"La petite Frankfurt des Balkans" : la petite phrase de Florence Noiville dans son compte-rendu de la Foire internationale du livre de Thessalonique 2005, publié dans le Monde, n'était pas pour déplaire au ministre délégué à la Culture, Petros Tatoulis, présentant le bilan de cette première édition qui a eu lieu du 29 au 29 mai. "Le titre est un peu exagéré", a dit le ministre avec une modestie de circonstances, "mais cette référence nous accorde un bonus sérieux."
Il n'empêche que le succès est incontestable avec la participation d'une centaine d'éditeurs grecs, des nombreux éditeurs étrangers et une bonne fréquentation du public. Au total 500 professionnels participaient à la Foire du Livre de Thessalonique attirant quelques 25.000 visiteurs dans les allées des stands d'exposition mais aussi dans les 150 manifestations qui avaient lieu en parallèle, avec un succès particulier pour les animations destinées aux plus jeunes (5.000 scolaires ont visité l'exposition).
Le fait caractéristique est que la présence d'éditeurs des pays balkaniques et des pays de l'Europe de l'Est a donnée une couleur particulière à la Foire permettant de découvrir cette autre Europe, faisant de la Foire "une porte pour les Balkans et la Méditerranée de l'Est", selon l'expression du ministre. Etaient ainsi présents des éditeurs de la Serbie, de l'Albanie, de la Slovaquie, de Croatie, de Géorgie, d'Algérie, d'Israël, etc.
Conduite de main de maître par la directrice du Centre national du livre grec (EKEBI), Catherine Velissaris, qui n'a pas ménagé ses efforts dans ses déplacements dans les capitales européennes pour attirer le gratin de l'édition européenne, la Foire n'a pas moins réussi à attirer des éditeurs allemands, français, italiens ou même les britanniques comme Harvil Press à la recherche d'auteurs grecs à traduire. Côté français on pouvait remarquer des représentants de Gallimard, du Seuil, d'Actes Sud et de Flammarion, mais aussi des agents littéraires indépendants venant de Hollande, de Russie, d'Angleterre, et de France.
S'il est encore trop tôt pour évaluer les résultats concrets, les organisateurs grecs estiment qu'une trentaine de rendez-vous professionnels ont été pris et que chaque éditeur étranger est reparti avec 3-4 livres dont il étudiera les possibilités de traduction.
Un succès professionnel et grand public qui vient à point pour rassurer les professionnels, dont nombreux étaient ceux qui redoutaient un échec comme celui de l'année précédente. "Nous espérons un succès encore plus grand en 2006", a dit M. Tatoulis, qui a annoncé que l'EKEBI se met aussi tôt au travail pour la préparation de l'édition 2006 "avec un programme encore plus qualitatif […] qui élargira encore l'horizon international".
Un succès en tout cas qui permettra peut-être à l'EKEBI de retrouver un confort dans ses finances après une dette de 3 millions d'euros cumulée lors des dernières années fastes. Pas moins de 10 millions d'euro avaient été dépensées pour la participation grecque à la Foire de Frankfurt en 2002 ! On comprend que la comparaison du succès grec de Thessalonique à celui de Frankfurt ne soit pas du meilleur souvenir pour les responsables grecs. M. Tatoulis a indiqué que plusieurs dettes de l'EKEBI de 2000 à 2003 ont enfin été honorées et que un nouvel effort conséquent serait consenti le mois prochain.
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