Dès le début de l'Insurection, les patrons de bateaux, navires de commerce mal armés savaient qu'ils ne pouvaient livrer de bataille navale contre la flotte turque, faite de vaisseaux de ligne
Les marins eurent recours aux "bourlota"-brûlots. C'étaient de petites embarcations, inaptes au combat, couverts d'un mélange de souffre et de goudron, pleins de poudre à canon et de matières inflammables, avec des mèches à feu. Le brûlot était monté d'une vingtaine de marins et remorquait une chaloupe, la "skambavia". Il fallait approcher sans se faire repérer le vaisseau turc, lancer les grappins pour s'y accoler sous le vent. Les hommes passaient dans la chaloupe, leur capitaine le "bourlotièris" boutait le feu au brûlot et le quittait en dernier. La skambavia s'éloignait alors au plus vite à la force des rames. L'attaque était extrêmement périlleuse.
C'est ainsi que, le vendredi 27 V 1821, une flottille grecque, menée par Tombazis, se présenta au large de Mytilène-Lesvos. A Skala Eréssou était à l'ancre un vaisseau de guerre à deux rangs de canons turc (74 bouches à feu, d'autres disent 88), monté de 1000 hommes, à destination du Péloponnèse, où l'on se battait.
Les Psarinii avaient préparé deux brûlots.
Le premier, mené par Yiôrgos Kalaphatis, ne réussit pas son accolement, repart aux courants, et s'abîme en mer.
Le deuxième a pour chef un marin, de Psara lui aussi, Dimitris Papanikolis, âgé de 30a. Il était orphelin, élevé par son oncle Nikolis Apostolis, dont il devint le lostromos (maître d'équipage) à 19a. Marin éprouvé, audacieux, il était connu pour ses combats contre les pirates qui attaquaient les îles pour le pillage et le ramassage d'esclaves chrétiens.
Il s'est vu confier cette dangereuse mission. Il arrive malgré le tir du vaisseau à s'accoler à sa proue. Papanikolis allume son brûlot.Le feu prend à bord du navire turc. Les tirs cessent, on croit contrôler l'incendie, puis la canonnade reprend. Mais l'incendie reprend. Il atteint la Sainte Barbe. Une explosion puissante fait voler ce navire de haut-bord en éclats, faisant tomber des débris sur la skambavia grecque qui s'éloigne à force de rames, accueillie par un les cris de joie et de victoire de la flottille de Tombazis.
Ce fut la première et retentissante victoire sur mer. Elle encouragea ces insulaires à poursuivre leur guerre d'indépendance.
Papanikolis inaugura avec succès cette tactique qui permit aux navires des archipels de contrer les convois d'hommes et d'armes partant de Constantinople et des ports ottomans pour réprimer la guerre d'indépendance des Grecs. Cette marine de navires de commerce transformés en vaisseaux de guerre ne fut jamais vaincue, mais les îles le payèrent très cher.
Papanikolis participa à de nombreuse batailles navales.
En 1833 il fut le capitaine du navire de guerre "Nelson". Après l'indépendance il fut élu député des Psarianii à l'Assemblée nationale du 3 IX 1843. Il fut le président du Tribunal maritime, jusqu'à sa mort, à Athènes, à 65a. en 1855.
Voir aussi la destruction, le massacre et la déportation de [u]Psara (20 VI 1824)[/u] et l'épopée du [u]sous-marin "Papanokolis" (24 XII 1940).[/u]