Athènes a vivement réagi ce week-end aux déclarations provocatrices du recteur de l'Université de Constantinople, Kemal Alemdaroglou, lors de la projection d'un film sur la bataille des Dardanelles au cours de la 1e guerre mondiale, estimant en commentaire sur les développements à Chypre que ''s'il le faut, et même avec 135.000 morts, nous pouvons occuper la Grèce et Chypre''.
"Nous nous adressons", a dit le recteur Alemdaroglou, "a tous les officiels qui se trouvent en Suisse. Je suis de la génération de ceux qui scandaient 'division ou la mort'. Qu'ils ne se hasardent pas à faire des compromis pour Chypre".
Des sources gouvernementales grecques ont qualifié ces déclarations extrémistes et entièrement hors du contexte des relations bilatérales, regrettant que le recteur "soit dans l'incapacité de comprendre les nouvelles réalités qui s'élaborent avec l'optique européenne de la Turquie et en général de toute l'Europe du Sud Est".
Au Ministère de la Défense on déclare qu'"on a des sujets plus sérieux à nous occuper présentement que les allégresses d'individus qui n'ont aucune position institutionnelle chez notre voisin".
Le KKE (parti communiste) et Synaspismos (gauche radicale) ont également critiqué ces déclarations, alors que le compositeur Mikis Theodorakis, a rappelé que M. Alemdaroglou avait été un partisan du rapprochement greco-turc, et reçu notamment le prix de la paix et de l'amitié greco-turcque Ipektsi. "J'espère, a-t-il relevé, qu'il est le seul parmi tous nos amis de l'autre côté de l'Egée à avoir une idée si originale de l'amitié entre les peuples".
"Je voudrais demander à Monsieur le recteur, au cas où l'armée turque occuperait la Grèce et Chypre, quel genre de régime il nous imposerait ? Celui du sultan qui enlèverait nos femmes et nos filles pour les amener aux harems des pachas et nos garçons pour en faire des janissaires ? ou celui d'Hitler avec la terreur, la faim, les tortures, les exécutions et les camps de concentration ?", a dit le compositeur grec.