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La Grèce et la francophonie : une occasion pour le français de retrouver ses lettres de noblesse

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By iNFO-GRECE,

Si l’admission récente de la Grèce, d’Andorre, d’Autriche, de la Croatie, de la Hongrie, de l’Arménie et de la Georgie dans l’Organisation Internationale de la Francophonie signifie une réorientation des axes politiques de la francophonie, il est indéniable que ces nouveaux pays constituent l’occasion idéale pour réussir ce virage. Rien toutefois n’est moins sûr. La tradition et la culture d’un certain esprit francophone accumulé depuis des années est un poids avec lequel il faudra faire avec. Et, la meilleure façon de faire avec est de lever toutes sortes d’ambiguïtés en établissant avec le continent africain - qui prédétermine aujourd’hui la politique francophone - des relations adultes. Pour la Grèce c’est l’opportunité d’être présente dans un continent qu’elle méconnaît encore. Pour cela, la langue française est son meilleur moyen.


Formé d’une majorité de pays africains parmi les plus pauvres de la planète, le cercle francophone était loin de la représentation que l’on se fait de la langue française en Occident. Anciennement langue de la diplomatie, des Sciences, des Arts, des Lettres et de la Culture, ces attributs ont été progressivement estompés curieusement au fur et à mesure du désengagement colonial de la France en Afrique. La francophonie a alors été souvent soupçonnée d’être un moyen de rattrapage de cette perte d’influence. C’est pourquoi l’arrivée aujourd’hui, avec l’adhésion de la Grèce, de la plus ancienne culture européenne dans le cercle francophone, est une chance pour la France de lever ces ambiguïtés.

Depuis quatre siècles les penseurs français ont contribué à ramener la culture classique grecque au devant de la scène intellectuelle européenne et à y puiser les concepts sur lesquels se sont battis les Etats modernes et sur la façon de gérer leur relations : démocratie et dialogue. Cette actualisation de l’héritage grec par les Français la culture grecque le leur rendait au quadruple en faisant de leur langue la première langue de la pensée moderne. Aujourd’hui encore et dans le siècle qui vient juste de se terminer, les grands penseurs français du Politique sont/étaient imprégnés de cette culture classique, certains étant aussi d’origine grecque mais ayant bénéficié de l’accueil généreux de la France ont fini par donner le meilleur de leur œuvre directement dans la langue de Molière.

Le rapprochement officialisé qui s’opère aujourd’hui entre la Grèce et la langue française n’est en fait que la juste publication des bans de vieilles complicités. Sans abandonner sa politique africaine faite de solidarités plus nécessaires encore aujourd’hui que le monde de relations internationales traverse une période d’incertitudes, l’adhésion de sept nouveaux pays européens, et notamment de la Grèce et de l’Autriche, est une invitation à la francophonie à repenser son avenir, une opportunité pour la langue française de pas être seulement une grande langue internationale par le nombre de ceux qui la parlent, mais par ses lettres de noblesse retrouvées.

Cela dit, la Grèce aurait tort de considérer qu’elle ne fait qu’apporter sa culture et une « réoccidentalisation » à la francophonie. Les liens de solidarité qui se sont tissés entre les pays déjà membres de l’Organisation Internationalité de la Francophonie sont une immense richesse et une opportunité pour la Grèce sur l’échiquier international. La Grèce est très peu présente politiquement, économiquement et culturellement en Afrique, malgré un bassin méditerranéen qu’elle partage avec l’Afrique du Nord. La langue française est un véhicule idéal pour s’y faire connaître et apprendre à connaître des cultures très éloignées de la sienne. Mais surtout, l’affaiblissement du poids africain dans la francophonie avec l’arrivée des 7 nouveaux pays européens permet d’entretenir avec la francophonie des rapports décomplexés. Condition nécessaire pour que la francophonie devienne aussi un moyen de rééquilibrage des poids des langues en Europe et un pilier de l’Europe des cultures plurielles.

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