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L'Eglise de Grèce et la gestion stratégique de l'information.

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Par iNFO-GRECE,

Le Saint Synode de l'Eglise de Grèce a annoncé qu'il remettait pour plus tard la publication du nombre de signatures récoltées pour demander un référendum pour l'inscription facultative de l'appartenance religieuse sur les cartes d'identité. Selon l'archevêque d'Athènes, Mgr Christodoulos, le contexte politique ne se prêterait pas et cette information pourrait être utilisée par les différents partis politiques pour des buts étrangers à ceux visés par l'Eglise. Donc… motus closus.


L'opération avait été lancée en juin, l'année dernière, après que le gouvernement, profitant de la mise en conformité des cartes d'identité nationales, ai voulu porter un coup au pouvoir de l'Eglise. Dans un pays à 98% orthodoxe, la disparition de la mention d'appartenance religieuse paraissait comme une provocation, d'autant plus que la vérification de l'appartenance religieuse était utilisée pour neutraliser les membres de la communauté musulmane manipulés par la Turquie et les témoins de Jéhovah opposés au port d'armes en les excluant de certains services publics considérés comme sensibles. Mais l'origine de cette pratique mise en place par le général, et néanmoins dictateur, Metaxas en 1940 et les abus sous la dictature des colonels pour trier les ultranationalistes du reste, en ont eu raison de ce dispositif.

Lorsque au printemps 2000 le gouvernement socialiste de Costas Simitis a promulgué la loi sur les nouvelles cartes d'identité, L'Eglise orthodoxe a tout de suite vu un pas vers la séparation de l'Etat et de l'Eglise. Malgré le succès de ses mobilisations, elle n'a pas réussi à bloquer le vote de la loi et elle s'est engagée à demander un référendum pour l'inscription facultative de l'appartenance religieuse sur les nouvelles cartes d'identité.

Plusieurs millions de signatures auraient été récoltées qui pourraient suffire à déclencher la procédure référendaire, mais la mention de l'appartenance religieuse sur les cartes d'identité, outre son impossibilité constitutionnelle, dépourvue de tout sens pratique et opératoire, risque bien de se révéler à double tranchant et, dans un appareil administratif, plutôt bien contrôlé par les militants du parti socialiste, à stigmatiser politiquement les fidèles de l'Eglise.

L'intransigeance de l'Eglise de Grèce et sa difficulté de dégager une vision de son rôle dans l'avenir du pays ont fait le reste. Le référendum qu'elle demande risque fort de se renfermer tel un piège sur elle-même. L'opération risquerait de se transformer en camouflet pour les hiérarques orthodoxes. Si les grecs, sur l'emportement sentimental, ont signé massivement la pétition de l'Eglise, il n'est pas certain qu'en cas de victoire au référendum, ils se ruent dans les commissariats de police pour faire ajouter leur appartenance religieuse sur leurs cartes d'identité.

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