Vous les grecs vous me décevez

Je vous ai lu(e)s avec intérêt, touchée beaucoup par l'échange entre Hélène, la fill-et-phillélène et Kostas l'Ellas d'advalvas ;-)

Je suis moi aussi en amour pour la Grèce.
N'ayant aucun don pour les langues, j'ai quand même réussi à apprendre le grec moderne en 4 ans au cours du soir de Marie Haps.
Je le perds beaucoup par manque de pratique mais je suis décidée à le revoir sérieusement.
Je vais en Grèce chaque année depuis des années, y vais parfois 2 fois par an, j'y ai passé 5 mois en 2000, et j'ai même songé à y vivre et travailler.
J'ai également ramené de Thira (Santorin), en avion via Budapest, sur mes genoux, dans une cage ad hoc, une adorable petite chatte ("Pomaki" car elle se love dans vos bras comme un petit bouchon pour s'inscruster pour un contact intense et passionné, quasi fusionnel) et ses 3 chatons, qui ont trouvé chacun une famille d'accueil géniale.

Chaque fois que je vais en Grèce, j'en ramène de superbes livres en Grec et je vois mon ami Miltos, la crème de ce que la Grèce peut offrir en terme d'amitié, d'hospitalité et de gentillesse.
J'ai aussi une amie à Thira mais c'est une amitié devenue difficile pour des raisons que je ne désire pas développer.

Je ressens souvent en Grèce une certaine agressivité, due paraît-il "apo to stress". Et aussi, un certain manque de respect, une propension à être très bruyant et à s'énerver et à crier pour un rien, et aussi à se plaindre tout en disant "ti boroume na kanoume" (faut savoir !). Et enfin, à être très préoccupé par l'argent, ce que je comprends néanmoins vu l'enchaînement de la vie là-bas.

Je trouve que les Grecs (je répugne à faire cette généralité, c'est toujours un peu "con") se font beaucoup mousser avec leur stress comme s'ils étaient le seul peuple qui a des difficultés et/ou un passé tragique, même si je comprends bien et compatis aux difficultés actuelles du peuple grec, les dettes qu'il aura à assumer de JO sans doute très réussis mais qui l'auront endetté pour des décennies.

Dans les endroits touristiques, souvent, le touriste est exploité à tel point que celui-ci déserte les lieux petit à petit, écoeuré, parce qu'on ne le reçoit même plus avec le sourire.

Ainsi Thira, que je connais très très bien, est aujourd'hui défigurée par les constructions touristiques, que l'on continue à construire de façon débridée alors que l'offre dépasse de loin la demande !, et polluée par l'exercice indiscipliné de ce tourisme (je pense aux détritus, à l'attitude des locaux avec les touristes).
A noter que les touristes du Nord de l'Europe sont plus attentifs à l'environnement que les Grecs eux-mêmes qui se contentent le plus souvent de jeter leurs saletés un peu plus loin, par la portière de leur voiture ou juste au-delà de leur propriété, dans la rue ou chez le voisin !

J'écrivais récemment à mes amis : Je perçois bien combien cela doit être difficile de vivre pour l'instant en Grèce et même si je charrie à leur propos, j'ai beaucoup de tendresse pour les habitants de ce pays, tu le sais bien, et je ne voudrais jamais qu'ils se sentent humiliès ou subissent d'affront.
...
Je me demande vraiment comment les Grecs se débrouillent, il y a une inflation incroyable et leurs salaires ne suivent pas, je ne comprends vraiment pas, c'est dingue.
Dans le centre d'Athènes ou à l'opposé, dans la "cantina" du bord de plage d'un trou insulaire (en raison du coût de l'acheminement des matières premières et de la difficulté d'autre approvisionnement), le prix des boissons les plus communes atteint ou dépasse les prix parisiens.
Miltos est venu à Paris l'hiver dernier (pour les fêtes, je crois) et nous a dit avoir pris un verre en salle dans un café près du Café de la Coupole pour bien moins cher qu'à Athènes.
Et les J.O. ne vont rien arranger, dans la mesure où il leur faudra les payer pendant des décennies : l'horreur. Or, comme de nombreux Grecs vivent déjà fortement à crédit, je ne sais vraiment pas comment ils vont s'en tirer."

Voilà un petit écho personnel qui, je l'espère, n'aura blessé personne par sa sincérité. Il est plein d'affection pour un pays et des gens que j'apprécie vraiment beaucoup.

Xairo poli Kosta. Merci de ton message. C'est vrai que c'est sur un coup de découragement que j'ai écrit ce message et je suis tout à fait d'accord de le nuancer car je n'aime pas les généralités. Tout est dans la diversité. Et comme tu dis si bien c'est souvent la faute à l'ignorance.

Tout ce que tu dis est tellement juste et vrai. Ca me touche beaucoup et je te remercie d'avoir pris de ton temps pour écrire un aussi long et beau message.

J'ai bien conscience du passé grec empreint de grosses déchirures et c'est vrai que j'ai malheureusement tendance à comparer aux belges qui eux, ont un passé très très différent puisque nous sommes un pays créé de toute pièce, il y a moins de 200 ans. Et les discours extrémistes s'intensifient aussi en Belgique et m'effraient tout autant alors que jusque maintenant j'étais fière justement d'appartenir à un pays dans lequel, malgré 2 communautés très différentes et qui ne s'apprécient pas, on ne s'entretue pas.

Pour une belge comme moi avec un passé culturel très maigre finalement, tu ne peux pas savoir comme les traditions et coutumes grecques sont touchantes et attirantes. Mais d'un autre côté, il ne faut pas que cela reste statique et que ça empêche les gens d'évoluer et j'ai parfois l'impression que s'accrocher trop aux traditions, c'est refuser l'évolution. Quoique... en allant à Athènes, j'ai parfois l'impression que c'est ici en Belgique que nous retardons !!! ... Tout est diversité .... :-)

Voilà, j'aurais encore bien des choses à dire. C'est un sujet qui me tient à coeur. Je te promets de me documenter et de lire un maximum sur l'histoire et la culture grecque ... sur tout ce qui fait l'identité de ce pays et de ses habitants, bien attachants, et pour lesquels l'hospitalité n'est pas un vain mot.

Sto kalo Kosta xarika.

KALIMERA!

Je croyais que les évènements tragiques de 1999 avait réussi à faire se rencontrer, dans de tristes circonstances, ces deux peuples, qu'une véritable SOLIDARITE s'était mise en place, et qu'on s'était rendu compte tout simplement que nous sommes tous des antrhopoi / des êtres humains, que dans la vie nous avons des peines / pikres et des joies / xares, et que nous sommes tous égaux face au malheur!

je suis née en Grèce, j'y ai vécu la moitié de ma vie!je suis Helléno-française et je ne compte pas choisir entre mes parents, je garde ce qu'il y a de mieux des deux côtés, ce qui veut dire qu'il y a à prendre et à laisser, car personne n'est parfait.
mais je connais cette ouverture des Grecs, combien ils peuvent, nous pouvons, ouvrir nos coeurs. Lorsque quelqu'un rencontre un Grec, il est accepté de premier abord, sans a priori, il n'y a pas cette méfiance plutôt "nordique". C'est pour cela que je regrette que dans les discours nous restions cramponner sur nos principes, de généraliser sur les personnes à partir d'a priori politique sans chercher d'abord à connaître la personne, sans comprendre d'abord quelles peuvent être ses peines et ses joies.

kalo kalokairi kai kalous agones, si seulement ces derniers pouvaient rester dans l'esprit olympique. Il paraît qu'à l'époque il y avait la trêve, la guerre s'arrêtait... ça ne ressemble pas à la guerre médiatique et aux profits démésurés que cela rapporte (en Olympie, les gagnants partaient avec leur litre d'huile!...). cela me paraît incroyable!
mais c'est notre monde d'aujourd'hui, et dans ces règles du jeu, nous offrirons de très beaux jeux depuis Athènes.

Geia xara!