caramanlis erdogan
C'est le Premier ministre grec, qui invitait hier soir à Bruxelles, mais c'est son homologue turc, qui servait la soupe où relations bilatérales et la fameuse optique européenne de la Turquie, tournaient plutôt en bouillie. Costas Caramanlis et Recep Tayyip Erdogan se sont ainsi retrouvés à Bruxelles où ils doivent assister aujourd'hui aux travaux du Parti Populaire Européen (PPE), puis à ceux du Conseil européen.
Dans ses déclarations à la presse, M. Caramanlis a souligné sa satisfaction que pour la première fois le parti du Premier ministre turc sera, à titre d'observateur, présent à la session du PPE, quelques heures avant l'ouverture des travaux du Conseil européen.
Au cours de cet échange de points de vue de deux heures en tête-à-tête, les dossiers évoqués par le chef du gouvernement grec ont d'abord été l'optique européenne de la Turquie, M. Caramanlis soulignant que la participation du parti de M. Erdogan - AKP (Justice et Développement) au sein du PPE aiderait à partager les expériences des Européens. M. Caramanlis a également mis l'accent sur les conditions de l'adhésion à l'UE, "une voie longue et difficile". "L'Union Européenne", a-t-il dit, "attache une importance toute spéciale au respect des principes et valeurs et elle a montré qu'elle n'est pas disposée à être "élastique", comme récemment dans le cas de la Croatie".
La Grèce soutient les efforts du gouvernement turc, mais s'attend à ce que beaucoup soit fait dans un certain nombre de secteurs, M. Caramanlis se referant notamment à la signature du Protocole d'Ankara concernant l'extension de l'accord douanier avec les 10 nouveaux adhérents.
En ce qui concerne les relations bilatérales, le Premier ministre a exprimé sa satisfaction sur les améliorations continues, et a rappelé que M. Erdogan et lui-même avaient affirmé à plusieurs reprises leur volonté de poursuivre leurs efforts vers une coopération dans tous les domaines, le commerce, le tourisme et l'énergie.
M. Caramanlis a indiqué en outre avoir évoqué la question des violations aériennes en Egée, déclarent que "certaines actions de la Turquie en Egée n'ont rien à voir avec les relations de bon voisinage telles que figurant dans les décisions communautaires".
Chypre a été par ailleurs au menu de ces entretiens, M. Caramanlis réitérant que l'objectif demeure la réunification de l'île par des concertations sur la base du Plan Annan et dans le cadre de l'acquis communautaire, des principes et valeurs européennes. "C'est seulement de cette façon", a souligné le Premier ministre, que les habitants de l'île, des deux communautés, pourront jouir des biens de la coopération et prospérité européenne.
Pour sa part, M. Erdogan a continué a entretenir l'habituel suspens sur les intentions de la Turquie à se conformer aux conditions de l'UE, sans fournir aucune information concrète. Interpellé par les journalistes lors de la conférence de presse sur le Protocole d'Ankara, il a répondu ne pas pouvoir indiquer une date exacte de la signature, ajoutant seulement que "les experts y travaillent actuellement et lorsqu'ils seront prêts nous irons de l'avant et signerons. Comme vous le savez", a-t-il dit, "le 3 octobre est le jour où s'ouvrent les concertations d'adhésion de la Turquie et avant cette date tous les pas à faire seront nécessairement faits".