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Chypre se mobilise après les menaces turques sur sa prospection pétrolière

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By iNFO-GRECE,

Le président chypriote, Tassos Papadopoulos, est arrivé mardi soir à Athènes pour une visite de travail de deux jours au cours de laquelle il aura des entretiens avec la classe politique grecque sur la question chypriote et notamment les derniers développements autour des prospections pétrolières qui ont grandement irrité la Turquie en début du mois. En recevant M. Papadopoulos, le premier ministre grec, Costas Caramanlis, a accusé la Turquie de mener une politique d'atermoiement.

Mercredi en effet, M. Papadopoulos a rencontré M. Caramanlis, alors que dans l'après-midi, il a eu des entretiens successivement avec les chefs des partis parlementaires, Georgε Papandreou (PASOK), Aleka Papariga (KKE) et Alekos Alavanos (Synaspismos)/ Dans la soirée, le président chypriote sera reçu pour un dîner privé à la résidence de M. Caramanlis. Jeudi matin, avant de quitter Athènes pour Nicosie, il rencontrera le chef de l'Etat, Carolos Papoulias.

MM. Caramanlis et Papadopoulos ont évoqué les perspectives d'application de l'accord du 8 juillet (avec la communauté chyproturque), les développements au sein de l'UE, tant en ce qui concerne la mise en conformité de la Turquie à l'acquis communautaire et la question du règlement en suspens du commerce direct avec les territoires occupés de Chypre, mais aussi les prospections gazières et pétrolières sur le domaine maritime chypriote et les menaces turques qui en ont résulté.

En ce qui concerne la question chypriote, M. Caramanlis a déclaré immédiatement après cette rencontre de plus de deux heures, que la Turquie a adopté "une tactique d'atermoiement" et rappelé que la Grèce est toujours favorable à une solution juste et viable, conformément aux résolutions de l'ONU et aux principes et valeurs européens.

M. Caramanlis a poursuivi que la Grèce oeuvre activement pour que la Turquie se conforme à l'acquis communautaire mais, a-t-il regretté, "nous ne pouvons constater des progrès lorsqu'il n'y en a pas", tout en rappelant que les conclusions de la Commission européenne en décembre dernier ont tracé à la Turquie la voie à suivre pour qu'elle puisse poursuivre sa marche européenne.

Pour sa part, M. Papadopoulos a déclaré qu'il s'agissait d'une rencontre prévue dans le cadre des contacts réguliers et de l'excellente collaboration entre les deux pays et, répondant ensuite aux questions des journalistes, a précisé que la question des prospections pétrolières, bien que non inscrite à l'ordre du jour de la rencontre, ont bien été évoquées avec son interlocuteur car, a-t-il remarqué, "cela n'aurait pas été logique de ne pas le faire".

Le président chypriote a dit avoir informé M.Caramanlis du fil actuel des événements sur cette affaire et affirmé que Chypre exerce ses droits souverains sur le fondement du droit international, tout en précisant que des décisions seront ultérieurement prises en fonction des résultats des recherches. M. Caramanlis a lui aussi réaffirmé que que "tout Etat a le droit d'exercer ses droits souverains conformément au droit international" et, commentant les réactions de la Turquie, il a noté que la Grèce souhaite la normalisation des relations gréco-turques, mais que "la Turquie est à présent jugée sur son comportement", puisqu'elle s'est engagée au niveau européen à adopter des relations de bon voisinage et à ne pas recourir à la menace ni à créer un climat de tension.

Passant ensuite sur le règlement en suspens du commerce direct de l'UE avec les territoires occupés de Chypre, M. Papadopoulos a assuré que Chypre y travaille systématiquement, afin que les objectifs de l'accord du 24 avril 2004 soient atteints, à savoir aider économiquement la communauté turco-chypriote mais aussi contribuer à l'intégration économique qui pourrait permettre une réunification de l'île. M. Papadopoulos a averti toutefois que le redressement économique de la communauté turco-chypriote ne doit pas servir au contraire à conforter la division de l'île car, a-t-il rappelé, "l'isolement de cette communauté résulte d'une invasion et d'une occupation".

Le ministre des AE Mme Bakoyannis s'est longuement référée à la question chypriote mardi tard dans la soirée lors d'une information la commission compétente du Parlement grec sur les développements en politique étrangère

"L'application par des Etats souverains de principes et de pratiques quotidiennes qui vont de soi ne doit ni ne peut être mise en doute. C'est ce que font Chypre, l'Egypte et le Liban", a-t-elle souligné citant l'accord conclu par la République chypriote avec les deux autres pays pour l'exploitation de gisements de pétrole dans la région de la Méditerranée orientale.

Parallèlement, Mme Bakoyannis a adressé un message à la Turquie l'invitant à respecter et à répondre pleinement aux critères européens, notamment à celui du bon voisinage.

"Je crois et j'espère que la Turquie ne fermera pas les yeux à la perspective d'un avenir meilleur pour elle et que malgré les poussées de fanatisme, elle restera attachée à la paix. Nous avons conscience que le pays voisin traverse une période électorale, mais ceci ne peut être un alibi pour l'entretien d'un climat de tension et d'instabilité", a affirmé Mme Bakoyannis.

De son côté, le leader de l'opposition et président du PASOK M. Papandreou a également exprimé son soutien à Chypre lors de son entretien avec le président chypriote. "Il existe une ligne rouge dans les relations internationales et celle-ci concerne le respect des droits souverains des Etats. La Turquie doit enfin respecter les droits souverains des pays voisins et, bien entendu, des Etats-membres de l'UE", a-t-il affirmé.

Pour sa part, le président de Synaspismos, M. Alavanos, a demandé l'activation de l'accord Papadopoulos-Talat et des commissions qui y sont prévues, soutenant que seront ainsi posées non seulement les questions quotidiennes mais aussi celles concernant le règlement de la question chypriote. "Il est important que l'autre partie prenne ses responsabilités", a ajouté M. Alavanos, procédant à ces déclarations à l'issue de son entretien mercredi avec M. Papadopoulos.

S'agissant des prospections pétrolières, M. Alavanos a affirmé que "la Turquie doit arrêter de mettre en doute le droit international de la Mer, d'autant plus vis-à-vis de deux pays différents, la République chypriote et l'Egypte, alors qu'il est nécessaire que l'UE ait une position active dans cette question".

i-GR/ANA-MPA

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