La traditionnelle galette des rois (Vassilopita) de la Communauté grecque de Paris, qui aura finalement lieu ce dimanche 7 février, un mois après la date officielle, risque d'avoir un arrière-goût de rassis après les trois reports successifs, sans aucune explication, et dont iNFO-GRECE vous révèle les dessous !
Un mois et demi, c'est le temps qu'il a fallu à la Communauté grecque de Paris, la plus importante de France, pour accoucher d'un nouveau bureau après les élections du 13 décembre dernier.
La raison ? L'élasticité de l'interprétation des statuts de l'association qui a abouti, cette fois, à un mode de scrutin mixte où à l'intérieur de chaque liste, on pouvait mettre une croix pour indiquer son candidat préféré. Résultat : des listes majoritaires mais avec une tête de liste ayant moins de voix que les têtes de listes minoritaires. Donc désaccords et malentendus en série sur la personne du futur président. Devrait-il être issu de la liste majoritaire, comme le bon sens habituel le voudrait ou être le candidat ayant récolté le plus de voix sur sa personne ? Deuxième difficulté, un président avec quelle majorité ? Les voix ont été réparties entre les cinq listes présentes Dimokratiki Syspirosi, Présence Communautaire Active, Communauté Unie, Enotiki Kinisi et Nouveaux Horizons qui ont obtenu respectivement 7, 6, 4, 3 et 1 sièges, faisant ainsi de la Communauté Unie, qui se proclamait apolitique et arrivait troisième avec 4 sièges, un véritable arbitre.
Or, Dimokratiki Syspirosi (gauche tendance communiste non affiliée) et Communauté Unie s'étaient entendues avant les élections, et, à l'insu de leurs électeurs, pour former une majorité. Le résultat des élections le leur permettait puisque les deux listes cumulaient 11 sièges sur les 21.
Tout le mois de janvier s’est passé en tractations tous azimuts, et la pauvre Vassilopita mise au frigo vu qu’elle devait être coupée en présence du nouveau président de l'Association.
La liste Communauté Unie, où figurait le président sortant Thomas Efthymiou, apolitique, mais composée aussi bien de mécontents de Nea Dimokratia (ND, droite) que de transfuges du PASOK (socialiste), ne s'est pas avérée aussi Unie que le veut son nom, elle tergiverse entre les appels du pied de la Présence Communautaire Active (proche de la ND) et les accords avec Dimokratiki Syspirosi. Après plusieurs tours de consultations et autant de déchirements entre élus, des voix filent vers la combinaison la plus improbable, à savoir ND PASOK Divers droite, lesquels ne totalisent que 10 sièges mais qui, grâce à l'éclatement de la Communauté Unie, obtiennent une majorité pour élire un président en la personne de Michel Cacouros, un byzantinologue réputé, tête de liste de Présence Communautaire Active (ND). C'est la revanche des listes pilotées par les partis politiques sur les listes indépendantes.
La Communauté parisienne a maintenant un président, mais le malaise persiste. Nombre de membres de l'association peinent à comprendre la logique de ces alliances et restent avec le sentiment que leurs voix ont été marchandées pour des enjeux de pouvoir et contre des sièges et des responsabilités au sein du bureau de l'association.
Malaise également au niveau des responsables des listes protagonistes puisque aucun n'a répondu à l'invitation d'iNFO-GRECE pour donner son point de vue sur cette situation, et, la moindre des choses, expliquer aux membres de la communauté le mystère des trois reports successifs de la célébration de la Vassilopita. Devant ces absences, nous avons décidé de ne pas publier non plus le point de vue du président sortant M. Efthymiou.
Des tensions et des divisions pour des enjeux d'autant plus dérisoires que l'Association communautaire n'a jamais été aussi dépourvue d'objet. Elle n’est plus très représentative de la population grecque vivant à Paris et dans les environs, et encore moins des jeunes, n'ayant plus la gestion ni de la Maison de la Grèce, ni des Ecoles, le nouveau président devra se donner comme priorité de restaurer la légitimité de l'Association auprès des Grecs pour pouvoir continuer à s'appeler "la Communauté".
Cela revient à redéfinir l'objet d'une telle Association. Ce ne sera pas la chose la plus facile, d'autant que la politique officielle de la Grèce concernant les associations des Grecs de l'étranger est on ne peut plus floue et que le nouveau bureau semble vouloir se détacher du réseau des associations culturelles grecques d'Ile-de-France, DIKTYO, créé dernièrement.
La Vassilopita, annoncée comme une initiative commune de la Communauté hellénique, de la Communauté Chypriote et du DIKTYO, n'apparaît plus que comme la Vassilopita des Communautés hellénique et chypriote. Quoi qu'il en soit, iNFO-GRECE y sera pour donner de vive voix ses félicitations au nouveau président et découvrir l'heureux gagnant de la fève ! Mais sera-t-il couronné roi ? On n'est pas encore au bout de nos surprises !
i-GR