Angélos Sikélianos,né en 1884,dans l'île de Lefkas (Leucade),comme Valaoritis,meurt à 67 a. à Athènes ce 19 juin 1951.Il naquit l'année où Moréas (v.15 IV 1856) édita à Paris "Les Syrtes",& un an après Kazantzakis (v.18 II 1883),(en 1946,il sera proposé,avec lui pour le prix Nobel de littérature).
C'est un poète ample,lyrique.Dans son oeuvre abondante,comme en un puissant fleuve,se mêlent tous les courants helléniques:Antiquité,Byzance & le Chritianisme,sensibilité de l'Heptanèse proche de l'Occident,grand souffle populaire de l'Indépendance...Une générosité humaniste et "sociale" au sens "bien commun" s'affirme avec force durant l'occupation italogermanobulgare.
Il sera un temps séduit par un groupe d'Américains (avec Isadora Duncan),qui tentèrent un retour à l'Antiquité grecque,dans une communauté vivant au pied de l'Hymittos (vêtements tissés,sandales,langue,etc.)
Il essaie de faire de Delphes,ancien centre des Hellènes,& "ombilic du monde",les danses,le théatre,les jeux (1923-1932).Visionnaire,il publie en 1940,avant l'attaque italienne,"Syvilla",où Néron vient à Delphes,consulter la Sybille-Pythie.
Durant l'Occupation,il écrit le "25 Mars 1942"qui fait le tour d'Athènes:
"Les hirondelles de la mort t'annoncent un nouveau printemps,
& une génération de géants sortis de ta tombe.
Vainement les soldats romains montent la garde.
Bientôt tu ressuscitera pour vivre un nouveau Vingt-&-Un!"
Il accompagne Palamas à son tombeau (v.28 II 1943).Il demande au régent,l'archevêque Damaskinos,une politique d'équité & de charité du peuple grec (v.30-31 XII 1944).
Image tragique où brille l'espoir,ces années-là:Jésus & ses disciples sont devant des immondices & des charognes,l'odeur est pestilencielle.Jésus dit:
"Seigneur,donne-moi un instant,dans l'effrayante odeur où je marche,Ta sainte sérénité,que je m'arrête sans trembler au milieu des charognes & que mon regard saisisse un signe,blanc,comme la grêle,comme le lys...au-delà de la pourriture du monde,comme les dents de ce chien...reflêt de l'Eternel,mais aussi,du Juste,le dur éclair & espoir!..." (Agraphon).