Le premier ministre, Costas Caramanlis, s'est dit satisfait des conclusions du Conseil européen, en particulier du paragraphe concernant la Turquie, dans une conférence de presse aussitôt après la fin des travaux vendredi du Sommet de l'UE à Bruxelles. En effet, la Turquie est rappelée à ses obligations aussi bien en ce qui concerne sa démocratisation que sa politique de bon voisinage et de résolution par la voie du dialogue de ses différends.
Le Conseil européen, a affirmé M. Caramanlis reprenant deux points majeurs des conclusions, appelle la Turquie à réaliser des progrès dans la satisfaction des critères qui lui ont été posés par l'UE, dans le cadre desquels est cité tacitement l'engagement d'avoir des relations de bon voisinage, tout comme son devoir de veiller à éviter toute action qui pourrait influencer négativement le processus de règlement pacifique des différends.
De plus, M. Caramanlis a relevé que les conclusions réitèrent toutes les obligations qui découlent pour Ankara en vertu de la déclaration de septembre 2005 concernant le Protocole additionnel (sur l'Union douanière) et l’ouverture des ports turcs aux navires chypriotes. Le premier ministre grec a dit à cette occasion avoir invité en visite officielle à Athènes le président de la République chypriote, Tassos Papadopoulos, dans les prochaines semaines.
Concernant plus généralement la question de l'élargissement, M. Caramanlis a averti qu'il ne faut en aucun cas adresser un message erroné aux pays des Balkans occidentaux, puisque l'optique européenne de cette région constitue le facteur-clé de stabilité et de prospérité.
Par ailleurs, M. Caramanlis a fait référence à la procédure de ratification de la Constitution européenne et a la question de l'elargissement de l'UE.
Sur la question institutionnelle, M. Caramanlis a mentionné que les "25" ont décidé de proroger "la période de réflexion" et de demander aux présidences à venir (Finlande puis Allemagne) de faire des propositions pour les étapes suivantes, le premier ministre précisant que les partenaires européens ont adopté une double stratégie, à savoir, valoriser tout le potentiel des traités existants de façon à obtenir les résultats souhaités par les citoyens européens, la présidence allemande étant chargée d'élaborer le premier semestre 2007 un rapport d'évaluation des concertations, lequel constituera la base des décisions ultérieures des chefs d'Etat et de gouvernement européens, l'objectif pour l'UE étant d’arrêter des décisions et mesures concrètes dans le courant de 2008; mais aussi de demander à la Commission européenne de préparer un rapport sur la capacité de l'UE à absorber de nouveaux membres.
M. Caramanlis a insisté que la Grèce souhaite que l'UE garantisse l'avenir de la cohésion européenne de sorte qu'elle puisse fonctionner politiquement, financièrement et institutionnellement.
Le premier ministre est apparu également satisfait que les "25" se soient penches sur les relations entre les pays des Balkans occidentaux et l'UE et a ajouté qu'a propos de la lutte contre l'immigration clandestine, la Grèce a toutes les raisons de se réjouir puisqu'elle avait proposé il y a déjà deux ans la création d'un Corps européen de gardes-côtes comme celui décidé aujourd'hui par ses partenaires européens.
A ce point, M. Caramanlis a expliqué que l’UE a décidé entre autres actions de se charger du développement d’infrastructures suffisantes de surveillance de ses frontières maritimes et de la création de Forces frontalières d’intervention rapide.
Réactions positives au PASOK, triomphalisme injustifié pour les communistes
Le responsable de la section Politique étrangère du PASOK, Christos Papoutsis, a salué les conclusions du Conseil européen de Bruxelles au chapitre de la Turquie, relevant qu'y figure un rappel des obligations fondamentales de ce pays candidat et qu'il s’agit en ce sens d’un pas positif dans la bonne voie.
"Le message est clair", a estimé M. Papoutsis, "il existe une bonne volonté mais les marges se rétrécissent pour la Turquie. Les faits toutefois révèlent l'ampleur réelle des choix erronés du gouvernement de M. Caramanlis, ayant abandonné les engagements pris et le calendrier figurant dans les décisions d'Helsinki concernant notamment les intérêts grecs, et ayant aussi abandonne les moyens de résoudre le différend sur le plateau continental via la Cour internationale de Justice de La Haye".
M. Papoutsis a réagi par ailleurs aux déclarations du premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, considérant qu'elles sont « hors de l'espace et du temps » lorsqu'elles tentent d'associer les obligations de la Turquie vis-à-vis de l'UE avec la reconnaissance de facto des territoires occupés à Chypre. « Quelqu'un doit dire enfin à M. Erdogan », a-t-il ajouté, « que le soi-disant isolement des Turco-chypriotes est dû justement au maintien des forces d'occupation turques dans le Nord de Chypre, un pays indépendant, membre de l'ONU et Etats-membres de l'UE. »
« Le Sommet de l’UE a été encore une fois un Conseil hypocrite et trompeur pour les peuples, mettant en avant les intérêts de l'oligarchie, et aussi encore une fois un Conseil de points de vue divergents », a indiqué en revanche un communiqué du KKE (communistes) vendredi qui ajoutait ne pas comprendre la satisfaction du gouvernement en ce qui concerne les positions de l'UE sur l’adhésion de la Turquie.
« Le triomphalisme du gouvernement sur les conclusions de l'UE n'est aucunement justifie », poursuit le communique, « et en particulier celles sur la Turquie puisque, avec le consentement du gouvernement, la période de concertations sur l'adhésion de la Turquie est prolongée, bien que la République de Chypre ne soit toujours pas reconnue, que l'armée d'occupation (turque) reste à Chypre et que ses revendications et incidents en Egée soient provocants. »
A propos de la Constitution européenne, le KKE relève l'accord sur le délai supplémentaire de réflexion, l'interprétant comme le temps nécessaire pour convaincre les Européens d'accepter le « traité réactionnaire et de culpabiliser les Français et les Néerlandais puisque ayant vote contre. »
De son côté, Synaspismos (gauche radicale) observe que l'UE continue à ne pas inspirer la confiance des citoyens, comme cela est le cas depuis des années, notant la nécessité de changements en faveur des Européens.
i-GR/ANA-MPA