Au lendemain des discussions entre les pays de la zone euro (Eurogroupe) sur un dispositif d'aide à la Grèce, les ministres des Finances de l'ensemble de l'Union européenne (Ecofin) se sont alignés sur le plan arrêté par l l'Eurogroupe consistant à l'octroie de prêts bilatéraux au cas où la Grèce en ferait la demande ; de son côté, l'agence de notation Standard & Poor's a mis fin, mardi, à la mise sous surveillance de la dette de la Grèce, permettant ainsi la detente de la prime de risque des emprunts grecs.
Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, s'est dit satisfait que le Conseil ECOFIN ait adopté l'évaluation de la Commission européenne sur la situation budgétaire en Grèce.
"Grâce aux mesures généreuses adoptées par le gouvernement, la Grèce est dans la bonne voie de réduire son déficit budgétaire de 4 points cette année", a affirmé M. Rehn depuis Bruxelles.
Concernant le mécanisme de soutien à la Grèce, M. Rehn a informé que les discussions ont permis d'examiner "ses détails techniques", au cas où cela s'avèrerait nécessaire, ce qui n'est pas le cas dans la présente phase. "Les membres de la zone euro sont décidés à prendre les mesures nécessaires pour garantir la stabilité de la zone euro, si cela est nécessaire", a-t-il ajouté.
Appelé à préciser le résultat de ECOFIN, M. Rehn a explicité que "personne n'a parlé d'accord politique (concernant le soutien), bien au contraire, nous avons parlé d'aspects techniques d'une éventuelle aide. Il est très clair que nous sommes convenus hier - tout comme nous l'avons dit ici aussi - des détails techniques d'une éventuelle action coordonnée, si celle-ci est nécessaire". M. Juncker (président de l'Eurogroupe) a dit que "la décision politique, si elle existe, sera prise au Conseil européen. Du côté de la Commission, nous sommes prêts à proposer un cadre européen d'octroi de l'aide".
Interrogée à son tour par la presse sur le bien-fondé de la politique de l'UE de persister sur un soutien à la Grèce uniquement si elle le demande, la ministre espagnole et présidente en exercice du Conseil, Elena Salgado, a expliqué que la Grèce n'a pas encore demandé d'aide et qu'elle prend des mesures. "Nous avons établi les mécanismes techniques, leur activation sera décidée par le Conseil européen, au cas ou la Grèce demanderait un soutien", a-t-elle affirmé.
Le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou, s'est dit également satisfait du "signal très positif" donné par le Conseil ECOFIN, à la fois concernant le travail réalisé par le gouvernement grec et les perspectives d'un mécanisme de soutien à la Grèce, si elle en a besoin.
Dans des déclarations à l'issue des travaux du Conseil mardi à Bruxelles, M. Papaconstantinou a expliqué que le gouvernement grec a "pris des décisions difficiles pour des mesures supplémentaires correspondant à 2% du PIB", suite à la demande qui avait été formulée il y a un mois par le Conseil ECOFIN, afin qu'Athènes puisse faire face à d'éventuels risques dans le mise en oeuvre du Programme de stabilité et de croissance.
"Les mesures sont difficiles pour les citoyens, mais elles sont nécessaires pour sortir le pays de la situation difficile dans laquelle il se trouve aujourd'hui", a ajouté M. Papaconstantinou, rappelant à ce titre les mesures de hausse de la TVA et des taxes spéciales à la consommation.
M. Papaconstantinou a souligné que tant ses homologues de l'Eurogroupe la veille et de ECOFIN le jour même que la Commission européenne et la Banque centrale européenne se sont exprimés très positivement sur les initiatives prises par le gouvernement grec, le sentiment étant au sein de l'UE qu'Athènes a fait le nécessaire pour pouvoir placer les finances publiques sur une base viable.
Selon le ministre, le Programme de stabilité et de croissance de la Grèce est en avance sur les délais fixés concernant les intervention structurelles et l'exécution du Budget 2010. A ce point, M. Papaconstantinou a informé que le déficit budgétaire s'élevait à la fin février à un milliard d'euros, alors qu'il était de 4 milliards le même mois un an plus tôt.
Concernant enfin le mécanisme de soutien économique à la Grèce ou à tout autre pays, qui en aurait éventuellement besoin dans le but garantir la stabilité de la zone euro, M. Papaconstantinou a salué la décision de l'Eurogroupe lundi soir, précisant que les ministres des Finances ont discuté des détails techniques du mécanisme afin que la décision finale soient renvoyée devant le Conseil européen du 25 mars.
Le mécanisme retenu consiste en des prêts bilatéraux sur une base volontaire par des pays de la zone euro. Le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker a toutefois précisé que l'objectif de ce mécanisme n'est pas de fournir à la Grèce des prêts à un taux moyen européen, mais d'assurer la stabilité financière de l'espace monétaire commun.
Le mécanisme ne comprend pas de garanties de prêt, reste conforme au traité sur l'union monétaire, et tous les membres de la zone euro participeraient dans ce cas à l'effort, souligne-t-on à Bruxelles.
Ni le calendrier, ni le montant de cette aide ou les taux d'intérêt n'ont été communiqués, alors que reste à fixer le seuil de déclenchement de l'aide, la quelle sera par ailleurs assortie de conditions proches de celles du Fonds monétaire international (FMI). Les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept devront officialiser ce plan sans doute lors d'un prochain sommet européen, le 26 mars.
Les marchés sont restés insensibles à ces annonces, la prime de risque des emprunts grecs restant toujours aux alentours de 300 points de base, un niveau prohibitif à long terme, alors que le gouvernement grec doit emprunter 20 milliards d'euro pour refinancer sa dette d'ici le mois de mai.
C'est fianlement l'annonce de l'agence de notation Standard & Poor's de mettre fin, mardi, à la période de mise sous surveillance de la Grèce qui a en revanche été saluée positivement par les marchés et permis de détendre légèrement la prime de risque. Standard & Poor's a ainsi maintenu sa note sur la dette de la Grèce à BBB .
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