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Référendum sur le Traité constitutionnel en France : Un pilier de l'Europe s'est écroulé

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By iNFO-GRECE,

Les Français auraient voulu se trouver au centre des regards du monde qu'ils ne se seraient pas pris plus mal. Force est de constater que leur façon de faire a cependant réussi. Toute l'Europe était suspendue ce week-end au résultat du référendum français. Avec la menace d'un NON au Traité de Constitution de l'Union Européenne, les Français ont réussi à devenir le temps d'un week-end le centre du monde, mais ont galvaudé ainsi leur image de pilier de la construction européenne. Parce que, que faire d'un centre qui n'a pas confiance en lui-même et qui de plus se réclame une exception !

Gaspiller l'opportunité de vote sur une question européenne pour régler ses affaires de famille témoigne non seulement d'une absence de civisme européen, mais est aussi une marque d'intolérance pour leurs propres institutions. Si la revendication dominante de plus de social est parfaitement légitime, le référendum de ce week-end n'était vraiment pas le lieu pour l'exprimer. Voudraient-ils que la Constitution française leur garantisse qu'un gouvernement de gauche soit issu à chaque élection ? Cela a des accents de feu régimes du rideau de fer, mais la question n'est pas saugrenue. La démagogie est dangereuse que parce qu'elle a l'art de produire des miracles en mobilisant les masses au-delà de la raison.


La présence des quelques figures libérales du socialisme parmi les supporters du NON ne doit pas masquer que les véritables artisans du refus français de l'avancée de l'Europe sont Le Pen et Besancenot.

Parce que ne nous détrompons pas sur la composition du NON, ne masquons pas la réalité avec la même hypocrisie que les grands médias français, qu'évidemment ne peuvent supporter l'idée que les Français soient entraînées dans les extrêmes les moins fréquentables de la politique nationale. La présence des quelques figures libérales du socialisme et de quelques brébis égarées du camp conservateur parmi les supporters du NON ne doit pas masquer que les véritables artisans du refus français de l'avancée de l'Europe sont Le Pen et Besancenot. Oui ceux-là même qui vous enverraient sans la moindre formalité la moitié de leurs concitoyens, l'un aux camps de concentration pour traîtrise communiste et l'autre au Goulag pour complot anti-révolutionnaire. Hypothèse exagerée ? Lundi matin, regardez plutôt les cartes des régions de la France du NON, et comparez-la avec la carte des scores Le Pen et Besancenot aux élections de 2002. Oui ces deux-là n'ont aucun intérêt à ce que le pouvoir politique se structure et se forme à l'échelle de l'Union Européenne. Le vieux Marx l'avait prédit : le capitalisme porte en lui-même sa déperdition. Empêchons donc que le politique corrige les travers d'un libéralisme incontrôlé, afin que la prophétie se réalise ! C'est du Baudrillard qui, quant il broie du noir, prône de pousser le système à son paroxysme pour qu'il s'écroule de lui-même. Car l'avenir d'une Europe sans Constitution s'inscrit, évidemment, à l'opposé des attentes de ceux qui ont été charmés par les chants des ténors du NON. Sauf que ces ténors n'ont pas la lucidité de Baudrillard ou plutôt sa franchise pour voir que ce NON est un NON à l'OUI ; un NON réactionnel, jamais raisonné.


Comment que les populations ne seraient pas dans le désespoir face à leurs gouvernement local, quand elles voient leur chef d'Etat ou de gouvernement traité comme un petit élève par des Commissaires hier encore ministres de second rang dans leur pays d'origine ?

Et des attentes il y en a. C'est même le seul point positif de cette consultation populaire française. Que les gens attendent tellement de l'Europe… Mais aussi que l'arrogance avec laquelle l'Europe a affiché jusqu'ici ses certitudes fait peur. Les Commissions bruxelloises étaient devenues des voies de recyclage de tous les has-been politiques de chaque pays-membre. Comment que les populations ne seraient pas dans le désespoir face à leurs gouvernement, quand elles voient leur chef d'Etat ou de gouvernement traité comme un petit élève par des Commissaires hier encore ministres de second rang dans leur pays d'origine ? Combien y a-t-il eu des Présidents de la Commission qui se sont fait remarquer par leur foi et leur volontarisme européen, à 2-3 exceptions près, dont le Français Delors ? Les autres, souvent des perdants dans leur propre pays, ont brillé par leur incompétence et ne se sont fait connaître du grand public que par les remontrances répétées et les bras de fer engagés face aux gouvernements nationaux. Le repli national était donc à attendre, mais pas forcement chez ceux qui se vantent d'être les fondateurs de l'Europe.

Seulement voilà : à cette arrogance technocratique, il était question d'introduire un peu d'action politique avec le sens de responsabilité que cela sous-entend de représenter 25 pays. L'occasion a été gaspillée. Mais les Français dans cette affaire n'ont été qu'à l'image de leurs états-majors politiques : du calcul de court terme. Si on dit non au référendum, Raffarin il dégagera ! Tout comme Chirac qui a proposé la voie référendaire dans l'espoir de diviser le parti socialiste. Tout comme Fabius, le n° 2 socialiste, se reniant lui-même, qui a trouvé dans l'alliance avec l'extrême gauche le moyen pour s'imposer candidat de la gauche à la prochaine présidentielle. Encore Chirac qui clame que l'enjeu est la puissance France dans l'UE. Non, Monsieur Chirac, on ne rejoint pas une famille plurielle, comme l'est la famille européenne, en caressant le rêve d'être son éternel chef ! On ne construit pas une Union en attisant les rivalités entre ses membres. Une Union demande générosité, confiance en soi et, effectivement, perte de quelques privilèges. La démocratie occidentale n'est-elle pas fondée elle-même sur la perte de privilèges des anciens régimes plus que sur leur addition ? C'est ce qui ont bien compris les souverainistes qui brandissent le spectre de la perte de l'identité nationale. Au passage, ils vous présentent l'identité nationale comme une valeur inébranlable, alors qu'elle est si fragile qu'il suffit de douter pour la perdre. Et, c'est bien sur ce doute qu'ils ont surfé, c'est bien ce doute qu'ils ont cultivé. Et les fantômes des Ritals, des Juifs et autres intrus de l'Hexagone bleu-blanc-rouge ont resurgi avec force se réincarnant dans le plombier polonais d'aujourd'hui. Il a suffi de 2-3 exemples d'entreprises qui ont abusé des failles du système européen, des affaires concernant quelques dizaines d'employés, pour que la France des 60 millions se croit foutue...

En tant que site francophone d'information sur la Grèce, nous avons pu à iNFO-GRECE avoir une petite idée des intentions de vote des Grecs de France et des amis français de la Grèce. Par le sondage en ligne, à travers les nombreuses discussions dans les forums aussi. Le spectre de la Turquie, l'indépassable rancune envers l'ennemi héréditaire, y était pour beaucoup dans les intentions de vote. Sur 460 personnes exprimées dans notre sondage, l'argument Turquie venait en première place avec 42,92% des préoccupations. Le contenu même du texte du Traité arrivait cépendant en deuxième position avec 32,46% des répondants déclarant voter en fonction du Traité. Seuls 11,76% de nos répondants disaient être influencés par la situation sociale dans leur pays. Des chiffres tout à fait honorables qui montrent non seulement l'attachement de notre lectorat à l'Europe, mais surtout en ces heures grises pour la France, que nos lecteurs savent discerner entre affaires nationales et affaires européennes, entre choix d'un modèle de société et choix d'un mode de gestion du pouvoir politique.

AE

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