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La dissolution d'un 'peuple' qui se voulait macédonien

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Par iNFO-GRECE,

Il y avait des peuples a-patrides et, maintenant, des en-patrides (qui ont une terre-patrie) mais qui ne forment pas pour autant "un" peuple. C'est ce paradoxe qui est en train de se produire dans l'Ancienne République Yougoslave de Macédoine (ARYM) après le vote par le Parlement de ce pays d'une résolution prévoyant le changement de la référence constitutionnelle au "peuple macédonien".

Cette modification était prévue par les accords d'Ochride -obtenus, en août dernier, grâce aux pressions internationales- pour l'arrêt des affrontements entre communautés albanaise et slave dans l'ARYM. Réuni hier, le Parlement a approuvé la proposition avec 62 députés votant pour et 39 contre. Ce vote n'est pas définitif, car il doit être validé par un deuxième vote, cette fois, nominatif. Ensuite, les députés devront choisir parmi une quinzaine de propositions déposées en remplacement de la mention au "peuple macédonien".

Sans préjuger du résultat définitif - les partis nationalistes du VMRO ont déjà contesté la validité du vote - cela marque bien le début de la fin d'un mythe, celui de la descendance des habitants de cette région d'Alexandre le Grand et d'héritiers de son royaume.

Si cette évolution est surtout dictée par le besoin des gouvernants de l'ARYM d'éloigner la pression militaire des maquisards de l'UCK en accordant une reconnaissance constitutionnelle à la minorité albanaise, un tel changement est incontestablement de nature à rapprocher aussi Skopje d'Athènes dans le règlement du différent autour du nom de cette république.

Cependant, le problème demeure entier, car ce mythe était le mythe constitutionnel de ce pays, le subterfuge par lequel un préfet de région qui n'avait droit qu'à un billet de train pour se rendre à Bruxelles, devient chef d'Etat avec aller-retour en avion personnel pour les grandes capitales internationales et siège tout neuf à l'ONU. La dissolution de l'ex-Yougoslavie peut se comprendre aussi par cette voie.

Comment maintenant les militants de ce "peuple" qui ont cru un moment à la grandeur de leur mythe pourront-t-ils maintenant s'inventer une autre histoire, véritablement plus ordinaire et surtout multiple ? Comment aussi le peuple adhérera à une histoire qui ne garantit pas son unité ? Mais déjà, où enraciner cette histoire ? Voilà quelques questions que les stratèges de la région ne pourront pas faire l'économie, si tant est que le cessez-le-feu précaire devrait se transformer en paix durable.

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