Dans le bras de fer qui se joue en ce moment entre Athènes et ses créanciers, un des nerfs de la guerre est la communication. Chacun regarde en effet par-dessus l'épaule de l'autre sa propre opinion publique. Et on le sait : le secret moderne d'une bonne communication, c'est le storytelling, la capacité à raconter une belle histoire que l'on peut croire. Voici quelques siècles, on appelait cela un mythe ou un conte.
Le storytelling des créanciers
Les créanciers de la Grèce avaient, on s'en souvient, bâti en 2010, un storytelling qui fit florès jusqu'à ces dernières semaines, celui du Grec dépensier et paresseux « vivant au-dessus de ses moyens » et qu'il fallait faire entrer dans le bon chemin par une bonne cure d'amaigrissement. Depuis, l'histoire a un peu changé. Il s'agit de montrer que la dégradation de la situation en Grèce s'explique par le comportement inconséquent du nouveau gouvernement hellénique. Alexis Tsipras et son équipe est donc le responsable de son propre malheur. Ce storytelling est essentiel, car il permet de tirer ces conséquences simples : que Tsipras cesse d'être Tsipras et tout rentrera dans l'ordre. Qu'il écoute donc...