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Caramanlis-Bakoyannis à Paris : une visite pour rien. Entretien tendu avec Sarkozy

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Από iNFO-GRECE,

Le premier ministre, Costas Caramanlis, arrivé dimanche 29 juillet après-midi à Paris pour une rencontre le lendemain midi avec Nicolas Sarkozy, se voyait déjà poser aux côtés du médiatique président français, quand Dora Bakoyannis, son ministre des Affaires étrangères, ne bouderait pas une séance photos avec son homologue, Bernard Kouchner. Il n'en a rien été, l'Elysée a assuré le service minimum pour la réception du Premier ministre grec, qui était venu - il faut dire -, un peu, les mains vides et avec peu d'idées neuves, susceptibles de stimuler un président français avide d'action et obsédé de l'aboutissement de ses idées en matière de restructuration de l'espace européen et méditerranéen.


Même au lendemain d'un week-end de grand chassé-croisé estival, Nicolas Sarkozy donne l'impression d'être surbooké. La délégation grecque, pensait-elle, au contraire, avoir tout son temps et arrivait même avec un jour d'avance à Paris, histoire de récupérer de ses trois heures d'avion, s'offrir une soirée parisienne et être de toute fraîcheur lundi midi, à 12h30 à l'Elysée. Mal lui en a pris, ce ne fut point une garden-party de celles dont le gouvernement grec à l'habitude d'honorer ses hôtes étrangers sur les restaurants de la côte attique où face à l'Acropole. Si l'accueil fut "diplomatiquement" chaleureux, la présidence française s'est offert toutefois l'impolitesse d'annuler, quelques minutes seulement avant sa tenue, la conférence de presse commune prévue après la rencontre Caramanlis-Sarkozy, bien que durement négociée par la partie grecque. Raison officielle, Nicolas Sarkozy devait assister aux obsèques des deux sous-officiers français morts en mission en Afghanistan, prévus deux heures plus tard aux Invalides, à… deux minutes de l'Elysée et sans gyrophare.

Pourtant, jusqu'à la dernière minute, le premier ministre grec y croyait. Les pupitres avaient été dressés, les chaises pour les journalistes grecs et français alignées et les techniciens de l'Elysée procédaient aux dernières vérifications des micros, quand, surprise, à la sortie du déjeuner, Sarkozy raccompagne Caramanlis sur le perron de l'Elysée, le laissant seul sur les graviers de la Cour d'honneur commenter la visite devant des journalistes ébahis.

Caramanlis et Sarkozy sur le perron de l'Elysée
"Par ici la sortie", semble dire Nicolas Sarkozy à Costas Caramanlis avant de l'abandonner seul face aux journalistes dans la cour d'honneur de l'Elysée

C'est que, si le menu des discussions était classique et convenu, ses différentes composantes étaient placés haut dans l'agenda sarkozien et les points des divergences étaient plutôt nombreux. Cela n'est pas un obstacle en soit, surtout que les thèses de part et d'autre étaient connues, mais la délégation grecque semblait être venue réitérer ses positions établies, sans aucune contre-proposition pouvant laisser de la marge à la discussion. De ce point de vue, la visite du premier ministre grec et de son ministre des Affaires étrangères ressemblait davantage à une échappée de la canicule athénienne et de l'enfer des incendies qui ravagent depuis un mois le pays, qu'à une offensive diplomatique.

Traité réformateur, place de la Turquie dans l'élargissement de l'UE, politique européenne dans les Balkans occidentaux et au Proche-Orient, politique énergétique européenne, changements climatiques et problème de l'immigration étaient inscrits à l'ordre du jour des entretiens.

Au chapitre des relations bilatérales, les deux hommes ont constaté avec satisfaction l'augmentation de 26% des exportations grecques en France en 2006 et l'accroissement des investissements français en Grèce, ce qui faisait dire à M. Caramanlis que "la France est parmi les partenaires les plus importants de la Grèce. Il y a des possibilités d'une coopération ayant un profit mutuel encore plus resserrée". Investissement contre exportations, telle semble être la logique de notre premier ministre sur un domaine économique ou finalement, ni M. Sarkozy, ni M. Caramanlis, n'ont grand rôle à jouer, le commerce et le développement des affaires dépendant avant tout de l'initiative des entreprises.

Caramanlis soucieux à l'Elysée
Les photos publiées sur le site de l'Elysée montrent un premier ministre grec plutôt tendu et soucieux.

C'est dans le domaine des investissements publics que, par contre, les deux hommes pourraient disposer d'importantes marges d'action, et M. Sarkozy l'a bien compris en s'intéressant aux 3% du PIB grec investi dans les armements, un des plus élevés au sein de l'UE. Depuis des années maintenant, la France tanne la Grèce pour y placer les avions de combat de quatrième génération (le fameux Rafale) et les frégates françaises. La position grecque n'a pas varié d'un iota : attendez, nous verrons plus tard. "Nous ne sommes pas encore en procédure de sélection, mais lorsque l'heure sera venue, chaque action aura lieu de la manière la plus ouverte, claire et transparente", a dit M. Caramanlis. En tout cas, pas avant les prochaines élections législatives en Grèce. La Grèce serait probablement plus ouverte à terme sur la question si elle était regardée moins comme simple client et qu'une perspective de participation au processus de production des fournitures militaires se dégageait. M. Caramanlis y a dûment fait allusion, mais a-t-il avancé des propositions concrètes dans ce sens ?

Idem pour la coopération face aux incendies et à leurs conséquences. Le gouvernement grec est venu avec une idée "d'achat en commun d'équipements de lutte contre de tels phénomènes" au contours très vagues, Sarkozy allait directement dans le concret évoquant "une flotte euro-méditerranéenne de moyens aériens".

Le périmètre, justement, de la Méditerranée ne semble pas avoir les mêmes dimensions pour les deux parties. L'Elysée n'a cessé de se référer à la fois à l'Union Européenne et à la Méditerranée, comme de deux entités distinctes, bien qu'envisageant leur coopération étroite. Or, le premier ministre grec a précisé qu'il faudra avoir une approche "en association avec les formes institutionnelles de coopération existant déjà dans la région", voir, selon Mme Bakoyannis, "s'intégrer en même temps dans le cadre institutionnel de l'UE", alors que M. Sarkozy y voit une UnionMéditerranéenne toute neuve, instrument de la politique française sur l'ensemble du bassin et moyen de caser la Turquie en dehors de l'UnionEuropéenne. La diplomatie grecque n'a-t-elle pas révisé ses leçons de géopolitique sarkozyenne avant son départ d'Athènes ou a-t-elle oublié que la Méditerranée a deux rives, dont une, africaine, qui n'a pas vocation à s'intégrer dans le "cadre institutionnel de l'UE" ?

Dépourvue de stratégie envers le bassin sud-ouest de la Méditerrannée, la Grèce craint, en revanche, sur le front est, de voir la France mettre un terme à "la perspective européenne de la Turquie" là où les derniers gouvernements grecs, y voyant un cadre propice pour le règlement de la question chypriote et de la délimitation du plateau égéen, ont bâti laborieusement une politique envers le voisin turc basée sur cette promesse. Alors, Mme Bakoyannis a demandé à Bernard Kouchner que "l'UE ne doit pas empêcher que Ankara ait la possibilité de s'harmoniser sur l'acquis communautaire et adopter les reformes nécessaires", M. Caramanlis réaffirmant, de son côté, auprès de M. Fillon, la position grecque qui prévoit "une adhésion à part entière si toutes les conditions posées sont respectées", tandis que M. Sarkozy mettait, lui, en garde pour que "l'on prenne des décisions avec en tête la configuration qu'on souhaite pour l'UE dans vingt ans".

Or, cette configuration, l'état-major grec a du mal à se la représenter clairement devant l'accélération impulsée par le président Sarkozy. Tant que l'Europe était pilotée par la Commission de Bruxelles - élargissement tous azimuts, nouvelle constitution, intégration de la Turquie et des Balkans - on nageait dans les eaux tranquilles. Athènes semble ne pas avoir réalisé la porté du "non" français et hollandais au traité constitutionnel, ni du retour des politiques sur les questions européennes au détriment des technocrates, et encore moins avoir élaboré des nouvelles positions aux nouvelles questions qui ont émergé depuis.

Si la Grèce ne dit pas non au Traité simplifié promu par Sarkozy - et les deux parties se sont accordées pour manifester leur intérêt à ce qu'il soit matérialisé d'ici la Conférence intergouvernementale au cours de la présidence portugaise -, il est, en revanche, difficile de savoir ce qu'Athènes en pense vraiment. Le traité constitutionnel enterré, la Grèce y était franchement favorable, mais à l'époque personne ne doutait de l'intégration, à terme, de la Turquie ; aujourd'hui, avec la remise en cause de la place de la Turquie au sein de l'UE, Athènes est-elle toujours favorable aux reformes institutionnelles de l'UE qui modifieront, entre autres - et surtout - les modalités de la décision communautaire, notamment en matière de politique étrangère ?

Quand aux autres questions régionales inscrites dans l'agenda international, le Kosovo et le Liban, la Grèce semble plombée à la fois par le manque des moyens d'action, mais aussi d'initiatives. Au Liban, elle doit gérer la contradiction d'une politique traditionnellement pro-arabe et une fidélité toute aussi traditionnelle à une Amérique pro-israélienne. Au Kosovo, il convient de ne pas hâter des décisions qui pourraient froisser la sensibilité serbe. Trop peu pour un Kouchner qui voudrait accomplir en tant que ministre des Affaires étrangères de la France ce qu'il n'a pu achever en tant qu'administrateur de l'ONU dans la problématique province de la Serbie, et, sans doute, attente inconcevable, pour un Sarkozy obsédé de résultats, et tant qu'à faire rapides.

Restait, la "petite" question de l'appellation définitive de l'ex-république yougoslave de Macédoine que la délégation grecque a glissé dans toutes ses rencontres. La Grèce "a fait les pas qu'elle devait faire, et attend à présent que l'autre partie [Skopje] y réponde", a rappelé M. Caramanlis à tous ses interlocuteurs. Bien que l'on imagine aisément que l'issue du problème ne soit pas d'une importance capitale pour le président français, on n'aura pas sa réponse sur la question, la conférence de presse commune prévue avec M. Sarkozy ayant été annulée, comme écrit précédement, sur initiative de l'Elysée.

Visiblement, même en période estivale, la partie française, donnait l'impression de perdre son temps en palabres méditerranéennes desquelles il ne pouvait sortir rien de concret. Ni l'Elysée, ni Matignon, pas plus que le quai d'Orsay, ne se sont donné la peine de rédiger un communiqué faisant le compte-rendu des trois rencontres. Nos compatriotes, dirigeants de la diplomatie grecque, auraient-ils voulu que le cliché leur colle à la peau, il ne s'en seraient pas mieux pris qu'en venant à Paris aussi détendus, fut-ce une fin juillet.

i-GR

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