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Papandreou et Cem en messagers de la paix !

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Par iNFO-GRECE,

Les ministres grec et turc des Affaires étrangères, MM Papandreou et Cem ont entrepris aujourd'hui un voyage inédit en Israël espérant arriver jusqu'à la résidence d'Arafat à Ramallah.

Les deux ministres vont oublier pendant quelques heures les problèmes qui les divisent pour apporter un "message symbolique" d'entente aux palestiniens et israéliens. "C'est un couple très intéressant", a déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères M. Shimon Peres.

En dehors de la réception probable par Shimon Peres, Papandreou et Cem nourrissent l'ambition de rencontrer Yasser Arafat et le Premier ministre israélien Ariel Sharon. L'arrivée simultanée du chef de la diplomatie européenne pourrait donner une opportunité de se glisser derrière lui. Mais personne ni en Grèce ni en Turquie ne croit que cette visite pourra contribuer à quoi que ce soit de substantiel dans le règlement de la situation au Proche Orient. D'autant que le crédit du socialiste Giorgos Papandreou auprès de la droite israélienne au pouvoir est somme toute limité. Le Pasok (parti socialiste grec) n'a jamais caché sa sympathie pour le mouvement de Yasser Arafat.

Les deux ministres se sont emballés par les effets médiatiques escomptés de cette idée, puis devant les réticences de la classe politique et les réserves des experts, il était trop tard pour faire machine arrière et de renoncer. M. Papandreou et Cem ont alors insisté sur le caractère symbolique de cette visite, des explications qui n'arrivent pas à enlever le doute de récupération opportuniste sur le dos du drame qui se joue au Proche Orient.

Malgré leur amitié personnelle qui contribue à contenir le climat d'hostilité entre les deux pays, les deux ministres apparaissent faiblement armés à se poser comme exemple auprès des palestiniens et des israéliens, tant les progrès palpables sur les relations entre la Grèce et la Turquie sont inexistants. Ni le problème du plateau pétrolifère de la mer Egée, ni la contestation turque de la délimitation des eaux territoriales grecques, ni la situation à Chypre n'ont été réglées. Mardi dernier le chef turco-chypriote Raouf Denktash rappelait qu'il annexerait le Nord de Chypre en cas d'adhésion de l'île avant qu'une solution soit trouvée à la division de l'île ? Qu'en pense l'ami de M. Papandreou de ces déclarations qui viennent s'ajouter aux menaces de casus belli déjà proférées par le Premier ministre turque ?

Ce voyage laisse une impression d'improvisation et, plus tragiquement, de légèreté dans l'évaluation de la gravité d'une situation où l'heure n'est plus à la mise en scène de symboliques naïves. M. Papandreou a pris cette initiative indépendamment des ses pairs de l'Union européenne, dont le chef de la diplomatie Javier Solana se trouve également aujourd'hui en Israël. Il essaiera aussi de rencontrer Arafat, demande qui lui avait été refusée une première fois (avant la rencontre de l'émissaire américain

Que la Turquie trouve son compte dans une telle initiative pour dissiper sa réputation d'intransigeance dans la gestion de ses relations avec les voisins de la région, c'est une chose ; côté grec, quelle image laisse-t-on à 8 mois de la Présidence grecque de l'Union européenne ? L'Union européenne, qui a déjà du mal à se trouver un registre lisible dans sa politique extérieure, se satisfera-t-elle de l'art des opérations symboliques de M. Papandreou pour s'imposer comme un acteur majeur de la diplomatie internationale ?

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