Léthé, photographies de Christos Chryssopoulos

Quelles sont ces ombres ? D’où viennent-elles ? Où vont-elles de cet air décidé ? Ont-elles vécu à notre époque, les a-t-on rencontrées lors d’une conférence, d’une lecture ou d’une fête ?

Ont-elles aimé, ri, pleuré ? Ont-elles couru comme des enfants, marché comme des personnes fatiguées qui suivent leur vie sans savoir quand elle finit ? Ont-elles rêvé, crié ? Se sont-elles révoltées contre l’oubli, le Léthé, la destination inévitable de chaque être ?

Ces ombres sont celles des statues grecques classiques photographiées par Christos Chryssopoulos durant une matinée au Musée archéologique national d'Athènes. Une même lumière est jetée sur chaque figure tandis que son apparition prend vie sur le mur.

La forme du corps humain, la «vie secrète» de ces morceaux de marbre personnifiés, les corps démembrés des sculptures, le silence étrange des mythes, les histoires qui forment la conscience collective de l'Europe, l'existence fragile de l'art ancien à notre époque, les traces de la mémoire, de l'histoire et de la chair…  L’artiste, nous propose une réflexion étonnante, hors des sentiers battus, sur notre passé, sur le rapport avec cette page d’histoire qu’on appelle Antiquité et sur son utilisation pour écrire l’histoire contemporaine.

Pour la Villa Kerylos, Christos Chryssopoulos, romancier, essayiste et photographe, instaure un dialogue entre les copies des statues gréco-romaines, figées dans la galerie des Antiques, gardiennes d’un passé et d’une identité et  leurs ombres libres et légères, et pourtant présentes.