Il y a 47 ans, même pas un demi-siècle, que Chypre est devenue une république indépendante. Elle porte le nom du cuivre qui fut une de ses richesses. De ses flots marins sortit Aphrodite. C’est la troisième île de notre Mer intérieure, par sa surface. Elle est à 350 km de la Grèce, 300 km de l'Égypte, 100 km de la Syrie et 75 km de la Turquie. Comme nombre de terres grecques, elle a son mont Ólympos, culminant à 1953 m, du massif de Tróodos (l'autre massif est le Pentadáctylon').
L'histoire humaine connue de Chypre a neuf millénaires. Au second millénaire av. JC, les Achéo-Mycéniens y avaient des cités (Enkomí, Salamís, Achaiôn Aktí) dont langue et culture, indiscutablement helléniques, sont toujours parlées et vivantes dans l’île (et en traduisent mieux l’ancienneté qu’en Grèce même…)
Dans l'Antiquité, sa réputation venait des mines de cuivre exploitées dès 2300 av. JC (Sóli, Límni, Támasos), et de ses forêts, son bois, ses parfums. Elle était en relation avec Rhodes, son escale pour les Archipels et la Grèce continentale. Elle fut toujours, et jusqu’aujourd’hui, objet de convoitises, de rapacités, pour bien des « conquérants » (Hittites, Assyriens en 709 av.JC, Égyptiens en 560 av.JC, Perses, Romains, Arabes, Croisés francs et latins, Turcs ottomans, Britanniques, Turcs d’Attila). Athènes l’ionienne avait ses liens avec l’île dès le Vème s. av.JC (Salamís, Páphos, Sóli). Les Phéniciens, plutôt alliés des Perses, étaient à Kítion, Ámathos et Lápithos.
Alexandre le Grand la libéra des Perses. Jusqu'en 58 av.JC elle fit partie du royaume des Ptolémée d'Égypte. Zénôn de Kítion (334-265 av. JC) ouvrit la philosophie stoïcienne (de « stoa-portique ») à Athènes.
Les Romains l'annexèrent (jusqu'au IVe siècle) En 45, les apôtres juifs hellénisés Paul, et Barnabas de Salamís, (premier saint de l'île) apportèrent le christianisme, avec le Nouveau Testament, presque tout en grec alexandrin. Après 330, Chypre fit partie de l'Empire romain d'orient, qui devint l'Empire byzantin, y restant attachée jusqu'au XIIe s.
En 1191, Richard 1er «Coeur de Lion», roi d'Angleterre croisé la conquit. Il a remit au français Guy de Lusignan, l’ancien roi de Jérusalem. Ainsi, de 1192 à 1489, elle fut un royaume franc, féodal. Catherine Cornaro veuve de Jacques III, neuvième et dernier Lusignan, la vendit à Venise en 1489, cet exploitant âpre et très organisé des hommes et des biens des îles grecques.
En 1571, les Turcs l'envahirent et la gardèrent jusqu'en 1878, où le sultan la céda à la Grande-Bretagne. En 1914, le Royaume-uni proclame qu'il l'annexe ! En 1923, au traité, catastrophique pour l'hellénisme, de Lausanne, la Turquie renonce à tout «droit», et reconnaît l’annexion. Le Royaume-Uni, en 1925, en fait une colonie ! Au XXe siècle !
Depuis 1930, les Grecs demandaient l'Énôsis, mais dès 1821, le chypriote Théóphilos Thisséas, vint de France, porter l’espoir de la Philikí Hétairía, fondée sept ans seulement plus tôt à Odessa en 1814 … Pendant la IIème Guerre mondiale, Churchill promit le rattachement, pour avoir des volontaires (35 000 hommes !) deux bases sûres au Proche Orient et près du canal de Suez, toujours là…
L'église de Chypre organisa en 1950 un référendum d'autodétermination, bien sûr favorable, que Plastíras, Premier ministre grec écarte, et bien sûr aussi rejeté par l'Anglais et le Turc. La résistance armée s'organise à partir de 1955, avec un ancien officier supérieur, chypriote qui combattit dans l'armée grecque contre l'attaque italienne du 28 X 1940, Digénís Akrítas. Les Chypriotes turcs s'allient au pouvoir colonial qui, très efficacement, divise pour régner (l'«expérience» irlandaise...) D’où incidents graves, tueries entre voisins, emprisonnements, fanatisme, pendaisons d'adolescents résistants, déportation de l'ethnarque Makários, réactions brutales où la responsabilité et culpabilité britannique sont évidentes.
Ce survol pour nos frères de Chypre, grugés par le monde libre, l’ONU, maintenant l'Europe, bien peu soutenus (?) par la Grèce (alors qu’ils se battirent pour l’Enôsis), qui fomenta un complot lamentable et tragique, pour assassiner l’ethnarque Makários, déporté sans jugement (9 III 1956) aux îles Seychelles. La junte militaire dictatoriale grecque voulut tuer le seul homme politique de l'hellénisme démocratiquement désigné par son peuple…
Après 47 ans de dépendance, l'île est déchirée et balafrée par la Ligne verte, la Turquie installe ses squatters, y entretient une armée d'occupation, saccage ce qui témoigne d'une présence grecque, a laissé pourrir les cadavres des otages, et vend à des Européens les maisons des réfugiés (la moitié du peuple !). Londres est devenue la plus grande de ville chypriote du monde.
«Jours d'Histoire» a déjà un certain nombre de rappels sur la longue histoire de nos frères de Chypre.