PALESTINIENS en Grece

je ne partage globalement pas les mêmes priorités que les tiennes même si certains aspects de ton discours ne sont pas absurdes. Ce sur quoi je ne te rejoins pas ce ne sont pas les constatations mais les causes et les solutions.

Tu dis : "il y a aussi un problème de pauvreté : la Grèce est assez pauvre comme ça, les immigrés le sont encore plus et ça a transformé les paysages urbains de la Grèce en un cache-misère"
Moi quand je vais en grèce je vois beaucoup de gens riches dans un pays pauvre. La grèce a des atouts et des revenus considérables, principalement la mer (et une position géographique entre l'europe occidentale et le moyen-orient) et le tourisme. Tout ceci génère beaucoup d'argent, le problème est comment cet argent est redistribué et réinvesti dans les services publics qui profitent à tout le monde. Est-ce un cliché de dire que la fraude fiscale et l'économie sous-terraine sont des sports nationaux ? peut-être, en tout cas il est partagé par pas mal de mes amis grecs (des fonctionnaires pour la plupart avec des salaires de misère). Ce qui me frappe à chaque fois et est symptomatique de ce que j'avance, c'est de voir toutes ces mercedes rouler sur des routes dans un état pitoyable.

tu dis aussi :"c'est la destruction des identités et des repères qui fait de l'homme une marchandise"
Tout à fait d'accord avec la 2ème partie et ça ne contredit pas du tout ce que je disais. Seulement cette perte de repère pour moi, c'est la perte des repères sociaux, du sentiment de partager un sort commun (autrement dit la solidarité) qui, à mon avis, s'applique tout aussi bien aux immigrés. Comment prétendre être solidaire de ses concitoyens et refuser que cette solidarité s'applique aux immigrés ? Cette posture hypocrite, que l'on appelle nationalisme (patriotisme pour le FN) cache en réalité un individualisme forcené; Ceux qui défendent la préférence nationale ne sont-ils pas les mêmes qui honnissent l'impôt sur le revenu (forme instutitionnalisée de la solidarité) ? C'est vrai que l'immigré a bon dos et sert à donner un prétexte à certaines personnes pour remettre en cause l'impôt (donc la redistribution des richesses) puisque comme chacun sait l'immigré (généralement fainéant, et sinon comment serait-il pauvre ?) ne vient dans nos pays que pour profiter de l'aide sociale et donc de nos impôts. A noter sur ce point qu'en France par exemple, où cet argument est largement repris par le FN et malheureusement tous les partis qui sont tentés de récupérer ses électeurs (ce qui se retourne contre eux d'ailleurs), il est prouvé, chiffres à l'appui, que les populations immigrées cotisent plus qu'elles ne dépensent en terme de santé entre autres.
D'autre part, tu sous-entends que la venue d'immigrés sur notre sol remet en cause notre identité (=culturelle j'imagine). Là je n'ai rien à répliquer, il n'y a pas d'argument à opposer à la peur irrationnelle de l'étranger et de sa culture. Je demande simplement en quoi la culture de l'autre est une menace pour notre propre culture.

Enfin dernier point, tu dis qu'en Grèce comme ailleurs l'extrème droite fera parler d'elle et je crains que tu n'aies raison. Seulement, tu dois pouvoir reconnaître que l'immigration n'est pas la raison pour laquelle on assiste à cette montée de l'extrème droite, tout du moins pas de façon directe; tant pis si je passe pour un coco (tout aussi coco que toi facho), mais j'affirme que la cause de la montée de l'extrème droite c'est l'appauvrissement et la perte des repères (justement) pour une grande partie de la population associée à la politique néo-libérale à laquelle toute l'europe s'est convertie (précarisation du travail, culte de l'argent roi...qu'on a pas). Dans cette histoire, l'immigré n'est que le bouc-émissaire de toutes les frustrations. Pour donner une image évocatrice, on peut je crois comparer l'électeur de l'extrème droite à celui que le patronat recrutait parmi les plus précaires (et les plus crédules) pour casser les grèves alors que celles-ci souvent visaient à lui obtenir une amélioration de son sort. Mais ma foi, on ne fait pas le bonheur des gens contre leur gré (excusez-moi c'est juste une paranthèse).
En résumer ton discours est un sophisme :
- les gens se sentent paumés
- ils s'en prennent aux immigrés
- l'extrème droite profite de cette xénophobie
- l'extrème droite est dangereuse
- donc il ne faut plus qu'il y ait d'immigrés
Le plus drôle c'est qu'il s'agit même d'un double paradoxe, puisque pour couper l'herbe sous les pieds de l'extrème droite, tu proposes ni plus ni moins d'appliquer sa politique (et de voter pour la droite si j'ai bien compris ?). Que propose-t-elle en effet, et qu'elle applique déjà en Autriche et en Italie ? : fermeture des frontières, répression des populations déjà installées et ... plus de libéralisme. D'aucuns me diront que le vrai danger de l'extrème droite c'est son projet anti-européen; qui y croit vraiment ? faut-il être aveugle pour ne pas voir que ce n'est là que de la démagogie car comme l'immigré, l'europe fait partie de nos peurs; une fois au pouvoir l'extrème droite oublie ce genre de promesses car elle a trop l'habitude d'être le meilleur allier du capitalisme. D'autres encore m'objecteront que les dirigeants de l'extrème droite sont souvent d'authentiques anciens néo-nazis ou néo-fascistes. Et alors ? Madelin aussi (il a créé occident), il n'en est pas moins maintenant un politicien des plus respectables. Et attention c'est loin d'être une exception à droite.
Alors avant de dénoncer l'extrème droite, il faut peut-être faire son propre examen de conscience.

tout à fait d'accord avec toi Christian
je ne suis pas assez au courant de la situation des immigrés albanais en Grèce pour m'ériger en donneur de leçon; cependant je tiens simplement à rappeler à Chris qu'en France l'extrème droite et pas mal de gens ont toujours accuser le gouvernement de s'occuper plus des immigrés que de ses propres citoyens. C'est valable aujourd'hui pour l'immigration maghrébine comme ça l'était pour l'immigration italienne ou espagnole (et pourquoi pas grecque s'ils étaient venus en nombre); Avec le recul et la réussite de l'intégration on se rend compte de ce qu'a apporté cette immigration sur le plan économique, culturel ou démographique. Malgré tout, à chaque génération, l'immigré reste le bouc-émissaire privilégié des frustrés de tout poil. Attention cependant c'est le devoir du gouvernement que de prendre en compte la frustration de ces gens qui se trompent de combat; Haro sur les démagogues qui en profitent pour assouvir leur ambition personnelle !