Le projet de loi concernant l'adoption des mesures économiques en vue de l'application du mécanisme de soutien à l'économie grecque a été voté en première lecture par 172 voix pour (les députés du PASOK présents, Dora Bakoyannis de la ND et les députés du LAOS), 121 contre (les députés de la ND, du KKE et de la SYRIZA).
Trois députés ont déclaré "présent" (équivalent d'abstention), soit les trois députés du PASOK, Yannis Dimaras, Sofia Sakorafa et Vassilis Ikonomou), sur un total de 296 parlementaires présents à la séance plénière du Parlement.
Quatre députés, Christos Papoutsis du PASOK, Elsa Papadimitriou de la ND, Spyros Halvadzis du KKE et Thanassis Dritsas de la SYRIZA, étaient absents de ce vote nominal. Dans des lettres adressées à la présidence du Parlement, M. Papoutsis a fait savoir qu'il aurait voter "oui" et M. Dritsas "non", ces votes n'étant pas pris en compte dans le décompte final.
Le projet de loi a été voté nominalement après demande du KKE.
Papandréou : demain un... miracle grec
"Dès aujourd'hui, nous nous mettons durement au travail pour demain un miracle grec", c'est par ces mots que le premier ministre, Georges Papandréou, a conclu son discours jeudi avant le vote au Parlement du nouveau paquet de mesures économiques qui assurera à la Grèce une aide financière de 110 Mds d'euros de ses partenaires de l'Eurogroupe et du FMI, à titre d'un accord sur le mécanisme de soutien.
"Les parlements des autres pays, les peuples des autres pays, décident de soutenir la Grèce, de donner tous unis le combat pour sauver le pays. Nous, ici, que leur disons-nous?", a affirmé M. Papandréou, dans un appel aux partis de l'opposition de soutenir les mesures destinées à garantir les crédits pour le refinancement de la dette et voter le projet de loi déposé en ce sens par le gouvernement.
M. Papandréou, qui a ouvert son discours sur les incidents tragiques survenus durant les manifestations organisées à l'occasion de la grève nationale de 24h en Grèce, qui ont coûté la vie à trois employés de banque, a ensuite critiqué avec la plus grande virulence la ND pour sa gouvernance durant les six dernières années.
"Ni la violence, ni les pierres ne nous sortirons de la récession. La violence ne donne ni de solutions ni de réponses, mais créent de nouvelles plaies", a tranché M. Papandréou, exhortant l'ensemble de la classe politique à contribuer à mettre fin une fois pour toute à ce genre de phénomène.
"Au cours des précédentes décennies, il y a eu des erreurs , mais au cours des cinq dernières années, il y a eu des crimes . En substance, il y a eu doublement de la dette du pays en très peu d'années. L'année des Jeux olympiques, nous avons eu des dépenses de 80 milliards, et en 2009 40 milliards de plus. Depuis 2004, 60.000 nouveaux fonctionnaires ont été recrutés dans la fonction publique, et ce même si le pays était en procédure de déficit excessif, et même si la nouvelle gouvernance mettait de l'ordre dans l'Etat (...) C'est une deuxième fonction publique qui a été créée en cinq ans", a dénoncé M. Papandréou, demandant à l'adresse du principal parti de l'opposition si toutes ces dépenses ont malgré tout servi à améliorer, tout du moins, l'éducation, la santé. "Où est allé tout cet argent", a-t-il lancé, accusant le président de la ND, Antonis Samaras, "malgré ses pardons, de se tenir entièrement solidaire de tout ce qui est arrivé".
M. Papandréou a accusé le précédent gouvernement de la ND d'avoir laissé se propager "la diffamation de notre pays, non seulement à cause des emprunts et dettes, mais à cause des mensonges constants. Tout juste deux jours avant les élections, la ND a déclaré un déficit de 6% du PIB. Les responsables du gigantesque trou noir ne ressentent non seulement pas le besoin de demander pardon, mais nous ont accusés de gonfler (les chiffres)", a ajouté M. Papandréou.
A ce point, et sans éluder une partie d'auto-critique sur les responsabilités de la situation actuelle, mais qui n'épargne à divers degrés aucune partie du monde politique, M. Papandréou a taxé les précédents gouvernements d'avoir manqué d'audace pour réaliser les changements indispensables.
Commentant la demande du KKE et de la SYRIZA que le texte soit voté à une majorité qualifiée de 180 voix sur 300, M. Papandréou a noté d'emblée que ce texte requiert le consensus le plus large, soulignant que ce qui est en jeu n'est pas une majorité accrue, mais la responsabilité politique pour chacun de nous, pour nous tous. Le projet de loi, a-t-il assuré, sera voté de toute façon avec la majorité parlementaire du PASOK, pour que nous soyons tranquilles avec notre conscience, notre patrie et nos obligations internationales. Cette attitude devrait être aussi celle du plus grand parti de l'opposition.
"C'est l'heure des changements. Il ne peut y avoir ni un jour ni une heure de retard. Mais nous qui voterons le projet de loi, nous pouvons dire que ce qui est aujourd'hui le problème grec, nous travaillerons durement pour que ce soit demain le miracle grec", a conclu M. Papandréou.
Samaras: Vote contre les mesures, mais soutien de l'effort national
Le président de la ND, Antonis Samaras, a dit que son parti votera contre le projet de loi présenté par le gouvernement, "des mesures qui enfonceront encore plus le pays dans la récession", mais apportera son soutien à l'effort national "parce que la Grèce a une continuité" en tant qu'Etat et vis-à-vis de la communauté internationale.
Concernant la crise actuelle que traverse le pays, M. Samaras a souligné que le PASOK a hérité d'un problème d'endettement et l'a transformé en crise de recours à l'emprunt, que les mesures prises conduisent à un cycle catastrophique de récession et de mesures encores plus dures, sans adoption simultanée de mesures de stimulation de l'économie en vue de la croissance et pour contenir la propagation du chômage, citant à titre d'exemple pour remédier à la situation économique actuelle sans emprunter, la mise en valeur des biens fonciers publics et de la fortune non publique.
Le gouvernement "ne fait que ramasser de l'argent et couper les salaires", sans procéder à des privatisations, taxant le PASOK d'avoir toujours été dans son idéologie "étatiste".
"De notre côté, nous soutenons certaines dispositions en faveur des groupes vulnérables (de population) et le renflouement des liquidités. L'année dernière, vous avez dénoncé que nous donnions 28 milliards aux banques et à présent vous y ajoutez 15 en plus. Tout au moins, admettez que nous avions raison", a lancé M. Samaras.
Le président de la ND, qui a assuré que son parti honorera les conditions que votera le Parlement grec et garantira l'argent qui sera donné, la Grèce ayant une continuité en tant qu'Etat, a toutefois assuré qu'il fera tout pour que le pays se désengage au plus vite, "parce que nous voulons, nous, exprimer l'espoir".
i-GR/ANA-MPA