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7 février 1966, condamnation des assassins du député Grigorios Lambrakis

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Submitted by Th. Efthymiou on

Le 3 VI 1963, deux jours seulement après le meurtre du député Grigorios Lambrakis, à Thessaloniki, on dévoila que le conducteur du triporteur motorisé était Spyros Gkotsamanis. Le lendemain on découvrit que son complice était Emmanouïl Emmanouilidis.
Le meurtre eut lieu au moment où Lambrakis quittait la réunion, après que la police l'ait assuré qu'il ne courait aucun danger. Certains pensèrent que la police, ayant contenu les manifestants dans la salle, le fit pour isoler Lambrakis. Ce dernier avait pourtant prévenu des risques le procureur et la police. En entrant dans la salle avec Rhigopoulos il avait été agressé et légèrement blessé à la tête. Peu après il en fut de même avec le député Tsarouchas. La police ne bougea pas. Les hommes de main appartenaient à des organisations dites paragouvernementales, collaborateurs et indicateurs de la Sûreté. Ils avaient déjà été condamnés pour brutalité. Le premier avait appartenu à l’organisation de Yiosmas, milice créée par les Allemands, qui faisait porter un uniforme d'evzone à ses hommes. Emmanouilidis avait été condamné pour viol, pédophilie, et vol.
Le triporteur jaillit des rangs de policiers. Une barre de fer qui porta le coup mortel à Lambrakis, sous les yeux du chef de la police. Aucun des policiers ne réagit. Seul un civil pourchassa les assassins, réussit à monter sur la plate-forme, à se battre avec les deux assassins. C'était Manolis Hatzi-Apostolou, 34 ans, représentant de commerce. Il reçut deux puis le sobriquet de « tigre ». Gkotzamanis ne put se servir de son pistolet qui tomba sur la chaussée, et fut immobilisé par un pompier gradé, au moment où il matraquait Hatzi-Apostolou, et tomba sur la plate-forme, devant le journal : « Héllinikos Voras » (Nord hellénique). Hatzi-Apostolou s'attaqua alors au conducteur. Ils s'arrêtèrent à 1 km du lieu de l'assassinat devant le cinéma Titanic. Emmanouilidis le frappa de deux coups de matraque, il tomba, à demi assommé, la foule s'assembla, la police intervint. Hatzi-Apostolou n'accepta d'aller au poste de premier secours, qu'en taxi qu'il choisit lui-même, avec un seul policier, craignant les hommes de main. Ensuite il fut hospitalisé à l'hôpital AHEPA.
Les rumeurs couraient. Pour les uns c’est le palais royal et la reine mère Fridériki qui avait organisé le meurtre, pour d'autres c'était le premier ministre Karamanlis, mais pour beaucoup, c'était la C I A, avec le général de gendarmerie Mitsou.
Lambrakis mourut au quatrième jour de son coma, à l'hôpital AHEPA de Thessaloniki (hôpital bâti par les émigrés grecs d'Amérique).
La condamnation des deux meurtriers se fera non pas pour assassinat, mais pour coups et blessures graves : 11 ans pour Gkotzamanis, 8 ans et demi pour Emmanouilidis. Les jurés avaient jugé que Lambrakis n'avait pas été assassiné ! Les responsables policiers furent innocentés. Les meurtriers furent libérés après deux ans par les colonels dictateurs.
Le jeune juge Sartzétakis mena une enquête est difficile et retentissante. Des années plus tard il devint le président de la République hellénique. Ce jugement fut rendu le 7 février 1966.

Le livre Z, de Vassili Vassilikos, puis le film de même titre, de Costa-Gavras, firent connaître à l'étranger ce qui s'était passé.

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