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27 janvier 1974 Géôrgios Grivas "Digénis" meurt dans son île natale,Chypre

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Submitted by Thomas Efthymiou on

Un septuagénaire, combattant clandestin pour l'Enôsis (union) de Chypre à la Grèce, Digénis, meurt au domicile d'un compagnon, le bijoutier Makarios Christodoulis, à Lemessos-Limassol, ce jour d'hiver,du 27 I 7974. Géorgios Grivas, 4° enfant de Théodôros et de Kalomyra HadtziMichaïl, n'a vu ni l'Enôsis ni l'opération Attila, ni la division de sa patrie.
Né à Chryssaliniotissa de Lefkôssia, il grandit à Trikomo (devenu "Yéni-Iskélé"). Bon élève, il habite chez sa grand-mère quand il fréquente le Pankyprion Gymnasion de Lefkôsia (1909-15), où les adolescents grecs connaissent les luttes de l'autre grande île grecque qui veut l'Enosis: la Crète proche.
A 18 a. il entre à l'Ecole militaire en Grèce, et sort sous-lieutenant à 21a. pour combattre, pour la Mégali Idéa, en Asie mineure, dans la vaillante 10° division qui de Smyrne ira le plus loin, à 70 km. d'Ankyra. Après la défaite il va en poste à Rhaedestos, en Thrace orientale ("Tekirdag") où s'exila et mourut en 1734 le magyar Férenc II Rakoczy ( tous entendent "La marche", le I° janvier). Décoré pour bravoure il finit cette guerre perdue comme lieutenant. Il reste militaire de carrière, est choisi pour une formation à l'Ecole militaire à Paris, et enseigne à son retour à l'Ecole militaire grecque.
Marié à Vassiliki Déka, commandant, lors de l'attaque italienne il est en charge au Grand Quartier général d'Athènes des opérations du front nord. Ses demandes répétées et pressantes de monter au front sont agréées après 3 mois. Il rejoint le front albanais comme chef d'état-major de la 2° division en XII 1940. Il s'y distingue par sa stratégie et son allant.
Durant l'occupation italo-germano-bulgare , en 1943, avec des officiers de sa division et ceux qui les rejoignent son action de résistant, il crée le groupe "X" (intiale mal transcrite phonétiquement d'Hoenzolern...)
L'opposition avec l'EAM-ELAS est immédiate et les "Hites", royalistes anti-communistes, se trouvent au côté des Anglais (que Grivas n'aime pas) à la Libération et Guerre civile, et se battent contre l'ELAS, qui veut les détruire. L'affaire est sanglante pour chaque groupe.
Il quitte l'armée grecque en 1946.
Churchill avait promis que la colonie (!) de Chypre reviendrait à la Grèce, seule et valeureuse alliée aux pires heures de la guerre. Il ne tient pas parole.
Grivas s'affilie au comité clandestin pour liberer Chypre et pour l'Enôsis en même temps que le nouvel archevêque Makarios III. Il entre, clandestin, en XI 1954 dans son île natale.
Le 1° avril 1955, signant Digénis, nom cher et parlant aux Hellènes, il commence le combat anti-britannique...
Les faits de cette action seront rapportés en "Jours d'histoire" au fur et à mesure (il est tard...)

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Thomas Efthymiou

En fait c'est Anthony Eden, ministre des Affaires étrangères qui laissa entendre que le problème de Chypre serait réglé après la victoire.
Churchill avait été beaucoup plus flou.
Il y eut 6000 volontaires chypriotes dans l'armée grecque à l'attaque italo-germano-bulgare.
30 000 servirent dans les armées britanniques (il n'y avait pas de circonscription, mais volontariat), avec l'espoir que ça servirait la cause de l'Enôsis...

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ven 28/01/2005 - 09:36 Permalien
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Olympe Pafsides

[Bonsoir Docteur,

Lorsque vous serez à la retraite , vous pourriez faire un excellent conteur . Je ne suis pas suffisamment férue d'histoire mais je suis bonne lectrice . J'adore l'histoire en particulier celle de mon Pays aussi continuerais-je à vous lire . Ne ratez pas votre rendez-vous .

Merci de m'avoir reçue avec ma mère , Vassiliki Yiavassi .... Elle est fatiguante, certes, mais un vrai poême ! j'ai passé un excellent moment dans votre cabinet à vous écouter pester après les femmes et après certains malades ( je parle de ma mère )

Je vous envoie ma brochure de location de Pénichettes , ma litterature est beaucoup plus commerciale.

N'hésitez pas à me contacter si vous êtes intéressé . Mon téléphone 01 42 61 59 39

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lun 31/01/2005 - 18:21 Permalien
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Thomas Efthymiou

En réponse à par Olympe Pafsides

Merci pour ces bonnes paroles, ce qui compte c'est que votre mère ait été rassurée...
Mon serment m'interdit d'en dire plus.
Restons donc sur ces anecdotes historiques... Comme tous ceux qui ont eu à transmettre ce qu'ils apprirent, je sais que pour apprendre il faut transmettre. Philikôs, Th. E.

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lun 31/01/2005 - 23:27 Permalien
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Steph

Thomas Efthymiou a écrit:
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> Un septuagénaire, combattant clandestin pour
> l'Enôsis (union) de Chypre à la Grèce, Digénis,
> meurt au domicile d'un compagnon, le bijoutier
> Makarios Christodoulis, à Lemessos-Limassol, ce
> jour d'hiver,du 27 I 1974. Géorgios Grivas, 4°
> enfant de Théodôros et de Kalomyra HadtziMichaïl,
> n'a vu ni l'Enôsis ni l'opération Attila, ni la
> division de sa patrie.
>> Les faits de cette action seront rapportés en
> "Jours d'histoire" au fur et à mesure (il est
> tard...)

Oui, l'histoire ne fait que commencer en 1954. Je reviens sur 1974 année célébrée dans ce "jour d'histoire".
Car 20 ans après 1954, après toutes les péripéties de l'histoire chypriote, 1974 qui correspond à la mort du général Grivas marque me semble t'il un contexte tout différent et une fin ambigue. En effet, à ce moment Grivas est plus ou moins clandestinement à Chypre, ayant rompu depuis des années avec Makarios et ayant été exilé. Très anticommuniste et proche des Colonels, il souhaite encore l'Enosis (Makarios y a progressivement renoncé, surtout depuis que la Grèce est sous la dictature) et le général poursuit ce combat avec l'EOKA-B. Beaucoup d'historiens pensent qu'il préparait juste avant sa mort le putsch pour renverser l'Archeveque-President et unir Chypre à la Grèce des Colonels.
Sa mort naturelle avant ce tragique épisode lui a permis de garder le prestige de héros de la lutte anticoloniale sans souffrir de la Damnatio memoriae que lui aurait value sa participation au putsch de Nicos Sampson (qui eut finalement lieu en juillet, avec toutes les répercussions que l'on sait, à Chypre et en Gréce).

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mar 01/02/2005 - 16:33 Permalien
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Thomas Efthymiou

En réponse à par Steph

Vous avez du deviner que, dans ces jours d'histoire (qui ne sont pas ceux d'un historien...), je suis plus attiré par les destinées et les choix propres à chacun plus qu'à la "géopolitique".
Je suis incapable d'imaginer quels auraient été les choix de Digénis face à Attila, sauf à combattre, ce qu'il fit toute sa vie , avec "une certaine idée de l'hellénisme".

Grandir "sujet" britannique, suivre durant l'adolescence les épreuves de la libération et de l'Enosis des frères Crétois, choisir le métier des armes en Grèce et non dans le Royaume-Uni, se trouver jeune officier en première ligne en Asie mineure contre les Turcs, dans la fameuse division où on mettait en avant les Romii, Grecs nés sujets ottomans, très souvent volontaires, qui étaient automatiquement exécutés quand ils étaient capturés comme prisonniers comme "traitres à la patrie" turque, voir la retraite, le déracinement des congénères, ne pouvait je crois que forger définitivement un patriotisme hellénique ardent, constant, et agissant.

Devoir ensuite avancer en Epire du Nord, terre grecque, voir encore une retraite et un abandon des congénères épirotes n'a certainement pas développé la confiance de Grivas dans les politiciens autour des tapis verts où dans les conférences.

Voir les Turcs exiger et obtenir des droits face aux Kyprogrecs, qui avaient lutté pour l'Enosis, droits que la Turquie refusait aux Kurdes...

Tout celà fait qu'il m'est impossible de juger -a posteriori- ce qu'aurait fait Digénis, "politiquement" s'il avait vécu plus longtemps.

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mar 01/02/2005 - 17:23 Permalien
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Steph

En réponse à par Thomas Efthymiou

Je ne parle pas tant de géopolitique, Dr Efthymiou, même si, depuis l'Antiquité, Chypre est une île éminemment géostratégique en Méditerranée orientale.
Non, je parle bien de politique, d'histoire et de biographie.
Je voulais dire que la figure du gal Grivas est sans nul doute une figure importante de l'histoire grecque et chypriote, que son destin et sa vie militaire sont vraiment fabuleux.
Il n'est reste pas moins une figure contrastée car malgré sa rectitude, il a fait des choix contestables et a agi violemment contre d'autres Grecs ou Chypriotes à certains moments de sa vie.

Pour ce qui est de Chypre, il a été allié comme chef militaire à Makarios chef politique et spirituel dans la lutte anticoloniale (de 1954 à 1960) , malgré ses méthodes de lutte plutôt sanglantes qui rebutaient quelque peu l'homme d'église, qui les admettait néanmoins par pragmatisme politique.
Les deux hommes très différents, et pas toujours d'accord sur les méthodes dès le début, rompent dès 1963. Le général Grivas devient l'adversaire de plus en plus affirmé de l'Archeveque-Président. A partir de 1971, il dirige clandestinement l'EOKA-B qui n'est rien moins qu'une sorte d'organisation terroriste et milice paramilitaire luttant contre les intérêts turcs ou chyproturcs et aussi contre le gouvernement légal de Makarios, par la violence et le sang, rendante la situation confuse et instable sur l'île (attentats, enlevements, menaces).
C'est ainsi: la liberté obtenue, les leaders alliés dans le but commun se déchirent parfois ensuite: cf la Grèce de 1945 à 1949, l'irlande au début des années 20, etc...
Makarios, était à mon sens bien plus fin politique et d'une autre envergure que Grivas (dont l'aveuglement de militaire intransigeant m'évoque parfois le carteron de généraux putschistes d'Alger face à De Gaulle, pour parler d'un autre épisode sensible et controversée de l'histoire du XXe s. , dans un contexte foncièrement différent et je ferme donc la parenthèse).
N'oublions donc pas que Grivas est mort dans la clandestinité, caché à Limassol chez orfèvre Makarios Cristodoulis , alors qu'il s'opposait par la violence à Makarios et qu'il travaillait pour soutenir une enosis avec le régime dictatorial des Colonels. C'est ainsi: un ancien héros, un combattant peut choisir une voie "dangereuse" et à laquelle l'histoire donnera tort.
C'est pour soulever cette ambiguité du personnage que je me suis permis d'intervenir; la mort naturelle de Grivas lui a évité une Damnatio memoriae qu'il aurait reçue en menant au bout son projet de renverser son adversaire Makarios.
Je précise que je tire mes informations de nombreuses lectures d'éminents historiens français ou hellenes sur la question (et pas d'officines de propagande d'Ankara): ainsi de Nikos Athanassiou qui écrit pour l'Encyclopaedia Universalis ;
"Les qualités et les défauts mêmes du personnage se complètent pour lui assurer une redoutable efficacité. Considéré comme un excellent soldat, sérieux, sévère, méthodique, il possède en outre de grands talents d’organisateur, une santé de fer, des mœurs frugales, un caractère implacable et passionné. Ces éléments, très positifs tant qu’il s’agit de diriger la guérilla, se révèlent, une fois la paix signée, destructeurs. L’anticommunisme « viscéral » du général Grivas et son incompétence politique en font, à son insu, un adversaire redoutable de la cause qu’il entend défendre. (...)Le consensus populaire lui faisant défaut, l’action du général Grivas est vouée à l’échec, mais elle entretient une insécurité permanente, pervertit le légalisme des troupes et justifie a posteriori la méfiance de la communauté turque que Grivas ignore délibérément ou menace ouvertement.
Il semble bien, néanmoins, que le président Makarios n’ait pas voulu faire arrêter le général Grivas, héros de la première E.O. K.A. En janvier 1974, âgé de soixante-seize ans, il meurt d’une crise cardiaque et ne verra donc pas le coup d’État du 15 juillet 1974, qu’il a contribué à préparer, ni l’invasion turque du 20 juillet."
On trouve des informations du même ordre chez Alain Blondy, de la Sorbonne, dans son histoire de Chypre.

Je finirai par une anecdote: je me trouvais à Nicosie, place Eleftheria, le 14 juillet 2004 et j'ai assisté (fortuitement, je ne suis pas compagnon de route du PC) à un meeting du Parti communiste chypriote (qui est très puissant là-bas, le président de la Chambre des députés Christofias le dirige). On commemorait le 30e anniversaire de la veille du putsch du 15/07/1974. A un moment, l'un des orateurs a parlé de Grivas dont le nom a été copieusement sifflé par les militants de l'assistance: en effet, il fut le constant adversaire des communistes en Grèce puis à Chypre (et pas lors de joutes verbales, mais lors d'actions militaires ou paramilitaires); les militants n'ont pas oublié non plus que ce sont ses lieutenants et ses successeurs qui ont fomenté le putsch désastreux avec son organisation l'EOKA-B.

Voilà, j'ai écrit ces quelques lignes pour rétablir un portrait moins lisse et consensuel et plus controversé de ce singulier personnage.

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mer 02/02/2005 - 13:21 Permalien
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Thomas Efthymiou

C'est vrai que les personnages controversés alimentent les controverses. Merci pour cette réponse qui est exacte dans ses éléments. Un soldat n'est pas un politicien, sauf exception. Ce soldat, malgré son âge serait probablement monté au combat contre Attila et s'il y était mort, de sa cardiopathie ou au feu, aurait trouvé sa destinée accomplie. Mais comment savoir? Makarios et Grivas ont tout subi pour leur pays.
Que les membres de l'AKEL sifflent un de leurs ennemis me parait peu étonnant.

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mer 02/02/2005 - 23:26 Permalien
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Roviros MANTHOULIS

La biographie de Grivas est plus longue que ça. Cet homme était un agitateur professionnel. Il a été au service successivement des Britanniques, des Allemands, des Britanniques de nouveau et, à la fin,des Américains (qui ont cautionné la lutte de l'EOKA). Pendant l'Occupation,les Britanniques ont d'abord aidé à la fondation de l'EDES, avec des officiers républicains (en 1942) et (en 1943) quand ils ont constaté la force et l'influence de l'EAM,ils ont fondé l'Organisation Royaliste "X", en collaboration avec les Allemands, pour combattre la résistance "communiste". Ceci est révelé par l'envoyé spécial de Hitler en Grèce, Hermann Neubaccher dans son livre "Sonderauftag Südost", Göttingen, 1956, Page 240.La rencontre
a eu lieu le 10 Nov.dans la maison du Maire,Geor- gatos (rue Clisthène),entre le Colonel Lons de la Gestapo et l'agent anglais,le Capitain Don Stot en présence des responsables de "X" de Grivas et de la Police spéciale grecque(Bouradas). Sujet:
"L'orientation anticommuniste des milices grecs"

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sam 05/02/2005 - 04:30 Permalien
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Thomas Efthymiou

En réponse à par Roviros MANTHOULIS

Philtaté Roviré,
Sais-tu si le livre sur Grivas a été traduit en français, en grec, en anglais? Je ne suis pas germanisant.
Je te remercie pour les 4 biographies que tu m'as apportées (Makarios, Karamanlis, G. Papandréou, Métaxas). J'ai commencé à les feuilleter. J'y apprendrai des choses. Peut-être en verras-tu le reflet danns "Jours d'Histoire".
Philikotata, kai ies to épanidin, Thomas E.

PS: Pour un ami des Anglais, Digénis leur a mené la vie dure dans sa patrie. Non?

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sam 05/02/2005 - 23:03 Permalien