La région du lac Kerkini est l'un des joyaux de la Macédoine. Situé au nord-est de Thessalonique près de la frontière bulgare, il abrite une faune et une flore extrêmement riche. Pour protéger cette partie importante et vitale des zones humides de la Macédoine de l'Est et de la Thrace, les spécialistes ont décidé de l'intégrer au système des zones humides de la Convention de Ramsar (voir encadré).
Le lac Kerkini est né de la fonte du glacier de Rodopi qui a submergé la plaine de Serres il y a plus de 20.000 ans. Par le phénomène de l'érosion; peu à peu le lac se remplit de pierres, cailloux et sables provenant des rivières affluentes. En 1932, l'Etat grec fait construire un barrage près de Lithotopos sur la partie sud du lac qui annoncera la création du lac Kerkini en tant que réservoir d'eau artificiel. En 1982, un autre barrage fut construit. Ces barrages régulent la profondeur du lac ainsi pendant l'hiver, les portes du barrage restent ouvertes et laissent les eaux du Strimonas passer par le lac. Avant le début du printemps les portes se referment et retiennent l'eau qui atteint son niveau le plus haut (10 mètres) vers la fin du mois de mai. En été, cette eau sert l'irrigation des cultures environnantes. La construction de ces barrages eut nécessairement des répercussions sur l'écosystème mais la richesse en ressources naturelles de la région et l'approvisionnement ininterrompu du lac par le fleuve Strimonas font de ce lieu un exemple de réservoir vivant en Grèce.
Les forêts aquatiques qui bordaient le lac ont souffert de la baisse du niveau d'eau et de l'abattage et aujourd'hui il n'en reste qu'une partie située au nord du lac autour du delta du fleuve Strimonas mais les racines se trouvant submergées à une profondeur de 2 à 4 mètres pendant près de 6 mois empêchent le renouvellement et les arbres se meurent peu à peu. L'arbre dominant dans la région est le saule mais on y trouve aussi des aulnes, des platanes et des tamaris.
Autour du fleuve Strimonas, les terres sont fertiles et elles ont donc naturellement attirés les hommes depuis l'Antiquité. Mais si les rapports de ces habitants avec la nature ont été harmonieux c'est au début du XXème siècle que les choses se gâtèrent. Avec le programme de drainage de la région et la construction du premier barrage. Aujourd'hui on compte 21 villages situés aux abords du lac où les activités économiques sont principalement l'agriculture, l'élevage et la pêche. Cette dernière est interdite deux fois par an aux périodes de pontes mais le reste du temps elle est autorisée et l'on aperçoit sans cesse des barques de pêcheurs sillonnant le lac.
Les animaux présents autour du lac
La forêt inondée qui ceint le lac ne compte pas moins de 10 espèces rares d'oiseaux comme le pélican frisé (Pelecanus crispus) et 300 espèces "courantes" ont été enregistrées. Ainsi aux abords du lac on aperçoit des cormorans, des hérons, des cigognes mais aussi des rapaces qui nichent sur les monts environnants.
Le lac est également un point de passage pour de nombreux oiseaux migrateurs qui quittent l'Europe orientale pour l'Afrique pendant la période hivernale. Dans les eaux, on ne dénombre pas moins de 30 espèces de poissons différentes dont la macre (Trapa nastans) une espèce en voie de disparition dans les autres pays européens.
Bien évidemment on y trouve également des poissons plus comme des carpes, des truites que vendent les habitants de la région. Les douze espèces d'amphibies et les 22 espèces de reptiles se répartissent entre les zones humides c'est à dire les forêts proches du lac et les espaces plus secs donc un peu plus éloignés. Enfin les mammifères représentent également un groupe important puisqu'on dénombre au moins 58 espèces différentes. Les plus remarquables sont les loutres, les buffles, les loups, les sangliers et les chevreuils.
Photos EOT et Parc naturel de Kerkini
La Convention de Ramsar
L'importance fondamentale des zones humides a poussé tous les pays à prendre des mesures pour leur protection. La "Convention internationale de Ramsar sur les zones humides d'importance internationale, particulièrement comme habitats des oiseaux d'eau" plus connue sous l'appellation de Convention de Ramsar a été mise en place en 1971. Elle définit les zones humides comme des "étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d'eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l'eau est stagnante ou courante, saumâtre ou salée, y compris des étendues d'eau marine dont la profondeur à marée basse n'excède pas six mètres. En Grèce, elle a répertorié 11 biotopes comme étant des zones humides qu'il convient donc de protéger. En effet pour que l'écosystème présent dans ces zones soit sauvegardé, il importe que l'eau ne se tarisse pas les autorités et les habitants doivent donc prendre les mesures pour la protéger.
erreur dans l'article
Bonjour, il y a une erreur dans votre article. La macre n'est pas un poisson mais une plante : la chataîgne d'eau. Bien à vous.