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Athènes et Bruxelles démentent l'existence d'un plan de 25 milliards pour la Grèce. La Grèce dénonce le déchaînement de la presse allemande

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By iNFO-GRECE,

L'hébdomadaire allemand Der Spiegel croyait savoir qu'un plan européen de soutien à la Grèce existait, préparé par l'Allemagne et consistant à l'octroi d'un prêt de 25 milliards d'euros, mais Athènes aussi bien que Bruxelles ont apporté un démenti formel lundi.

Depuis Bruxelles, le porte-parole de Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, a déclaré complètement infondé lundi l'article du Spiegel, qui citait des sources du ministère allemand des Finances.

Le porte-parole a souligné que le ministère allemand lui-même avait d'ores et déjà démenti ce projet de prêt, et rappelé que la Grèce n'avait demandé "pas même un euro", soulignant toutefois que l'UE était disposée à tout moment à venir en aide si nécessaire.

Selon le magazine allemand, chaque pays serait appelé à contribuer par une part du prêt calculée en fonction de la part qu'il détient dans le capital de la Banque centrale européenne, l'Allemangne versant ainsi 20% des 25 milliards, soit "entre 4 et 5 milliards d'Euros", écrit Der Spiegel.

Le porte-parole du gouvernement, Georges Petalotis, a réfuté catégoriquement des informations de la presse allemande, renvoyant à des déclarations réitérées, notamment du premier ministre, Georges Papandréou, que la Grèce ne demande, dans sa situation économique actuelle, qu'un soutien politique de ses partenaires et non des aides financières.

"Nous ne demandons à personne de l'argent, et surtout pas gratuitement", a déclaré M. Petalotis, ajoutant "à l'heure actuelle nous demandons un soutien politique de nos partenaires de l'UE, le temps nécessaire d'appliquer le Programme de stabilité et de croissance, et nous en restons là".

Plus globalement, concernant les commentaires de la presse allemande sur la crise grecque, le président du Parlement, Philippe Petsalnicos, a adressé une lettre à l'ambassadeur d'Allemagne en Grèce, Wolfgang Schultheiss, auquel il compte remettre "toutes les publications offensantes" publiées dans la presse allemande et protester contre les reportages des médias allemands qui sont "tout sont objectifs et remplis d'inexactitudes".

M. Petsalnicos a adressé une lettre au magazine allemand Stern dans laquelle il proteste vigoureusement contre l'article du 18 février qui, a-t-il relevé, "dépasse toutes les bornes".

Répondant à l'auteur de l'article du Stern, M. Petsalnicos souligne que ce dernier a réduit une situation extrêmement difficile et complexe pour la Grèce en un dénominateur populiste, hyper-simplifié et tordu : "Nous les Allemands nous payons et vous les Grecs vous recevez", soulignant à ce sujet qu'il est totalement faux de déclarer que depuis 1981 les Grecs ont reçu de l'argent alors que les Allemands eux financent.

Concluant, M. Petsalnicos met en exergue la présentation à l'UE du programme pour la relance de l'économie en précisant "nous les Grecs nous portons le poids de la réalité des changements exigés. Par conséquent, vous les Allemands n'ayez crainte que nous vous demanderons de l'argent pour nous sauver. La Grèce a juste besoin de votre solidarité et de votre soutien pour repousser les attaques des spéculateurs".

La Grèce doit réduire son déficit public de 12,7% du PIB en 2009 à 8,7% en 2010 et à moins de 3% en 2012. Un programme draconien d'économies est mis en place et l'Union européenne a donné son feu vert à ce plan dont l'application et les résultats sont placés sous contrôle de la Commission. Un nouveau paquet de mesures d'économies doit être présenté dans les prochains jours. En même temps pour couvrir ses besoins, la Grèce doit refinancer notamment par des emprunts 53 milliards d'euros cette année, dont près de la moitié d'ici en avril ou mai.

En visite à Londres en fin de semaine dernière, le premier ministre, Georges Papandréou, a réaffirmé dans une interview accordée à la chaîne britannique BBC que "la position de la Grèce nécessite le soutien politique et non économique de l'Europe en vue de réduire sa dette publique. Donnez-nous du temps, accordez-nous votre soutien -je ne parle pas de soutien économique mais de soutien politique- en vue de prouver que nous matérialisons ce que nous disons et que nous sommes à nouveau dignes de confiance".

Selon M. Papandréou, "en ce moment, la Grèce n'a pas besoin d'un prêt, ses nécessités sont couvertes jusque mi-mars. Nous déclarons simplement que nous avons besoin d'aide avec de pouvoir emprunter aux même taux que ceux imposés pour les autres pays et non à des taux élevés qui portent atteinte aux possibilités pour le pays d'atteindre ses objectifs".

M. Papandréou a encore déclaré bénéficier du large soutien de la société hellénique pour les réformes économiques appliquées par le gouvernement, et cela malgré les manifestations contre les mesures d'austérité prises en vue de faire face à la crise.

"Malgré que ce soient réellement des mesures d'austérité qui sont vraiment douloureuses, le gouvernement reçoit le soutien de 50 à 60% de la population pour l'application des mesures", a-t-il affirmé tout en mettant l'accent sur "un réel sentiment d'unité du peuple grec qui veut le changement".

Selon M. Papandréou, la Grèce est en mesure de discuter avec les autorités européennes, la Commission européenne et la Banque centrale européenne des progrès qui ont été remportés ainsi que de l'évolution du programme de stabilité et de croissance qui a été élaboré. "Nous nous maintenons dans le cadre des objectifs, et même plus haut dans les données statistiques de janvier. Si des nouvelles mesures sont réellement nécessaires nous les prendrons pour réduire notre déficit de 4% en 2010. Nous sommes prêts à le faire si cela s'avère nécessaire", a-t-il conclu.

En revanche, à Athènes, le président de la Nouvelle Démocratie (ND, opposition conservatrice), Antonis Samaras, a lancé dimanche une attaque contre le gouvernement pour sa politique économique et son intention de mettre en place une commission d'enquête pour l'économie, soulignant que "le pays a besoin d'unité et non de dilemmes qui divisent. Le PASOK va trop loin et au lieu de gouverner, il met en place des commissions d'enquêtes".

M. Samaras qui s'adressait à l'ouverture du dialogue pré-congrès qui a débuté au cours d'une manifestation organisée au Stade de la Paix et de l'Amitié a également accusé le gouvernement d'"être resté quatre mois les bras croisés".

De son côté, la secrétaire générale du KKE (opposition communiste), Aléka Papariga dans une interview accordée au journal Vima tis Kyriakis a estimé que "les heures sont vraiment critiques et que la question est de savoir si les couches populaires peuvent avoir confiance dans leurs forces et réussir un soulèvement populaire".

Enfin, pour le président de la Coalition (opposition, gauche radicale), Alexis Tsipras, "le problème de la Grèce est en réalité un problème européen et il a un rapport avec les faiblesses structurelles de l'UE qui a instauré une monnaie commune sans prévoir de mécanisme de soutien des économies faibles", a-t-il déclaré dans une interview au journal Proto Thema où évoquant le premier ministre il a estimé que ce dernier risque de rester dans l'Histoire en tant que premier ministre à avoir détruit le système de sécurité sociale et les relations de travail.

i-GR/ANA-MPA

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