Il y était ! Dans les rues d'Athènes, dimanche 25 janvier, au soir de l'élection d'Alexis Tsipras. Avec fils et petit-fils perché sur les épaules. Longtemps, Vassilis Alexakis a eu le sentiment d'être un étranger dans son pays. Pour s'être éloigné de la Grèce pendant la dictature des colonels, y être revenu sporadiquement avec les siens, "comme une famille française", pour avoir écrit ses premiers romans en français, l'auteur de Paris-Athènes avait perdu son passé et sa langue maternelle. Jusqu'à ressentir le besoin d'enregistrer les gens dans les cafés pour entendre la musique du grec et être apte à la reproduire dans son cinquième livre, Talgo (1983).
Il l'avoue aujourd'hui : "En vivant entre deux pays, je suis passé à côté de tous les événements. En mai 1968, j'étais en Grèce ; à la fin de la dictature, je résidais à Paris. J'ai tout raté, comme ce petit bonhomme d'une nouvelle de Mark Twain qui tourne la tête ailleurs lors du passage de la reine. Depuis, je me suis refait."
Au chapitre de ses rattrapages, il souhaitait, lui, le saltimbanque...