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Il y a 100 ans, le Traité de Lausanne instaurait une Turquie nouvelle

Publié dans Le Temps le

OPINION. Les Arméniens et les Kurdes sont les grands perdants du Traité de Lausanne, qui a fait de la Nouvelle Turquie un Etat neuf, souverain dans ses frontières. Contexte et coulisses avec l'historien Antoine Fleury, professeur émérite de l'Université de Genève

Le nom de Lausanne résonne dans les mémoires des peuples du Moyen-Orient de façon très contrastée. Pour les Turcs, le traité signé à Lausanne le 24 juillet 1923 sert de référence à l'existence d'une Turquie Nouvelle, victorieuse et souveraine d'un espace qui constitue aujourd'hui encore la République turque; sa formation et ses frontières ont été négociées à Lausanne, il y a un siècle. Depuis lors, son territoire a été stable, à part l'acquisition du sandjak d'Alexandrette (Iskenderun), cédé par la France en 1939, prélevé du territoire de la Syrie, sur laquelle elle exerçait un mandat de la Société des Nations depuis 1920.

Pour les populations non turques de l'ancien Empire ottoman, Lausanne évoque au contraire la fin de rêves d'émancipation et de création d'Etats nationaux qui paraissaient prendre forme dans le contexte du premier conflit mondial. S'étant engagé aux côtés de l'Allemagne, l'Empire ottoman a été entraîné dans une défaite humiliante. Les interventions des puissances de l'Entente, et surtout de la Grande…

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