Lorentsos Mavilis, à 52a., volontaire dans un corps de Crétois, Maniotes et Garibaldiens-Chemises rouges, a le bas du visage traversé de part en part par une balle turque. La denture fracassée on le transporte vers l'ambulance chirurgicale de l'Eglise Hagia Paraskevi, à Driskos, en Epire, non loin d'Iôannina. Le poète meurt sans pouvoir parler. PapaPhôtis lui ferme les yeux.
Il était le petit fils du consul d'Espagne à Kerkyra-Corfou, qui y épousa une grecque, et y resta. Son père était juge, à Ithaque, où Lorentsos naquit le 6 IX 1860 (quatre ans avant le retour à la Grèce de l'Heptanèse-les Sept Îles ioniennes, le 5 X 1863). Sa mère était la nièce d'Iôannis Kapodistrias-Capo d'Istria, le Kyvernitis-Gouverneur, assassiné à Nafplion-Nauplie, le 9 X 1831.
Instruit, cultivé, polyglotte (français, allemand, italien, sanskrit), il est nourri de la pensée de Kant, Fichte et Schopenhauer. Il obtient le doctorat à la faculté Erlangen en Bavière, par sa thèse sur Skylitsis, chronographe byzantin, et y enseigne la philosophie.
En 1896 il va combattre en Crète, comme volontaire, lors du soulèvement contre les Turcs.
En 1897, il combat les Turcs en Epire, avec des volontaires qu'il a réunis, équipés et dont il assure la solde. Il y est blessé.
En 1910, il est élu député libéral du parti de Vénizélos (I°ministre de Crète, appelé en Grèce par les militaires). Son intervention à la Chambre est restée célèbre, à propos de la langue: "Il n'y a pas de langue vulgaire-triviale (chydaia), il y a des hommes vulgaires!" Il ne se représente pas à la députation, écoeuré par la corruption des hommes politique (les "rousphétias", passe-droits, faveurs).
Le 5 X 1912, la Grèce, après la Serbie, la Bulgarie et le Monténégro, déclare la guerre à la Turquie. Un corps de volontaires va en Epire, sous domination turque depuis 1479. Mavilis et son ami Rômas sont à leur tête, avec une batterie que commande le colonel Matthaiopoulos.
Les poèmes (des sonnets parfaits et inspirés) de Lorentsos Mavilis seront réunis et édités en 1915 à Alexandrie d'Egypte. C'est une oeuvre héptannésienne démotiste.