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1er mai 1909, naissance à Monemvassia du poète Yiannis Ritsos

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Submitted by Th. Efthymiou on

Le 1er mai 1909 naquit à Monemvassia Yiannis Ritsos.

Sa presqu’île natale a un long passé : c’était Minoa, escale minoenne. Port fortifié et refuge des Laconiens, elle résista aux Normands de Sicile en 1147. Assiégée par Villehardouin elle ne se rendit qu’après 3 ans, vaincue par la famine et non par les armes. Elle redevint byzantine en 1263, fut possession du Pape, ensuite des Vénitiens (ils l’appelaient Napoli di Malvasia, Nauplie de Malvoisie, au vin réputé) jusqu’en 1715, où les Turcs s’en emparèrent. Monemvassia ne redevint libre et grecque qu’en 1823.
Le poète Yiannis Ritsos est son grand homme… Il mourut à Athènes le 11 XI 1990, au terme d’une vie martyrisée par les vicissitudes familiales, matérielles, la tuberculose, et l’âpreté, les échecs et les drames des combats politiques en Grèce.

L’icône « Christou elkoménou » qu’il dut regarder enfant, à Hagios Stéphanos, une des églises de sa ville, a en quelque sorte tracé sa vie (elkoménos : "traîné", "tracté"). A 12 ans, Ritsos perdit sa mère et son frère aîné tués par la tuberculose. Son père et sa sœur avaient des troubles mentaux. La tuberculose l’isolera en sanatorium de 1927 à 1931, à l’époque où elle n’était pas encore guérie par les antibiotiques. Guéri, il gagnait chichement son pain comme copiste et figurant à Athènes. Il fit un peu de Droit.
A 20 ans il adhère au parti communiste grec, avec lequel il combattra durant la Résistance et la guerre civile, ce qui lui vaudra, celle-ci terminée 4 ans en camps et, après le coup d’état des colonels de 1967 la déportation dans la terrible île de Yaros, puis à Léros. Il y écrivit en une seule journée « Dix-huit chansons de la patrie amère » mises en musique par Théodorakis.
Poète prolifique déjà connu en Grèce, il devient célèbre en France grâce à Aragon, qui en publie des vers dans « Les lettres françaises » en 1947 et qui le dit, en 1971, le « plus grand poète vivant », et mène une croisade pour le faire libérer. Ritsos reçoit en 1972 le Prix International de poésie en Belgique et le prix Lénine en 1977.

La mise en musique de nombre de ses poèmes par Mikis Théodôrakis fait que, comme la plupart des poètes grecs contemporains, sa poésie se répand et est connue et aimée par les Grecs.
Le thrène « Epitaphios », pleurs de la mère sur son fils, tué lors des grèves des ouvriers du tabac en 1936 a marqué bien des gens. Métaxas le fit brûler au pied de l’Acropole d’Athènes…Avec la musique de Théodôrakis, il devint le chant de la gauche grecque après guerre. Ce poète populaire et contemporain exprime aussi l’empreinte profonde, présente jusqu’aujourd’hui, des mythes grecs (ses œuvres comme Oreste, Phèdre, Hélène, Philoctète et d’autres), mais reste moderne par des œuvres brèves, un sens tragique de la vie. Citons "Rômiossini". Une de ses oeuvres majeures.
L’utopie socialo-communiste de sa vie ayant révélé le leurre qu’elle était au-delà du rideau de fer, et les malheurs qu'elle y entretint, s’effondre de son vivant et imprime en lui encore une perception dramatique.
Certains ne lisent pas sa poésie mais s’offusquent de son erreur politique.
La fin de Ritsos, malade,sera, à l’image de sa vie, triste. A 81 ans,
Il laisse une œuvre très abondante et est un des poètes grecs contemporains les plus traduits. Il avait dit :
« La poésie n’a jamais le dernier mot
Le premier, toujours »

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