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Le ministre grec des Affaires étrangères pris en "otage" par les militaires turcs

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By iNFO-GRECE,

La visite du ministre des Affaires étrangères, Petros Molyviatis, à Ankara a été l'occasion, malgré lui, de tester si des moyens existent pour éviter que les provocations en Egée ne se développent en crise grave. "Cela constitue un grand succès dans la coopération des deux pays", a estimé M. Molyviatis. Mais, ce fut surtout l'occasion de tester le sang froid du ministre grec, avec l'armée turque qui a préparé une belle provocation sur l'îlot d'Imia, laquelle a failli dégénérer de peu, pendant que M Molyviatis et son homologue turc, M. Gül, signaient les accords de coopération !

Le Premier ministre, Costas Caramanlis, a reçu jeudi matin le ministre des Affaires étrangères, Petros Molyviatis, pour connaître le bilan de ses entretiens mardi et mercredi à Ankara avec les dirigeants politiques turcs, des entretiens qualifies de bons et productifs.

A une partie de la presse qui s'interrogeait en particulier pourquoi le chef de la diplomatie grecque ne s'était pas retiré des discussions alors qu'un climat de tension existait au même moment dans la région des îlots Imia (Est de l'Egée), M. Molyviatis a répondu que "si j'étais parti, nous aurions eu une détérioration brutale dans les relations greco-turques et nous aurions eu une crise grave, alors que, grâce à ce que nous avons fait, un incident imminent à été désamorcé et le calme est revenu". M. Molyviatis a tenu à souligner en outre que toutes les démarches nécessaires pour dénoncer ces nouvelles violations des eaux territoriales grecques en Egée avaient été faites.

M. Molyviatis a été reçu mercredi par le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, qui l'a chargé de transmettre à son homologue grec, Costas Caramanlis, une invitation à visiter la Turquie.

Le ministre des Affaires étrangères s'est également entretenu avec le président et les membres de la commission des Affaires étrangères de la Grande assemblée nationale turque, Mehmet Dulger, ainsi qu'avec le SG du Conseil de sécurité nationale, Yigit Alpogan.

La veille M. Molyviatis avait rencontré de son homologue turc, Abdullah Gül. Les deux ministres ont confirmé la volonté commune de la Grèce et de la Turquie de renforcer encore plus leurs relations bilatérales.

En vue de l'instauration d'un climat de confiance et au vu de la nécessité de réduire les causes de tensions et de frictions, les deux parties sont convenues de mettre en place une ligne téléphonique directe entre le Centre national des opérations aériennes de Larissa et le Centre aérien turc de EskiSehir, "afin d'éviter des événements indésirables", a annoncé M. Molyviatis.

Les deux parties sont également convenues de trois autres mesures de confiance qui concernent l'inauguration d'une coopération entre les unités d'intervention rapide des deux pays pour faire face aux catastrophes naturelles et l'organisation d'exercices communs en la matière; la participation du personnel militaire aux programmes d'enseignement et d'apprentissage des langues des deux pays; enfin, l'organisation d'événements sportifs entre le personnel militaire des deux pays.

Lors des déclarations à la presse, M. Molyviatis a observé que "l'amélioration des relations des deux pays devra se refléter aussi dans certaines activités militaires en Egée, lesquelles influent de façon négative sur le climat des relations bilatérales". De son côté, M. Gül a assuré que "ces mesures seront soutenues aussi par nos autorités militaires".

Sur le dossier de la marche européenne de la Turquie, M. Molyviatis a expliqué que "la vision de la Grèce est de transformer notre voisinage en une région comme le reste de l'Europe, a savoir une région de paix, de démocratie, de prospérité et de stabilité, avec le plein respect des droits de l'Homme, des libertés religieuses et de la protection des minorités", explicitant que la Grèce soutient dans ce contexte l'optique européenne de la Turquie qui, a-t-il souligné, a droit de devenir membre à part entière de l'UE dès lors qu'elle remplira les règles et critères prévus par l'UE. M. Gül a, de son côté, exprimé sa satisfaction sur l'attitude observée par Athènes sur ce dossier.

Au chapitre de la question chypriote, M. Molyviatis a estimé que les parties convergent sur l'objectif de la réunification de l'île et réitéré que la solution devra être trouvée par des négociations sur la base du plan Annan et être viable, fonctionnelle et conforme aux résolutions des Nations unies et des principes et valeurs européens.

"Je pense que nous pouvons répondre au défi historique de la normalisation des relations de nos deux pays et nos deux peuples. Je pense que nous avons franchi aujourd'hui un pas supplémentaire", a affirmé M. Molviatis, qui a invité M. Gül à Athènes afin de, a-t-il insisté, faire en commun encore un pas dans l'amélioration des relations bilatérales.

Pour sa part, M. Gül a insisté sur l'impératif d'améliorer aussi les liens économiques, notamment dans le commerce, le tourisme, les communications et les affaires, signalant à cette occasion toute l'importance que revêt le début du fonctionnement du gazoduc Karacabei-Komotini en 2006. Enfin, les deux parties sont convenues de moderniser les liaisons ferroviaires entre les deux pays, mais aussi de créer une ligne maritime entre Izmir et Le Pirée.

Le voyage en Turquie de M. Molyviatis s'est terminé par une visite au Patriarche œcuménique, Bartholomeos I au Phanar, Constantinople.

Pendant ce temps-là...

Le porte-parole par intérim du gouvernement, Evanghelos Antonaros, a été amené mercredi à commenter de nouvelles violations des eaux territoriales grecques en Egée, un navire garde-côte turc étant reste cette fois plus de 24h très près de l'îlot Imia.

Le gouvernement suit de près et en permanence ce qui se passe autour d'Imia, a déclaré M. Antonaros, et prend toutes les mesures qui s'imposent pour défendre les droits souverains de la Grèce en Egée et également réduire la tension, relevant toutefois que de telles actions n'aident en rien à l'amélioration des relations bilatérales greco-turques. Rectifiant un journaliste parlant d'"invasion" à propos de cette opération de la Turquie, M. Antonaros a rejeté tout ce qui peut faire impression, mais reconnu que de telles actions contestent les droits souverains de la Grèce.

Enfin, en commentaire d'un député de l'opposition estimant que le chef de la diplomatie grecque, Petros Molyviatis, présent à Ankara le jour même des événements, aurait dû se retirer des entretiens avec la partie turque, M. Antonaros a répondu qu'il n'avait pas été question que M. Molyviatis se retire des négociations avec son homologue turc, Abdullah Gül, et explicité que la diplomatie n'a pas lieu publiquement, assurant dans le même temps que M. Molyviatis a fait tout ce qui était nécessaire pour défendre les intérêts nationaux.

Le secrétariat politique de Synaspismos et son président, Alekos Alavanos, ont demandé mercredi la convocation d'urgence du Conseil national de Politique étrangère, afin de discuter de la question du nom de la FYROM, des relations greco-turques et, en général, de la situation actuelle dans les Balkans, avec en premier l'ouverture attendue du débat sur le statu quo au Kosovo.

Dans ses déclarations, M. Alavanos se dit inquiet sur ce qui se passe au plan de la politique étrangère et note le contraste entre d'une part ce qu'il a appelé des relations "idylliques" entre les deux ministres des Affaires étrangères de Grèce et de Turquie, MM. Molyviatis et Gül, et d'autre part "la présence militaire provocante de la Turquie à Imia et au champ de manoeuvres d'Andros".

Invité à commenter la coïncidence des violations turques en Egée et des entretiens du chef de la diplomatie grecque à Ankara, M. Papandreou n'a pas souhaité répondre tant que M. Molyviatis était en visite à Ankara. En revanche, le président du PASOK, suite a la lettre de M. Caramanlis sur le nom de la FYROM, a estimé que la question importante n'est pas la lettre que le Premier ministre a adressée aux dirigeants politiques aux Etats-Unis et en Europe, mais le fait que, alors que nous discutions a niveau international du nom de la FYROM, nous en sommes arrives à présent à discuter si, nous-mêmes, nous pouvons utiliser le mot Macédoine ", a déclaré mercredi le président du PASOK, Georges Papandréou.

i-GR/ANA

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