Yves Bertoncini (Directeur de l'Institut Jacques Delors)
La crise grecque tourne au cauchemar. Comment en est-on arrivé là ?
Cela fait des années que, dans la gestion de la crise de la zone euro, les chefs d'Etat et de gouvernement ont laissé la bride sur le cou au FMI, à la BCE, à la Commission européenne et à l'Eurogroupe. Mais, ces dernières semaines, on assiste à une véritable dérobade de la part des dirigeants européens. Un sujet aussi lourd qu'un défaut de la Grèce ne peut pas être traité par des comptables. Wolfgang Schäuble, Jeroen Dijsselbloem et leurs homologues semblent s'arroger un pouvoir politique qu'ils n'ont pas. Le maintien de la Grèce dans l'euro n'est pas une affaire de ministres des Finances et de banquiers centraux, c'est une question de politique, de géopolitique et même de démocratie, qui doit faire l'objet d'une négociation et d'un accord au plus haut niveau. Les dirigeants européens, y compris Tsípras, doivent prendre leurs responsabilités. Il reste encore du temps pour qu'ils se réveillent, même après un défaut de la Grèce, qui ne signifie pas une sortie de l'euro. Seuls les Grecs peuvent le décider.
Tsípras a-t-il fait une...