et les sœurs leurs frères,
Je pleure et me consume moi aussi, tant que je vivrai, je pleurerai,
L'an dernier on prit mon fils, et cette année, mon frère. [/center][/i]
[i] Le « ramassage » des enfants, non mahométans, non turcs, commença par le deuxième sultan, Orkhan (1326-58) pour former une « nouvelle » armée, de janissaires, permanente, un peu plus d'un siècle avant la prise de Constantinople, conquise principalement par ceux-ci.
Au début il se faisait tous les cinq ans. Les Chrétiens « devaient » au sultan un sur cinq de leurs fils. Puis, selon les besoins en soldats il se faisait tous les deux ans, voire chaque année, en plusieurs fois. Les notables (sauf à Constantinople et à Rhodes) devaient tenir le registre, par l'âge, des enfants. On prenait les plus robustes et les plus beaux, de 6 et 14 ans. Par la suite ces janissaires, soldats d'élite fanatiques du sultan, devenaient les pires ennemis des peuples de leur origine.
En 1826 Mahmoud II prononça la dissolution de cette armée, après de violents combats de rue à Constantinople. Un massacre général des janissaires eut lieu dans tout l'empire.
Rien que pour les enfants grecs on évalue à 1 000 000 ceux qui furent enlevés en presque cinq siècles, sans parler des Arméniens, Bulgares, Slaves, Roumains ...
Cette complainte populaire vient d'Épire où le premier « ramassage » fut ordonné par Mourat III en 1632. [/i]