Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso a exprimé dimanche sa confiance dans le succès de la Conférence intergouvernementale dont les travaux s'ouvrent lundi, en affirmant que "ma patrie, le Portugal, hérite de l'Allemagne un accord avec comme devoir de le transformer en traité". M. Barroso, s'exprimait dans le cadre d'un congrès organisé au Centre culturel européen de Delphes sur le thème "Idéal politique européen - Origines culturelles et enjeux futurs". La veille ses propos dans la presse grecque sur l'impréparation de la Turquie à entrer dans l'UE avaient fait sensation à Athènes.
S'adressant aux congressistes de Delphes, M. Barroso a parlé des grandes réalisations de l'UE tout au long des dernières décennies, et rappelé à ce titre que "même la démocratie que nous considérons aujourd'hui comme une évidence n'existait pas il y a 30 ou 40 ans ni dans votre pays ni dans le mien".
Reconnaissant que le "Non" aux référendums sur la Constitution européenne ont retardé la marche de l'intégration européenne, et que "la Commission aussi voudrait avancer plus vite", M. Barroso a tranché que les retards ne doivent pas être source de déception et assuré que nombre des problèmes que l'Union tente de résoudre aujourd'hui par le Traité réformateur avaient été prévus quelques décennies auparavant par Constantin Caramanlis grâce à sa capacité de visionnaire.
M. Barroso se voulait ainsi plus rassurant que la veille où il déclarait dans une interview à l'édition dominicale du quotidien Kathimerini que la Turquie n'est pas prête à accéder à l'UE. Une déclaration diversement appréciée dans une Athènes ambivalente sur la question, et alors que dimanche même se tenaient les élections législatives dans le pays voisin.
"La Turquie n'est pas prête à devenir membre de l'UE et l'UE n'est pas prête à accepter la Turquie comme membre, ni aujourd'hui, ni demain, cependant les négociations doivent se poursuivre", déclarait M. Barroso dans le journal athénien.
"Personnellement, je considère qu'il y va du crédit de l'UE", pondérait cependant M. Barroso, assurant qu'en "respect absolu de l'avis du président [français] Sarkozy, je voudrais demander à la France et à tous les Etats membres de ne pas changer la décision que nous avons prise collectivement, et que les négociations se poursuivent. Soyons sévères sur le respect de tous les préalables qui ont été posés et, à un stade ultérieur, nous et nos partenaires turcs déciderons si la Turquie deviendra ou pas membre à part entière de l'UE".
M. Barroso a salué également l'attitude "très sage, constructive et intelligente" de la Grèce vis-à-vis de l'optique européenne de la Turquie, "une politique", a-t-il insisté, "que suit avec constance le premier ministre, Costas Caramanlis, en disant ce qui va de soi : un pays peut adhérer à l'UE uniquement lorsqu'il remplit des critères précis".
i-GR/ANA-MPA