Mytilène le dimanche matin est étrangement calme. À peine quelques cafés ouverts, sur le port. La rue Ermou, artère commerçante qui fend le centre de la capitale de Lesbos, semble endormie. Mais derrière un porche, une courette mène à l'église catholique romaine Notre-Dame-de-l'Assomption, dont les bancs sont remplis. La messe touche à sa fin, la chorale guide des fidèles dans un chant à Marie : « Chercher avec toi dans nos vies. » Il y a des « ou » à la place des « u », des « e » ouverts, qui trahissent un français d'ailleurs, des silences chez les anglophones. Surtout, il y a des visages sereins, même souriants.
Une parenthèse dans l'enfer : l'assemblée est presque intégralement africaine, venue du camp de réfugiés de Moria. « Qui est du Congo ? Qui est du Cameroun ? » demande le père Maurice Joyeux. Des mains se lèvent. Il explique, en français puis en anglais : « J'appartiens au Jesuit Refugee Service, nous sommes présents dans 56 pays, avec une équipe centrale à Rome, et nous avons une voix à l'ONU. La situation en ce moment à Lesbos est difficile. Il faut être prudent, il y a des milices extrémistes qui ont des intentions très mauvaises contre les ONG, ceux qui...