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Anacharsis (suite,2)

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Soumis par Th. Efthymiou le

(j'ai fait l'impasse sur la technicité cartographique, ne pouvant disposer de cette imagerie)

INTRODUCTION

ETAT DE LA GRECE

S' il faut s'en rapporter aux traditions anciennes,les premiers habitans de la Grèce n'avoient pour demeures que des antres profonds, et n'en sortoient que pour disputer aux animaux des aliments grossiers et quelquefois nuisibles.
Réunis dans la suite sous des chefs audacieux, ils augmentèrent leurs lumières, leurs besoins et leurs maux. Le sentiment de leur foiblesse les avoit rendus malheureux ; ils le devinrent par le sentiment de leurs forces. La guerre commença ; de grandes passions s'allumèrent ; les suites en furent effroyables. Il falloit des torrens de sang pour s'assurer la possession d'un pays. Les vainqueurs dévoroient les vaincus ; la mort étoit sur toutes les têtes, et la vengeance dans tous les coeurs. Mais, soit que l'homme se lasse enfin de sa férocité, soit que le climat de la Grèce adoucisse tôt ou tard le caractère de ceux qui l'habitent, plusieurs hordes de sauvages coururent au devant des législateurs qui entreprirent de les policer. Ces législateurs étoient des Egyptiens qui venoient d' aborder sur les côtes de l' Argolide.
Ils y cherchoient un asile : ils y fondèrent un empire ; et ce fut sans doute un beau spectacle de voir des peuples agrestes et cruels, s'approcher en tremblant de la colonie étrangère, en admirer les travaux paisibles, abattre leurs forêts aussi anciennes que le monde, découvrir sous leurs pas mêmes une terre inconnue, et la rendre fertile, se répandre avec leurs troupeaux dans la plaine, et parvenir enfin à couler dans l' innocence ces jours tranquilles et sereins qui font donner le nom d' âge d' or à ces siècles reculés.
Cette révolution commença sous Inachus, qui avoit conduit la première colonie égyptienne ;elle continua sous Phoronée son fils. Dans un court espace de temps, l' Argolide, l'Arcadie et les régions voisines changèrent de face.
Environ trois siècles après, Cécrops, Cadmus et Danaüs parurent, l'un dans l'Attique,l'autre dans la Béotie, et le troisième dans l'Argolide. Ils amenoient avec eux de nouvelles colonies d' Egyptiens et de Phéniciens. L'industrie et les arts franchirent les bornes du Péloponèse, et leurs progrès ajoutèrent, pour ainsi dire, de nouveaux peuples au genre humain.
Cependant une partie des sauvages s'étoit retirée
dans les montagnes, ou vers les régions septentrionales de la Grèce. Ils attaquèrent les sociétés naissantes qu, opposant la valeur à la férocité, les forcèrent d'obéir à des lois, ou d'aller en d'autres climats jouir d' une funeste indépendance.
Le règne de Phoronée est la plus ancienne époque de l'histoire des Grecs ; celui de Cécrops, de l'histoire des Athéniens. Depuis ce dernier prince, jusqu'à la fin de la guerre du Péloponèse, il s'est écoulé environ 1250 ans. Je les partage en deux intervalles ; l'un finit au rétablissement des Olympiades ; l'autre à la prise d' Athènes par les Lacédémoniens. Je vais rapporter les principaux événemens qui se sont passés dans l'un et dans l'autre ; je m'attacherai sur-tout à ceux qui regardent les Athéniens ; et j'avertis que, sous la première de ces périodes, les faits véritables, les traits fabuleux également nécessaires à connoître pour l'intelligence de la religion, des usages et des monumens de la Grèce, seront confondus dans ma narrationn comme ils le sont dans les traditions anciennes.
Peut-être même que mon style se ressentira de la lecture des auteurs que j'ai consultés.
Quand on est dans le pays des fictions, il est difficile de n'en pas emprunter quelquefois le langage.

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