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Thanos Mikroutsikos démissionne. "Patras, capitale culturelle de l'Europe" sans directeur artistique

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Par iNFO-GRECE,

Le compositeur, Thanos Mikroutsikos, a démissionné mardi de son poste de directeur artistique de l'organisme "Patras 2006, capitale culturelle de l'Europe", invoquant de nombreux problèmes organisationnels, à une semaine de l'inauguration officielle. Alors que la polémique enfle entre le compositeur et le ministère de la Culture, des grandes incertitudes pèsent sur l'issue de cette manifestation européenne majeure avec seulement 30 contrats sur les 120 prévues qui auraient été signés. Patras verra-t-elle finalement défiler Sting, Carlos Santana, Tracy Chapman et autres têtes d'affiches annoncées ?

Dans une longue lettre adressée au maire de Patras, Andréas Karavolas, M. Mikroutsikos dénonce l'absence de toute organisation dans la préparation de cet événement et reproche au ministère de la Culture de manquer à ses obligations "non seulement parce que l'argent il y en a moins que ce qu'il est nécessaire, mais aussi que son flux n'est ni continu ni arrive à temps".

Le gouvernement a aussitôt répliqué renvoyant M. Mikroutsikos et à ses responsabilités de directeur. Par la voix d'un communiqué mardi le ministère de la Culture commente la démission du directeur artistique de "Patras, capitale culturelle 2006 de l'Europe", s'interrogeant s'il s'agit "d'une manoeuvre politique" ou bien de "la crainte" d'un aveu d'échec du programme qu’il a élaboré.

Selon le communiqué, "ce n'est pas un hasard si la conférence de presse prévue fin novembre a été ajournée, le programme artistique n'étant pas encore prêt", et si après une lettre adressée le 19 décembre par le ministère pour une nouvelle conférence de presse le 3 janvier 2006, devant informer l'opinion publique sur ce dossier, là encore "M. Mikroutsikos a refusé". Et le ministère de s'interroger sur l'opportunité de la date choisie par le directeur artistique pour annoncer sa démission, y voyant même un "raidissement du climat politique".

L'inauguration officielle de "Patras capitale culturelle de l'Europe" est prévue le 13 janvier avec une exposition "Leonardo da Vinci, inventeur et scientifique", un concert de l'Orchestre de Patras avec Gary Burton dirigée par Alexandre Murat et des projections de films de Vittorio de Sica et Luchino Visconti. La programmation continue suit aussitôt après à l'occasion du Carnaval de Patras, l'événement emblématique de la ville depuis un siècle, qui à cette occasion ambitionne de le faire connaître à l'international. Une exposition des caricaturistes politiques du monde entier est prévue ainsi qu'une série de manifestations autour de la musique, du théâtre et de la poésie. Mais c'est pendant la période estivale où la ville – premier port des ferries en provenance d'Italie et première ville du Péloponnèse - reçoit des nombreux touristes, que le programme a prévu les têtes d'affiche : un spectacle multimedia sur Mauro Di Domenico d'Izabela Alliente, un autre de Sakis Papadimitriou, Ian Anderson des mythiques Jethro Tull en concert, concert de Maria Farantouri, Mstislav Rostropovich avec l'orchestre de Lithuanie et des nombreux concerts de jazz.

Le torchon brûlait depuis plusieurs mois entre le directeur artistique du festival et le représentant du ministère Christos Roïlos, par ailleurs conseiller du ministre délégué à la Culture, Petros Tatoulis. M. Mikroutsikos supportait de moins en moins les interventions du "géologue sismologue" du ministère, se référant avec dédain à l'origine professionnelle de M. Roïlos. Pour M. Tatoulis, le directeur artistique de Patras 2006 voulait avoir carte blanche "ce qui n'était pas possible", et le ministre d'invoquer "le respect de l'argent public". "Il ment sans en avoir honte", a répondu Mikroutsikos rappelant d'autres dépenses du ministère où le souci de gestion n'aurait pas été le même. "Rien ne me surprend de la droite et de sa culture", conclue le compositeur.

Détail qui donne tout son sens à cette polémique entre les deux hommes, M. Mikroutsikos fut ministre de la Culture du gouvernement PASOK. Le PASOK a par ailleurs aussitôt opportunément dénoncé "l'occasion historique qui risque d'être perdue", attribuant la responsabilité au Premier ministre et ministre de la Culture en titre, M. Caramanlis, lequel "ne s'est jamais occupé de l'événement culturel de Patras, alors qu'il l'avait lui-même qualifié de plus grand défi après les Jeux Olympiques".

L'organisme "Patras, capitale culturelle 2006 de l'Europe" a désigné provisoirement l'actuel directeur charge du programme culturel, Alexis Alatsis, pour remplacer M. Mikroutsikos, lors de la réunion mercredi du conseil d'administration, en attendant la nomination d'un nouveau directeur de "Patras 2006" lors de sa prochaine réunion.

En commentaire de la démission de M. Mikroutiskos, le conseil d'administration, dans un communiqué publié mercredi, a exprimé ses regrets tout en assurant qu'il maintient "la réalisation de son objectif, qui n'est autre que de réussir avec succès l'organisation de cet important événement européen".

Toutefois la toile de fond avait commencé à se noircir depuis plusieurs mois déjà avec entre autres des conflits entre les intérêts locaux et les parachutages athéniens, les premiers dénonçant les "dépenses démesurées" du staff en place avec des déjeunés de travail à 30.000 euros, des marchés de sous-traitance manquant de transparence et des embauches de cadres proches des collaborateurs du ministères. Ou encore la mise en place du site Internet, facturés 40.000 euros par une agence d'Athènes alors que l'OTE, les Telecoms grecques, offraient une prestation gratuite, et qui –peu l'ont remarqué- fut finalement assemblé sans aucune retouche (et un e-shop toujours pas fonctionnel) avec des logiciels "open source", c'est-à-dire gratuits. Avec 150 millions d'euros prévus pour "Patras 2006, capitale européenne de la Culture", il a de quoi faire des nombreux envieux devant les opportunités... reservées. Avant même que Mikroutsikos et Tatoulis ne se diputent les fauteils à attribuer à leurs camps respectifs, les critiques ont fusé des rangs mêmes de Nea Dimokratia, la section locale du parti gouvernemetal.

Il reste que malgré les assurances du ministre délégué M. Tatoulis que les manifestations programmées vont avoir lieu comme prévu, les agents des artistes dont les contrats ne sont pas encore signés s'inquiètent et menacent, selon le quotidien Ta Nea, de former recours au tribunal européen, voire demander dédommagement au ministère grec.

i-GR/ANA

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