En plein débat sur la capacité du gouvernement d’endiguer la corruption dans l’administration grecque, la police prenait en flagrant délit lundi soir le directeur général de la Commission de la concurrence, Panagiotis Adamopoulos, et son complice en train de monnayer leur intervention en faveur de MEVGAL, un industriel de produits laitiers accusée de violation des règles de concurrence et risquant en conséquence de se voir infliger une très forte amende. Tandis que le Premier ministre réaffirmait la "tolérance zéro" du gouvernement face à la corruption, l’opposition demandait que tous les dossiers traités par la commission de la concurrence depuis novembre 2005 soient réexaminés.
La commission européenne a été informée des accusations pesant sur le directeur de la Commission grecque de la Concurrence, fonctionnaire européen en détachement, a indiqué mardi à Bruxelles le porte-parole de la Commission européenne. En effet, M. Adamopoulos, faisait partie du personnel de Bruxelles depuis 1994 et jusqu'en octobre 2005, date où il obtint un congé sans solde afin de prendre ses nouvelles fonctions à Athènes. Le porte-parole a informé par ailleurs que la Commission est en contact avec les autorités grecques et que si la participation de ce fonctionnaire à des activités illégales s'avère exacte, les autorités communautaires engageront les poursuites disciplinaires prévues par le droit communautaire.
L’affaire a éclaté suite à la dénonciation par MEVGAL à la police qu’un homme l’avait approché de la part d’un cadre de la Commission de la Concurrence pour proposer un arrangement de l’amende qui avait été infligé auparavant à l’entreprise. Le prix de l’arrangement était de 2,5 millions d’euro contre l’évitement d’une amende qui, elle pourrait s’élever à plusieurs dizaines de millions d’euro. La suite est le piège tendu par la police sous prétexte du paiement d’une avance de 200.000 euros et qui a conduit à l’arrestation de Konstantinos Konstantinidis, un marchand de céréales et parrain d’Adamopoulos, en pleine place Syntagma, la mallette de billets préalablement marqués sous le bras. L’enquête a conduit à l’arrestation du directeur de la Commission de la concurrence, Adamopoulos, ainsi que du douanier Panagiotis Anagnostopoulos, qui faisait le lien entre MEVGAL et Konstantinidis. Selon la déposition de Konstantinidis, des 2,5 millions d’euros le partage convenu était 1,5 million pour Adamopoulos, Konstantinidis et Anagnosopoulos récupérant chacun 500.000 euro.
Le premier ministre, Costas Caramanlis, qui présidait mardi la réunion du cabinet restreint avec pour ordre du jour l’approbation de la modification du décret présidentiel sur les marchés publics de fournitures présentée par le ministre du Développement, Dimitris Sioufas et réaffirmé la "tolérance zéro" du gouvernement face à la corruption.
M. Sioufas a soutenu de son côté que l'image du gouvernement est valorisée par la découverte de cette affaire de corruption car cela démontre qu'aucune affaire n'est «étouffée», que tout est transparent à la différence de ce qui se passait sous les gouvernements précédents.
Le ministre du Développement a ensuite déclaré que le gouvernement a ainsi lancé le message politique selon lequel personne n'est à l'abri de poursuites à partir du moment où il y a violation de la loi.
Le porte-parole du gouvernement, Theodoros Roussopoulos, a également évoqué cette affaire dans son point de presse, en déclarant que « le gouvernement de la ND n'a en aucun cas l'intention de passer sous silence aucune affaire de corruption » et rappelé qu'en 2003, 28 sanctions disciplinaires ont été prises pour mauvaise gestion, 45 en 2004, et 66 en 2005, tandis que 16 médecins ont été licenciés, ce qui montre une intensification des contrôles.
De son côté, le PASOK (opposition socialiste) a réagi mardi dans l'après-midi à l'affaire déclarant qu'en marge de son volet pénal, l'affaire pose des questions politiques de fond car c'est au sein de l'autorité la plus sensible pour le fonctionnement du marché, à savoir la commission de la concurrence et dans une période où fleurissent escroqueries et pratiques d'oligopoles entretenant ainsi la cherté de la vie, qu'une importante affaire de corruption a été dévoilée du fait d'un fonctionnaire choisi par le ministère du Développement et nommé comme cadre de direction de premier plan.
Le PASOK demande que tous les dossiers instruits par la commission soient réétudiés à partir de novembre 2005, date de la nomination du contrevenant, de sorte à examiner si il existe d'autres «zones d'ombre» suite à de tels comportements illégaux.
i-GR/ANA-MPA