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Elections à la Communauté grecque de Paris. Le... pari de la continuité

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By iNFO-GRECE,

En pareilles occasions, tout le monde s'estime gagnant. A l'analyse pourtant des résultats, il apparaît qu'il y a des plus et des moins gagnants, mais un premier constat est à faire : que la logique de conciliation a prévalu et que les électeurs ont plébiscité à 55% des votes exprimés les deux formations "centrisantes", de gauche et de droite, qui avaient déjà coopéré dans la gestion de la plus grande communauté grecque en France, lors du mandat précédent. Conclusions au terme d'une héroïque nuit de décompte des votes dans la Communauté hellénique de Paris.

Pas moins de 8 heures qu'il n'a fallu au dépouillement des 980 bulletins de vote pour l'élection du nouveau Conseil d'Administration de la Communauté hellénique de Paris et des environs. Et, pourtant l'effectif était conséquent. Mais besoin était une fois encore (ou de trop) de faire la preuve "a la grecque". Vers quatre heures lundi matin, les premiers résultats étaient enfin disponibles au grand soulagement des candidats.

 

SIGLES

Anexartisia-Dimokratia Enotita

ADE

Anexartiti Enotiki Kinisi

AEK

Dimokratiki Syspeirosi

DS

Enotiki Kinisi

EK

Neoi Orizontes

NO

Aristeri Rizospastiki Paremvassi

ARP

2001

Aneksartiti lista

AL

Ellinon Enossi

EE

Proodeftiki Kinisi

PK

Avec 981 votes votants, on ne peut pas dire qu'il y a eu forte mobilisation des Grecs de Paris pour la seule instance pouvant les représenter, elle est même en baisse sensible (100 personnes de moins) par rapport aux élections de 2001. Cela dit le contexte en 2001, était quelque peu différent dans la mesure où la communauté parisienne était appelée à mettre fin à plusieurs années de "guerre civile" qui avaient vu les prétendants au gouvernail des grecs de Paris remplir pitoyablement les chroniques judiciaires des tribunaux parisiens.

C'est d'ailleurs cette volonté de réconciliation qui a prévalu aux élections de dimanche avec la reconduction des deux listes qui avaient la majorité au Conseil d'administration sortant. Celle de Anexartitisia-Dimokratia-Enosi (ADE - Indépendance Démocratie Union) menée par le président sortant, Andreas Tsapis, et celle de l'Anexartiti Enotiki Kinisi (AEK - Mouvement Unitaire Indépendant) menée par Vassilis Florakis, qui à eux deux réunissent 55,2% des votes.

Si l'AEK bénéficiait ouvertement du soutien du parti conservateur grec de Nea Dimokratia, le cas de l'ADE était plus problématique. Andreas Tsapis avait conduit aux élections de 2001 la liste de Enotiki Kinissi, proche du parti socialiste grec (PASOK), était lâché en cours de route par la section parisienne du parti qui lui reprochait d'avoir accepté de co-gérer la communauté hellénique avec la droite, arrivée première aux élections de 2001.

Andreas Tsapis, en arrivant premier sans le soutien du parti, prend ainsi sa revanche avec 307 bulletins et 32,28% des votes en faveur de sa liste. Il dépasse même de 68 voix l'ancienne Liste Indépendante (gauche indépendante) de Robert Manthoulis qui représentait les "indépendants" et assurait la présidence, en 2001. En revanche, l'Enotiki Kinisi conduite cette année par Fivos Tsapatsaris, passe de 214 voix (20,15%) en 2001 à 139 voix (14,62%) et devient le grand perdant (75 voix) du dimanche.

"Je remercie tous les compatriotes qui sont venus voter, parce que de cette façon ils ont montré leur intérêt pour la Communauté, et bien sûr je remercie ceux qui ont voté pour notre liste en le désignant comme la première", a déclaré à iNFO-GRECE Andreas Tsapis, lundi après la communication des résultats. "Comme durant les trois années écoulées, nous allons œuvrer à développer la Communauté, de sorte que de plus en plus de Grecs y viennent, mais aussi pour faire mieux connaître la culture grecque au pays où nous vivons".

Interrogé sur la façon dont il envisageait les alliances en vue de constituer une majorité au sein du prochain Conseil d'Administration, Andreas Tsapis a dit qu'il était "ouvert envers tous, sauf ceux qui avec leurs actions ont par le passé fait du tort à la Communauté, et naturellement continuer la coopération avec l'AEK".

Une coopération que Vassilis Florakis, tête de liste de l'AEK, nous confirmait de son côté. "Nous avons fait du bon travail ensemble et il n'y a pas de raison de ne pas le continuer", nous a dit M. Florakis qui s'estimait satisfait des résultats de sa liste. "Sachant que bientôt je vais être amené à passer une partie de mon temps en Grèce [responsable aux bureau de l'OTAN à Paris, M. Florakis arrive cette année à la retraite, ndlr], je ne souhaitait pas briguer la présidence, et je n'ai pas fait campagne pour ces élections", nous confia-t-il, assurant qu'il souhaitait personnellement se consacrer davantage au travail de la Fédération des communautés helléniques de France, qu'il préside actuellement.

L'AEK malgré un recul sensible en voix (218 contre 255 en 2001, et 24,01 contre 22,92 en pourcentage), arrive à conserver le même nombre de sièges au sein du Conseil d'Administration. Toutefois, comme M. Tsapis à gauche, M. Florakis aura fort à faire avec les durs de la droite. Les Neoi Orizontes (NO - Nouveaux Horizons) menés par Antonios Gortsilas réussissent une percée avec 100 voix, représentant 10% des votants, qui leur valent un deuxième siège au CA.

Tout donc ne sera pas rose au sein du prochain CA. Même si MM Tsapis et Florakis affichent une sérénité dans la volonté d'ouverture, ils risquent de rencontrer une résistance certaine sur leur bords respectifs.

Reste à connaître la position de Dimokratiki Syspeirossi (DS - Rassemblement démocratique), autre liste d'indépendants de gauche et proche des communistes réformateurs, dont nous n'avons pas réussi à joindre les responsables. DS perd 46 voix par rapport à la précédente élection et un siège, mais arrivée troisième avec 16,82% des voix elle sera en position d'arbitrage en cas de conflit dans les "affaires de famille" des deux premières listes.

Enfin, la sixième liste présente au scrutin, l'Anexartiti Rizospastiki Parataxi (ARP - Intervention Radicale de Gauche), proche de l'extrême gauche a réuni 27 voix (31 en 2001) et obtient un siège au CA.

Si, indépendamment des accords parisiens, on examine les résultats sous l'angle droite-gauche, il apparaît que la droite (AEK NO) gagne 2 points et progresse légèrement passant de 31,45% des suffrages en 2001 à 33,44% en 2003. En revanche, elle reste, loin derrière la gauche (ADE EK DS) qui elle réunit un score de 63,72%. Le Paris grec, même gouverné au centre, reste ainsi une terre bien ancrée à gauche, du moins pour ceux qui se mobilisent pour les affaires communautaires, et nombreux sont ceux qui se tiennent à l'écart, mais n'est-ce pas qu'un grec est avant tout individualiste ! Un mal, certes, et une qualité aussi. Mais quant on dénombre un total de 100 candidats sur l'ensemble des listes, il n'y a pas de quoi être fier de la mobilisation des 1000 Grecs qui se sont rendus aux urnes.

Il reste qu'il faudra un jour se pencher sur ces désaffections, notamment parmi les plus jeunes, qui étaient les grands absents du dimanche, si on veut que la communauté se renouvelle. Faire en sorte qu'ils y trouvent leur compte et qu'ils s'y expriment à leur façon qui n'est pas forcement celle de la politique partisane, voilà un chantier éminemment… politique.

2003

2001

 

Voix

Sièges

%

 

 

 

%

Voix

Sièges

 

ADE (A.Tsapis)

307

7

32,28%

22,69%

241

5

AL (R. Manthoulis)

AEK (V. Florakis)

218

5

22,92%

24,01%

255

5

AEK (V. Florakis)

DS

160

3

16,82%

19,40%

206

4

DS

EK

139

3

14,62%

20,15%

214

4

EK (A. Tsapis)

NO

100

2

10,52%

7,44%

79

1

EE

ARP

27

1

2,84%

3,39%

36

1

ARP

       

2,92%

31

1

PK

               

TOTAL

951

21

   

1062

21

TOTAL

Votants

981

     

1081

   

Invalidés

30

 

3,15%

1,79%

19

   
Notes complémentaires

Dans une communication avec la rédaction, M. Fivos Tsapatsaris, cité dans l'article, a souhaité préciser qu'il ne conduisait pas la liste d'Enotiki Kinisi, dont il est seulement le porte-parole ; Enotiki Kinisi étant un mouvement collectif sans chef.

D'autre part, la rédaction iNFO-GRECE voudrait lever toute ambiguïté d'interprétation liée à la différence du genre du mot Kinisi (féminin en grec) mais masculin dans sa traduction (Mouvement) en français, langue d'écriture de notre article, et précise que la phrase "le grand perdant du dimanche" concerne le mouvement Enotiki Kinisi et non la personne de M. Tsapatsaris.

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