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les jeux sont fait

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Fin de présidence néerlandaise de l'Union européenne, le premier ministre batave Jan Peter Balkenende termine -aujourd'hui à Paris- sa tournée des capitales pour d'ultimes ajustements avant le sommet européen de jeudi et vendredi prochains. Les dirigeants européens vont décider de l'ouverture des négociations d'adhésion avec la Croatie et la Turquie et clorent celles concernant la Roumanie et la Bulgarie qui vont intégrer -en principe- le 1er juin 2007 une Union européenne qui comptera désormais vingt-sept Etats-membres. Mais en attendant, la grande affaire de cette fin de semaine, c'est bien-sûr, l'ouverture des négociations avec la Turquie. Si le principe est -d'ores et déjà- acquis deux questions achoppent toujours.

La première, c'est la date de l'ouverture des négociations. Ankara exige que celles-ci débutent dès janvier 2005, tandis que nombre d'Etats-membres souhaitent retarder l'échéance pour éviter une collision avec les différents référendums nationaux de ratification de la constitution européenne. Le risque est grand, en effet, de voir des opinions publiques -généralement opposées à l'adhésion de la Turquie- rejeter aussi le traité constitutionnel. La deuxième difficulté est d'indiquer que l'ouverture de négociations d'adhésion ne garantit pas fatalement un résultat positif. Il s'agit de ménager les possibles en précisant bien que l'aboutissement peut être autre chose qu'une adhésion pleine et entière, voire un partenariat privilégié comme le propose la CDU allemande.

Mais «au-delà de ces habillages pour les opinions publiques à qui ont ne veut pas dire ouvertement, qu'en réalité la Turquie sera membre à part entière d'ici cinq ans», estime un diplomate européen au coeur du processus, «le plus choquant», ajoute-t-il, «c'est qu'on s'apprête à sacrifier Chypre sur l'autel de l'élargissement». Membre de l'Union européenne depuis le 1er mai dernier, Chypre n'est toujours pas reconnu par Ankara, les deux Etats n'entrenant aucune relation diplomatique. Avec une arrogance certaine, le chef du gouvernement turc a exclu toute reconnaissance formelle de la République de Chypre avant le sommet européen de vendredi, «les Chypriotes grecs ne le méritent pas», vient de lancer monsieur Erdogan, les accusant d'avoir repoussé le plan de paix de Kofi Annan.

Les Chypriotes grecs ont -en effet- refusé ce plan en novembre 2002, esseniellement parce que celui-ci prévoyait à la fois le maintien de l'armée turque au nord de l'île et le droit pour Ankara d'intervenir militairement de façon permanente sur l'ensemble du territoire. Pourtant depuis l'invasion turque de l'île en 1974, des dizaines de résolutions de l'ONU demandent le retrait d'Ankara et un arrêt de la colonisation turque du nord de Chypre. Une éventualité d'adhésion de la Turquie qui ne prendrait pas en compte ces résolutions se ferait au mépris du droit international, selon l'intangible constat que le rapport de force prévaut toujours sur les grands principes.

Richard Labévière
Article publié le 13/12/2004
Dernière mise à jour le 13/12/2004 à 08:09 (heure de Paris)

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