Au 7e jour de la grève des marins et à la suite de l'échec de la rencontre mardi soir entre le ministre de la Marine marchande, Manolis Kefalogiannis, et les représentants de la Fédération panhellénique des marins (PNO), le gouvernement a pris la décision, tôt mercredi matin, du recours à la réquisition des marins à partir de 6h du même jour et sans date limite. La décision de réquisition a été prise après que le tribunal de première instance du Pirée ait rejeté le recours en justice des armateurs sur l'illégalité de la grève et après l'annonce par la PNO mardi soir de reconduire pour la 3e fois sa grève de 48h jusqu'à vendredi matin, tandis que le soutien des partis de l'opposition aux grévistes donne une tournure politique au mouvement.
Dans une conférence de presse dans la journée, M. Kefalogiannis a souligné que le gouvernement avait épuise toutes les marges possibles d'un dialogue avec la PNO, dans un esprit de collaboration, afin de détendre la situation et rechercher une solution aux problèmes, alors qu'il n'avait rencontre de la part de ses interlocuteurs que de l'intransigeance.
Le ministre a rappelé que toutes les questions institutionnelles avaient été réglées précédemment, et que la réunion de mardi soir était centrée sur les revendications financières des marins. Ceci dit, le gouvernement avait posé comme condition que la PNO, soit assure un service pour le transport vers les îles de médicaments et produits de première nécessite, soit que la Fédération ajourne la grève jusqu'à lundi afin d'examiner le volet salaires et autres revendications économiques.
Dans son point de presse, le ministre d'Etat et porte-parole du gouvernement, Theodore Roussopoulos, a justifié également la décision de réquisition dans le respect de la légalité et de la Constitution, ainsi que des droits de tous les citoyens.
La Fédération panhellénique des marins (PNO) avait décide la veille de reconduire pour la 3e fois sa grève de 48h jusqu'a vendredi matin à 6h, alors que dans le même temps le ministre de la Marine marchande, Manolis Kefalogiannis, invitait la direction des délègues syndicaux à une nouvelle rencontre à 19h.
Entre temps, le tribunal de première instance du Pirée a rejeté la demande en référé déposée par les armateurs de déclarer "illégale et abusive" la grève de la PNO. Curieusement la PNO avait communiquée plus tôt uen information contraire dans les medias qui avait été largement difusée contribuant à la confusion.
La situation devenait critique dans le port du Pirée où quelque 5.000 camions et poids lourds attendaient la levée de la grève pour embarquer pour les îles grecques.
Le matin même le ministre de l'Economie et des Finances, Georgios Alogoskoufis, et le ministre de la Marine marchande, Manolis Kefalogiannis, annonçaient que "les revendications financières de la Fédération des marins [étaient] examinées par les services compétents des deux ministères, afin de rechercher les moyens d'y satisfaire en tenant compte des particularités de la profession maritime".
Dans une intervention en ouverture de la réunion mardi des coordinateurs du groupe parlementaire du PASOK, le président du parti, Giorgos Papandreou, a accusé le gouvernement d'être entièrement responsable de la situation dans les lignes maritimes et le blocus des îles.
M. Papandreou, qui s'en est pris au gouvernement en le taxant de suivre une tactique de "Ponce Pilate", l'a accusé ouvertement "d'être à l'origine de la polarisation et de la division entre agriculteurs et marins, entre routiers et marins", faisant allusion aux situations de conflit dans plusieurs ports entre catégories professionnelles.
De son côté, le président de Synaspismos, Alecos Alavanos, s'est rendu au port du Pirée, accompagne du membre du Bureau politique, Panagiotis Lafazanis, pour discuter avec les représentants des grévistes et exprimer le plein soutien de son parti "à la grande lutte que livrent aujourd'hui les marins".
La veille, les marins avaient eu une rencontre avec le Secrétaire général du KKE (parti communiste), Aleka Papariga.
En Crète, où les manifestations des agriculteurs dans l'incapacité depuis une semaine d'écouler leur production, ont pris des formes musclées surtout dans le port et le siège du chef de région, les quatre préfets de l'île ont sollicité dans une lettre commune une rencontre avec le Premier ministre.
Mercredi soir la situation demeurait tendue au port du Pirée où les grévistes se sont heurtés aux forces de l'ordre dans une tentative d'empêcher l'amarrage de deux bateaux en provenance de Crète.
i-GR/ANA