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L'Acropole de nuit

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Virées nocturnes à Athènes
Quand l'Acropole enfile ses nouveaux habits de lumière !

Le rocher de l'Acropole de nuit

La Pnyx, Philopapou, l’Aréopage : face à l’Acropole, ces hauts lieux de la démocratie grecque sont aujourd’hui d’agréables parcs vallonnés. Aux dernières heures du jour, c’est ici qu’il faut venir se ressourcer après une journée trépidante dans Athènes. Au cœur de la ville, le flâneur se laisse délicieusement surprendre par le calme qui règne sur ces trois collines : il est bercé par le chant des grillons, les effluves de garrigue, la chaleur du jour que restituent par bouffées les rochers de calcaire. La tombée de la nuit est un moment privilégié. Les photographes le savent bien. Juste en face, sur la colline de Philopapou, amateurs et professionnels ajustent une dernière fois leur appareil. Ils attendent ce moment fugace où les dernières lueurs du jour s’accrochent aux monuments de l’Acropole.

Depuis quelques mois, l’Acropole a cessé de s’embraser tous les soirs sous les coups romancés des Perses. Le « son et lumière » a cédé la place à un autre spectacle chaque soir recommencé : entre chiens et loups, l’Acropole enfile un à un ses nouveaux habits de lumière dessinés par l’éclairagiste français Pierre Bideau. Les Propylées sortent les premières de la pénombre, le soleil à peine disparu. Les portes monumentales s’éclairant de tout leur long. Puis c’est au tour du Parthénon. Le feu sacré semble brûler à l’intérieur. Les couleurs sont chaudes tandis qu’une lumière blanche illumine l’ensemble. Les moindres détails de l’édifice sautent aux yeux. Même sous la lumière du soleil, les cannelures des colonnes ne se font pas aussi précises que sous l'éclairage artificiel.

Demeure néoclassique dans la rue Thrassilou en montant vers Anafiotika

Sobrement, la base de l’Acropole s’illumine. La colline se dresse majestueuse baignée dans une subtile harmonie de couleurs. Le Rocher Saint des Grecs est prêt à traverser la nuit. Les noctambules aussi. Le flot des promeneurs se fait plus dense sur la grande voie piétonne qui court au pied de l’Acropole1
. Se laissera-t-on happer par la foule et rejoindre avec elle l’une des terrasses des cafés du Thission ? Ou bien s’échappera-t-on avec les amoureux en haut de la colline de l’Aréopage ? Là, en contre-jour des lumières nocturnes de l’Acropole, se dessine la silhouette des baisers volés.

45 ans après Pierre Arnaud,
les Français redessinent l'éclairage de l'Acropole

Interview de l'éclairagiste Pierre Bideau

Pierre Bideau

Lorsque le cinéaste Michael Cacoyannis, président de l’association des amis d’Athènes, appelle Pierre Bideau pour prendre en charge l’éclairage des principaux monuments d’Athènes, le célèbre éclairagiste français n’hésite pas une seconde : « J’ai dit oui tout de suite ! » avoue-il dans un grand éclat rire. L’homme pourtant se déplace peu à l’étranger. « Car il est hors de question que je perde du temps dans des voyages pour éclairer un pont aux Etats-Unis ou un building à Shanghai ! » nous confie-t-il. Mais il existe des exceptions de taille. Après avoir éclairé la Tour Eiffel et les châteaux de la Loire sous toutes les coutures, Pierre Bideau avait un rêve qu’il avait plusieurs fois avoué : mettre en lumière Karnak, Louxor ou… les monuments grecs. Voilà qui est fait depuis le 19 juillet pour l’Acropole, le Thission et le monument de Philopapou. L’éclairage de la porte d’Hadrien, du temple de Zeus Olympien, de l’Odéon d’Hérode Atticus et du Lycabette suivront d’ici la fin de l’année, financés en toute discrétion par une banque... suisse.

Vue d'ensemble de l'Acropole avec en bas le théâtre Herodeion

iNFO-GRECE : Michael Cacoyannis disait que le précédent éclairage de l’Acropole lui écorchait les yeux. Parlez-nous un peu de cet ancien éclairage…

Pierre Bideau : L’éclairage précédent datait de 1959. Les projecteurs provenaient du spectacle de sons et lumières qui avait été monté sur l’Acropole à l’initiative d’André Malraux, alors ministre de la culture en France. Pierre Arnaud avait réalisé la mise en scène de ce spectacle. Clin d’œil de l’histoire, j’ai débuté dans la profession en travaillant au service de Pierre Arnaud de 1963 à 1967. Près d’un demi-siècle plus tard, l’élève vient reprendre l’œuvre du maître à Athènes !
Entre-temps, les techniques ont beaucoup changé. Avant, on plantait des projecteurs de 1000 Watts qui arrosaient tout le monument. Il n’y avait aucune expression. Aujourd’hui avec le développement des lampes miniatures et les progrès faits en optique, on a des projecteurs qui ont un faisceau extraordinairement précis, de seulement 4° d’amplitude. On peut éclairer colonne par colonne.

Le Parthénon de nuit

i-GR : Dans quel état d’esprit aborde-t-on des monuments aussi célèbres que le Parthénon, l’Erechthéion, les Propylées…?

PB : Eclairer ces monuments qui ont irradié le monde occidental était un rêve. N’étant jamais venu à Athènes, ce fut d’abord une grande découverte et une expérience merveilleuse. Déambuler sur l’Acropole m’a inspiré un immense respect pour ces monuments qui sont là depuis des millénaires.

Un air de châteaux de la Loire au-dessus d'Athènes ? Il faut voir en vrai pour juger.

i-GR : Y a-t-il une méthode Bideau ?

PB : Pas vraiment. Je m’occupe de toute l’étude artistique et technique de la lumière. C’est un travail de création que je fais entièrement seul. Je me suis documenté sur l’histoire et les rites de la Grèce ancienne. Mais mon travail se fait surtout dans la contemplation. Par exemple, je me suis installé de nombreuses fois à la terrasse du restaurant Dionysos, au pied de la colline de Philopapou, pour observer les changements de couleurs de la lumière au moment où le soleil se couche. Cela me permet de percevoir les caractéristiques de réflexion de la pierre, du marbre, de tous les matériaux que je dois éclairer.

Le Rocher Saint - comme les Grecs appellent le rocher de l'Acropole - au petit matin surveille l'entrée du paquebot Queen Mary dans le port du Pirée quelques jours avant le début des Jeux Olympiques d'Athènes.

i-GR : Vous vous servez de l’ordinateur pour faire des simulations...

PB : Je n’utilise l’ordinateur qu’une fois que j’ai tout le projet dans la tête. Les plans et les simulations infographiques ne me servent qu’à faire comprendre à mon client ce que je veux faire. Ils doivent être aussi très clair pour l’entreprise qui pose le réseau électrique. Je suis cependant revenu deux fois en cours des travaux pour vérifier qu’il n’y a pas de mauvaises interprétations.

i-GR : Avez-vous mis beaucoup de temps pour concevoir l’éclairage des principaux monuments d’Athènes ?

PB : Je suis comme l’écrivain, Il peut m’arriver de sécher devant la page blanche. Ca peut durer des semaines avant que la démarche intellectuelle n’arrive à quelque chose de positif. Le travail d’étude sur l’Acropole a pris 6 mois pour mûrir. Certes, je n'étais pas en panne devant la page blanche, mais, même si inconsciemment je savais dès le début ce que je voulais faire, mon projet s’est construit peu à peu.

Concert nocturne sur la Pnyx.

i-GR : Et le résultat ?

PB : Je me suis attaché à flatter l’architecture des différents monuments. La difficulté étant de donner une cohérence à l’ensemble. Je voulais que la lumière émane de l’intérieur, pour donner l’impression à l’observateur que ces monuments étaient encore habités. Pour cela, j’ai utilisé une lumière chaude, couleur de flamme avec des nuances très subtiles de jaune, d’orange, et de bleuté. Tandis qu’un blanc très clair illumine l’extérieur. Je pense que c’est assez réussi pour l’Erechthéion et les Propylées. Pour le Parthénon ça a été plus compliqué avec tous les échafaudages qui encombrent l’intérieur.
En ce qui concerne les colonnes, je me suis attaché à faire apparaître leur circonférence par un jeu d’ombres et de lumières. Sinon elles apparaîtraient toutes plates. Pour cela j’utilise deux couleurs de lumière, du 2500 et du 3000 watts, que je place dans deux directions différentes. Ce n’était malheureusement pas possible de travailler sur chaque sculpture. Elles sont vues de trop de loin pour que l’on puisse apprécier un éclairage tout en subtilité. Je me suis cependant fait plaisir sur les Caryatides de l’Erechthéion.

i-GR : Quels sont les monuments que vous préférez ?

PB : L’Odéon d’Hérode Atticus est une merveille à mettre en lumière, car cette fois-ci je n’ai pas de colonnes ! De tout le projet, l’image finale de cette demie ruine sera ma préférée. D’autres monuments me plaisent beaucoup. L’Erechthéion est un petit bijou. J’aime aussi le Parthénon bien sûr, il est tellement majestueux. Mais, si j’ose dire, c’est plus attendu.

  • 1depuis 2001, les avenues Dyonisou Aréopagitou et Apostolou Pavlou sont devenues piétonnes

propos recueillis par Maud Vidal-Naquet
photos de Laurent Fabre
iNFO-GRECE
Athènes, août 2004

Acropole

Calendrier des inaugurations:
- 19 juillet 2004 : Le rocher de l’Acropole, le Thission dans l’agora, le monument de Philopapou.
- En septembre 2004 : éclairage de la colline du Lycabette
- Hiver 2004/2005 : l’Odéon d’Hérode Atticus, la porte d’Hadrien, le temple de Zeus Olympien.

L'éclairage de l’Acropole en chiffres:
- Pierre Bideau a fait 18 voyages à Athènes.
- L’éclairage compte un millier de projecteurs.
- Plus économique, l’installation consomme deux fois moins d’électricité que la précédente.
- Chaque ampoule a une durée de vie de 8 à 10 000 heures.

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Le Parthénon de nuit