[i][center] [b][u]Αμάξι στη βροχή
[/u][/b]
Ώρα προσμένει μοναχή
η άμαξα κάτω απ'τη βροχή,
και δεν τη μέλει,
κι είναι σα να την τυραννά
πιότερη η ξένη γειτονιά
που δεν τη θέλει.
Τ'αλογατάκια της, σιμά,
κάτω απ'τον ίδιο μουσαμά
κάνουν καρτέρι,
στον τόπο αυτόν, τον θλιβερό,
πράμα δε μένει από καιρό,
να το'χουν ταίρι.
Γρίλιες δεν είναι, μήτε αυλές
περικοκλάδες βαθουλές,
δεν έμειν'ένα
απ'τα φανάρια στη σειρά
με τα δυο μπρούτζινα φτερά,
τα σταυρωμένα.
Τ'ανώφλια επέσαν κι οι αγκωνιές
κι οι ανεμοπέραστες, στενές,
οι γαλαρίες
κι έφυγαν έντρομες, πολλές
κι οι θύμησες, σαν τις καλές,
σεμνές κυρίες.
Άδεια βιτόρια και φτωχή,
πάρε μου εμένα την ψυχή,
πάρε με εμένα
για ταξιδιώτη σου, κι ευθύς
πάμε, όθε κίνησες να'ρθεις,
στα Περασμένα.
[b][u]Carriole sous la pluie[/u][/b]
Il y a longtemps qu'attend, esseulée,
La carriole sous la pluie
Et elle s'en fiche
C'est comme si la tourmente
Encore plus cet étrange quartier
Qui ne veut d'elle.
Ses petits chevaux, côte à côte
Sous le même ciré,
Patientent.
En ce triste lieu,
Il n'y a plus rien, de longtemps,
Qui leur soit familier.
Plus de grilles, ni de cours
Compliquées et profondes,
Plus un seul
Des reverbères alignés
Aux deux ailerons de bronze
Entrecroisés.
Ecroulés linteaux, et encoigures,
Et venteux et étroits
Balcons.
Ils ont fui, apeurés, les nombreux
Souvenirs, comme les douces,
Et dignes dames.
Vide et pauvre victoria
Emporte mon âme,
Prends moi
Ton passager, et sans délai
Allons, là d'où tu viens,
Dans le Passé. [/center][/i]
Re: Αμάξι στη βροχή, Τέλλου Άγρα ποίη
Encore un grand merci , plein de gratitude , Thomas , pour tous les beaux textes que vous nous faîtes partager ! Ce poème , original et plein de sensibilité nostalgique , m 'invite à connaître davantage son auteur et ses créations . Pouvez- vous , cher Thomas , me dire où trouver des informations , même générales , sur ce poète? je vous en remercie .De mon côté , je vais tenter aussi d'approcher la traduction de ce poème. Melpo
En réponse à Re: Αμάξι στη βροχή, Τέλλου Άγρα ποίη par melpo
Pour Mélpo ...
[i] Chère amie,
Merci pour vote message, qui m'émeut. J'apprécie beaucoup ce poème, et nous le partageons dorénavant. Je serai heureux, si vous retravaillez ma traduction, que vous me la fassiez connaître. C'est une amplification, par le langage, d'une profonde impression poètique. Je vous en saurai le meilleur gré.
Voici ce que je sais de ce poète (qui a le même patronyme que notre webmaster ...) :
Évánghélos Iôánnou (1899-1944), au pseudonyme de Téllos 'Agras, naquit à Kalambáka Il était le fils d'un maître d'école. Suivant la carrière de son père, il va à Athènes, puis à Lávrion'.il ne fit que deux voyages dans sa vie, l'un à Kárystos, et l'autre à Chálkis.
Très tôt il écrit, dans le journal des enfants : « Diáplassis tôn' Paidôn' », dont il deviendra collaborateur, tout en faisant son droit, à Athènes. Dès 1921, il tente de faire connaître au mieux Kaváphis . Il traduit en grec l'œuvre (française) de Moréas, et est un temps fonctionnaire au Ministère de l'Agriculture, avant de devenir bibliothécaire. Il collabore aux revues littéraires, en particulier d'Alexandrie. Polygraphe, encyclopédiste, en 1934, il publie ses poèmes «Voukoliká kai Engómia» (Bucoliques et louanges). Il publiera ensuite «Kathimérinès» (Quotidiennes). «Triantáphyla mianís himéras» (Roses d'une journée ), sont posthumes.
À la mort de son père, il resta avec sa mère, au même domicile athénien, jusqu'à sa mort. De santé fragile, il supporta fort mal, comme tout son peuple, la très dure occupation et la famine. À la Libération-Guerre civile, il fut blessé d'une balle perdue. Il en mourut en XI 1944, à l'hôpital de l'Évanghélismós d'Athènes.
Il appartient au groupe néo-romantique de l'Entre-deux-guerres des Grecs (où se produisirent la défaite et le déracinement catastrophiques des Rômií de Turquie). Il appréciait Moréas, Laforgue, Verlaine, Mallarmé, Baudelaire, qu'il fit connaître en Grèce. Il garda cependant un lien étroit avec la poésie traditionnelle et populaire grecque et Palamás, Kaváphis,Polémis, Malakássis.
Son œuvre de critique littéraire, témoin d'une très vaste et très profonde culture, est connue pour sa valeur. Son anthologie des poètes de 1922 (Ii Néii) comportait 70 entrées.
C'est un citadin, poète de l'intime, la demi-teinte, la compassion, des quartiers pauvres des réfugiés, mélancolique, voire pessimiste, sans sombrer dans le désespoir et le découragement.
Je n'ai pu mieux m'informer sur son pseudonyme littéraire, Téllos 'Agras, nom de guerre d'un sous-lieutenant de carrière, héros de la Makédonomachie, Sarántis Agapinós, de Gargaliánii. Celui-ci combattit les Komiítadjis bulgares. Retenu comme prisonnier, bien qu'émissaire lors de pourparlers, par le voèvode bulgare Zlatán' il fut pendu, par félonie, par ce dernier, le 7 VI 1907 à un noyer près du village 'Agras.
Notre poète avait 18 ans lorsque ce/son héros fut pendu. Il a fait vivre deux vies et deux mémoires sous un seul nom : celui qu'il s'était choisi ... [/i]
En réponse à Pour Mélpo ... par efthymiouthomas
RE : Calèche sous la pluie...
Cher Thomas , vous m'avez apporté un éclairage fort intéressant sur ce poète , plein d'humanité et d'érudition , en quelque sorte , "passeur" des symbolistes français dans la poésie grecque d'alors ; dans le court poème que vous avez choisi pour nous " Calèche sous la pluie " , il m'avait en effet semblé reconnaître des accents , des images , des "choses vues" , qu'on trouve par exemple diffus chez Francis James , jean Richepin , Laforgue , Samain ou Paul Fort même .Quant à son écriture poétique à laquelle je suis très sensible , peut-on dire qu'elle est novatrice dans sa prosodie? j'en ai l'impression , sans pouvoir en juger vraiment , n'étant pas grecque de langue , mais de coeur seulement ( et de culture aussi un peu)! Mon essai de traduction est en cours...
Encore merci de votre empressement à me répondre avec tant de générosité. Melpo